Chapitre 21 : Phoenix

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     Ronald est avachi sur son lit avec une grosse couverture rabattue sur lui quand je quitte son chalet. J'ai pris soin de le coucher sur le côté au cas où il vomirait dans son sommeil. Je ne voudrais pas qu'il s'étouffe et avoir sa mort sur la conscience. Ses ronflements résonnent depuis le fond de la cabane lorsque je ferme la moustiquaire derrière moi.

     Les paroles incompréhensibles qu'il a débitées quand je l'ai raccompagné persistent dans ma tête tandis que je traverse le jardin en friche. Il m'a parlé de sa femme, de Sutherland, de Jerry, et même de Benji... Je me demande ce qu'il cherchait à me raconter. Car même si un ivrogne ne semble pas cohérent, ses idées sont simplement emmêlées, et sa langue n'est pas assez rapide pour réussir à les formuler.

     Habitant à l'orée des bois, la cabane de Murphy est entourée d'un néant d'obscurité. On ne voit pas les lumières de la ville ni du lotissement le plus proche malgré les arbres qui ont perdu leurs feuilles. Je me sers du flash de mon téléphone pour me guider sur le sentier. Mes pas surprennent un chevreuil qui se carapate aussitôt en bondissant. J'éclaire sa trajectoire, mais il a déjà disparu. Je me retourne pour jeter un dernier coup d'œil vers le chalet avant de redescendre vers Rockbury.

     Murphy n'habite pas très loin de chez moi. Quand j'arrive après dix minutes de marche rapide, je repère ma chambre allumée depuis l'extérieur. Benji n'a pas traîné. Je me débarrasse de mes chaussures ainsi que de ma doudoune au rez-de-chaussée avant de monter le rejoindre.

     Tout est calme, je pourrais croire que je suis seul s'il n'y avait pas la lumière au bout du couloir. Quand j'entre dans la pièce, elle est vide. C'est finalement un bruit dans la salle de bain qui m'informe que Benji est parti prendre une douche. Je profite de son absence pour retirer mon pull qui sent le résultat d'une soirée. Un mélange de transpiration, de déodorant et de parfums étrangers ramassés à travers toutes les accolades échangées.

     Benji finit par sortir de la salle de bain, uniquement vêtu d'un boxer. Il pose ses fringues sur une commode avant de s'avancer vers moi. Il ne me laisse pas le temps d'en placer une et me réduit au silence en m'embrassant avec passion. L'envie que j'ai couvée toute la soirée éclot. Je pose mes mains sur son corps et le caresse tout en goûtant à ses lèvres impatientes.

     Sa peau est étonnamment froide et ferme après sa douche. Je dévale son dos et m'attarde sur la courbe de ses reins. Je l'attire contre moi dans un froissement de vêtements et il faufile ses doigts entre nos bassins pour ouvrir mon jean. Ma braguette se baisse en un zip, libérant ma trique.

     — T'as envie de moi ? murmure-t-il en frottant mon sexe.

     Une vague ardente me submerge de la tête aux pieds. Je brise notre baiser humide pour le dévisager.

     — Tu me poses vraiment la question ? je rétorque avant de l'embrasser chaudement. J'en crève d'envie.

     — Mais à ma manière.

     — Tu te sens prêt à me la dévoiler ?

     Sa main ressort de mon jean. Il se baisse et descend mon pantalon d'un geste vif. Son passage rapide me brûle la peau. Benji se redresse en m'adressant un regard noir de désir que je ne lui connaissais pas. Avec un sourire provocant, il fuit ma première tentative alors que j'essaie de récupérer sa bouche. Il agrippe mes cheveux, fort, sacrément fort, et me mord la lèvre.

     — J'en ai besoin, dit-il en me lâchant.

     Je le fais reculer jusqu'au lit où il s'allonge. Je retire mon tee-shirt que je balance derrière moi et me penche vers lui. Benji me récupère d'un mouvement brusque. Son poing se referme sur mes mèches auburn, tirant dessus dans un geste de soumission. Je plaque mes mains sur son torse que je me mets à câliner, mais il renverse soudain la situation.

ROCKBURY - Le poids de nos secretsWhere stories live. Discover now