CLXVII. We'll do it

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J'entraîne Kelly dans le bureau du lieutenant des secours en fermant la porte derrière moi.

- Tu sais, après hier soir, le chef a eu quelques appels à propos de nous...

- C'est si affreux?

- Ils ont peur que je sois privilégiée. Pas seulement maintenant mais depuis toujours.

- Mais c'est quoi ces conneries? Ils ne voient pas que tu mérites tout ce qu'il t'arrive? Pourtant, c'est compliqué de ne pas voir à quel point tu risques ta vie à chaque intervention.

- Ils se méfient, c'est tout. Ils ne veulent pas être impliqué dans un scandale. Tu imagines? La super pompière de Chicago n'est pas arrivée là que grâce à ses prouesses sur le terrain.

- Pourquoi est-ce qu'ils ne les laissent pas parler? Attends, ils ne peuvent pas te punir pour être douée et belle! Et moi alors? J'ai autant gagner grâce à mes relations que grâce à mon travail.

- Oui mais tu es un homme. Donc ils se méfient moins.

- Et donc quoi? Ils vont t'obliger à rester un simple pompier pour toute ta vie, tu es condamnée à ça?

- Si c'est ce qu'ils veulent, ils ne me connaissent pas bien. Il faut juste qu'on reste aussi discret que possible.

- Donc je ne t'embrasse pas devant ta horde de paparazzis?

- En plus d'être beau, il n'est pas complètement con!

- Tu vas voir, toi. Menace-t-il.

- Ah oui? Montre moi ce que tu vaux. Souris je en me mordillant les lèvres.

Quand nous retournons dans la salle commune, je croise le sourire de Gabby. Je lui réponds en lui envoyant un baiser et un clin d'œil. Elle rit en levant les yeux au ciel et notre fille rampe jusqu'à nos pieds à toute vitesse. Je la prends avant de la passer dans les bras de Kelly en sentant son odeur.

- Elle a vraiment envie d'être avec son papa. Souris je en lui tapant l'épaule.

- Alors toi...

Je lui lance un sourire auquel il répond en levant les yeux au ciel. Une fois chez nous, nous regardons le match de hockey. Il va coucher Leslie et, quand le match est fini, nous allons dans notre lit. Je m'allonge sur son torse et nous nous taisons. Ses doigts caressent mes cheveux et des larmes coulent de mes yeux.

- Viens. M'ordonne-t-il en se levant.

Il me traîne dans le salon, allume la télé et une vidéo apparaît. Lui. Puis il s'empare de la caméra et une jolie blonde apparaît, que je reconnais après vu tant de photos d'elle comme étant Shay.

- Elle était ma meilleure amie. Chaque fois que je ne me sens pas bien, j'ai besoin de lui en parler. Donc je regarde ce film. Et à chaque fois je me rappelle qu'elle n'est plus là.

- Mais moi je suis là maintenant. Tu sais, avant que j'arrive à la caserne, j'avais croisé l'ambulance. Et mon premier souvenir de la caserne, c'est son nom écrit sur l'ambulance. Elle continue de vivre. Elle continue de vivre grâce à vous. J'ai pu la connaître grâce à vous tous.

- Toi, tu la connais. Mais moi, je ne connais pas ceux que tu as perdu.

- Parce que je ne les connais pas moi-même. Eux, ils sont morts. Tu sais, dans l'Egypte antique, on disait qu'on mourrait deux fois. Quand notre corps mourait et quand on arrêtait de parler de nous. Leslie, elle est toujours vivante. Mais mon grand-père, ça fait longtemps qu'il est mort. Je n'ai jamais eu de souvenir de lui. Il a été effacé de ma mémoire. Ma grand-mère, personne n'en parle. Ma sœur... C'est comme si elle avait reçu plusieurs balles. Elle est morte, personne n'en a plus parlé. Oh, si! Mon père, pour m'accuser de son suicide!

- J'imagine qu'on ne peut pas avoir de famille normale. Une famille bienveillante, coopérative, aimante.

- C'est ce que j'ai toujours rêvé d'avoir. Depuis que je suis toute petite, je rêve d'une famille unie. J'ai raté pleins de choses dans ma vie. Mais celle-là, je me tuerais si je la rate.

- On va réussir. Je te le jure. Parce qu'on s'aime et qu'on l'aime. Et puis, on a une autre famille, qui est toujours là pour nous. On va le faire, d'accord?

Il prend mon visage dans ses mains et je hoche la tête. Avec un baiser, il me prend dans ses bras et me jette sur notre lit en riant. Il s'allonge à côté de moi et je m'allonge au dessus de lui puis l'embrasse encore et encore. Il essaye de se redresser mais je le plaque au lit. Puis mes baisers descendent dans son cou puis sur son épaule et s'arrête. Je pose ma tête sur son torse puis remonte ma jambe contre ses cuisses.

- Il n'y aura bientôt plus de sang dans ton cerveau. Souris je avec un petit baiser contre sa poitrine.

- Qu'est-ce que tu fais ça bien...

- De quoi est-ce que tu parles?

- Ton petit jeu. Il marche bien.

- J'aime beaucoup les jeux.

- Tu es surtout insupportable.

- Question de point de vue.

- Viens par là. Souffle-t-il en attrapant ma taille.

Il attrape mes lèvres en enlaçant mon dos. Je me détache de lui et m'endort contre son torse. Je suis réveillée par les pleurs de ma fille et, après l'avoir nourri, je mets de la musique. Et pendant qu'elle est sagement assise sur le canapé en me regardant, je danse comme une folle.

- Ça plane pour moi, moi, moi, moi, ou-ou-ouh ouh, ça plane pour moi. Hurlé je en même temps que Plastic Bertrand.

Elle éclate de rire et je continue de bouger dans tous les sens en me tournant vers Kelly, lui aussi riant.

- Mais qu'est-ce que c'est que tout ce cirque? Souffle-t-il avec un baiser et un sourire.

Il dépose un baiser sur le front de notre fille avant de prendre un café. Je m'assoie à côté d'elle et elle se tourne vers moi. Elle pose ses petites mains sur mes cuisses et arrive à se mettre debout avant de retomber immédiatement. Avec un sourire, je l'embrasse et l'aide à se relever et à rester debout. Elle se laisse tomber sur moi en riant et je grimace avant qu'elle ne se roule d'un côté à l'autre. Je la pose à terre et elle s'enfuit. Devant le miroir de notre chambre, elle reste assise. Quand elle m'y voit, elle montre mon reflet du doigt en se tournant vers moi pour me sourire. Et elle parle avant de se retourner vers son propre reflet.

- Ne me dit pas qu'elle aussi, elle va passer des heures devant ce miroir. Souffle Kelly dans mon cou.

- Comme toi, tu veux dire?

Il sourit en embrassant ma joue puis en l'attrapant.

•••

Aujourd'hui, je n'ai pas cours! Enfin, si, une heure mais, toute la matinée, je suis en sortie. Et ça fait plusieurs semaines que je n'ai pas vu ma prof d'anglais et je me porte pour le mieux.

L'amour du feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant