CXXXVI. Oh, gosh, I love him

259 9 1
                                    

À la fin de notre garde, une fois n'est pas coutume, c'est moi qui ne rentre pas chez nous.

- Mais j'ai des choses à faire! Hurle Kelly alors que je suis déjà à moitié dans la voiture.

- Démerde toi!

En claquant la portière, je souris à la conductrice. Quelques secondes plus tard, je reçois un message du lieutenant auquel je ne prends pas la peine de répondre. Pourquoi est-ce qu'il devrait savoir ce que je fais alors qu'il ne me le dit jamais? Après avoir passé la journée à l'habiller et la maquiller, j'emmène la belle poupée dans une boîte de nuit. Où nous retrouvons à peu près toutes les femmes des casernes, hôpitaux et districts alentours. À peu près parce que certaines étaient de garde. Puis, dans notre dos, une jolie blonde arrive.

- Tu ne penses quand même pas que je t'avais oublié? Bitch, please!

Et la chanteuse entoure la stagiaire de la caserne de ses bras.

PDV: Carla Durst

Sous mes yeux, mes amies enchaînent les verres et elles insistent pour que je les rejoigne. Les quatre françaises ont une descente exceptionnelle, peut-être que c'est seulement de l'inconscience, et sont celles devant lesquelles les verres vides s'alignent le plus vite. Je finis par me laisser convaincre et, alors que les deux militaires n'ont même pas l'air d'avoir bu un seul verre, je ne tiens plus sur mes pieds. Je ne sais même pas comment j'arrive chez moi mais je suis sûre que j'y arrive. Après avoir, durant de longues heures, refuser les avances des hommes avec qui mes amies jouaient, je retrouve les bras de Peter. Il caresse mes cheveux en parlant à voix basse alors que les effets de l'alcool se font sentir. Je ne contrôle plus mes gestes et ai la motricité d'une enfant de 2 ans mais ses bras m'entourent et m'apaisent.

- Tu ne te rappeleras sûrement de rien de tout ça demain mais je t'aime, tu es la femme de ma vie, je veux juste ne jamais te quitter et toujours t'avoir à mes côtés.

Je l'écoute attentivement en priant pour ne rien oublier. À mon réveil, il a été remplacé par un mal de crâne. Il réapparaît avec tout un petit-déjeuner sur un plateau qu'il pose sur le lit avant de m'embrasser le front.

- Tu sais que tu es parfait? Soufflé je.

Il ne me répond que par un autre baiser, cette fois-ci sur mes lèvres. Dans mon café, il a dessiné un cœur. Et je sens mon cœur, le vrai cette fois, battre à toute allure dans ma poitrine.

- Tu vas bien? Demande-t-il en caressant mon visage.

- Juste un peu mal à la tête, ça passera.

Avec un sourire pour le rassurer, je me lève et mon mal de tête devient encore plus important. J'essaie de le lui cacher mais il plante ses yeux dans les miens et ne dit pas un seul mot.

- Tu peux me le dire, quand tu as mal.

Je lui souris encore une fois en lui promettant que je peux supporter ce petit mal. Je conduis jusqu'à la caserne où nous sommes accueillis par des grands sourires et des gueules de bois.

- Tu sais, tu peux enlever tes lunettes maintenant. Souris je à Stella.

- Il y a du soleil aujourd'hui, tu ne trouves pas?

Sa remarque fait sourire chacun mais il manque toujours quelqu'un.

- Elle n'est pas rentrée?

- Devine. Mais c'est quoi son problème?

À l'exclamation du lieutenant, je manque de m'étouffer avec mon café.

- Quoi? Qu'est-ce qu'il y a? Non, vas-y, dis moi, j'en ai marre de ne rien savoir.

- Tu n'es pas vraiment le mieux placé pour ce genre de réflexion. Ça fait des semaines qu'elle se demande où tu es alors pour une fois...

- C'est sa revanche?

Je hausse les épaules en la voyant arriver. Quand Kelly se précipite pour lui poser des questions, je peux la voir lever les yeux au ciel à travers ses lunettes de soleil. Il n'insiste pas plus et, dès qu'elle est prête, elle nous rejoint autour de notre table habituelle. Peter nous sert des cafés et me dépose un baiser sur la tempe en même temps qu'une assiette de cookies sur la table.

- Oh mon dieu, qu'est-ce que je l'aime! M'exclamé je.

Le regard de Camille se pose sur moi.

- C'est la première fois que je t'entends dire ça. Sourit elle doucement.

- Et bien, j'imagine que c'est vrai.

Après avoir dit ces quelques mots, je me tourne vers celui dont on parle. Il a une tasse de café en main et a son regard planté sur moi, comme s'il était une image fixe. Je vois ses lèvres murmurer des mots inaudibles et Camille doit me tirer par le bras pour me faire aller en intervention.

- Tu es encore plus rouge qu'une tomate. Me glisse-t-elle à l'oreille.

Je pose instinctivement mes mains sur mes joues et elle me regarde avec douceur. Je détache mon bras de sa main et nous nous installons dans le camion. À notre retour, je découvre un appel manqué. Après avoir rappelé celui dont vient l'appel, je reste quelques secondes seule. Une main se pose dans mon dos et je sursaute.

- Qu'est-ce qu'il se passe? Demande-t-il. En un an et demi, je ne t'ai jamais vu prier ici. Chez nous, oui, mais jamais ici.

- J'ai juste.... Je viens d'apprendre... Le procureur vient de me dire que le procès de Sam commencera dans un peu plus d'une semaine. Ça fait 1 an et demi, j'aimerais tellement pouvoir enfin tout oublié mais je vais devoir le voir encore.

- Il ne peut plus rien te faire, il ne peut plus t'approcher. Tu es assez forte pour lui résister, je le sais.

- Ça fait 1 an et demi mais j'ai encore des cicatrices de ses coups! J'avais 16 ans quand il a commencé à me frapper, il m'a brisée!

- Tu sais ce dont je suis le plus fier de ce que tu as réussi à accomplir depuis que je te connais? C'est comment tu as réussi à te reconstruire, comment tu as réussi à refaire confiance. Réussir à aimer.

Je remonte mes yeux vers lui et, doucement, tendrement, il me prend dans ses bras avant de m'embrasser avec la même tendresse.

- Tu sais, moi aussi je veux passer ma vie avec toi. Soufflé je.

Son regard s'accroche au mien avec un grand sourire et quand il m'embrasse à nouveau, je suis allongée au dessus de lui sur mon lit.

•••

Mon oral? Mais bien sûr qu'il s'est bien passé... Au moins, je n'ai pas changé de langue au milieu, je n'ai parlé que français cette fois. Et puis, c'est quoi cette connerie de déplacer le brevet? Déjà qu'on est presque les derniers à être en vacances mais il va pas faire beaucoup plus frais en juillet! Et puis, si on change pour nous, pourquoi pas pour les autres? Et comme dirait ma prof d'histoire, merci Blanquer!

Sinon, ça va, vous?

L'amour du feuDonde viven las historias. Descúbrelo ahora