La pire des connasses ( TERMINÉ )

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Je sors lentement du vestiaire, profitant de chaque pas qui dénoue les muscles de mes jambes. La nuit est déjà tombée et il est difficile d'y voir grand chose à l'extérieur du gymnase, mais je saurais me débrouiller avec le peu de luminosité que m'offrent les timides lampadaires du stade de foot. Des milliers d'étoiles brillent au dessus de ma tête, une magnifique toile en cette belle soirée. Quelques instants, j'oublie Lucky qui doit sûrement commencer à essayer de sortir par lui-même de la cabine, il n'a jamais été très patient. Je ne résiste pas à l'emprise qu'à la nuit sur moi, ce moment où mes yeux restent suspendus aux étoiles.

Le bruit de mes pieds dans le gravier se perd dans celui de la musique, celle qui hurle à l'intérieur. Même dehors, elle atteint facilement mes oreilles et impossible de l'oublier. Quoiqu'il en soit, mon but premier n'était pas de passer une nuit à la belle étoile mais plutôt d'apporter mon aide à Lucky.

Mais rien ne se passe jamais comme on le voudrait, maheureusement. Sur un des bancs, dont on distingue à peine les formes, est assi un homme qui tient sa tête entre ses mains, les coudes sur ses cuisses. Je reste quelques secondes silenceuse, hésitant entre passer mon chemin où essayer de lui parler. La musique vient, une nouvelle fois, perturber mes pensées tant elle résonne à l'intérieur. Pourtant, mes yeux envoit l'information à mon cerveau et rapidement j'identifie celui qui reste silencieux alors que je me tiens debout devant lui depuis une bonne minute.

- Hm.. Pourquoi tu restes ici? Tu as tout à fait le droit, mais... Il fait froid, et   y'a pas grand monde dehors...

Il lève à peine les yeux, sûrement ma voix a t-elle sous-entendu mon identité. Encore pire, je me demande pourquoi j'ai abordé une conversation après mon sketch de tout à l'heure. Il doit sûrement me maudir, réellement. Et je le comprendrais entièrement, rien de ce que je pourrais dire n'arrangerait tout ce que je lui ai fait. J'ai ignoré ses paroles en évitant de m'exprimer devant tout le monde, certes sur ce fait je ne change pas d'opinion : les autres n'ont pas à savoir ce que j'en pense. Mais en y réfléchissant, cela devient une humiliation cuisante : alors que tous s'attendaient à ma réponse, j'ai balayé la sincérité de Jack en changeant de sujet. «Mêlez vous de vos oignons et on verra après pour les miens » avais-je dit. L'esquive, mon arme pour masquer que je suis déstabilisée. C'est sûr qu'avec de tels propos, personne n'a pu en savoir quoique ce soit. Il n'empêche que dans tout cela, je n'ai pas adressé aucun mot à Jack qui a su le faire courageusement devant tous ces gens, en me parlant directement.

- Mon état ne devrait pas te préoccuper autant que ça. Rentre à l'intérieur, tout le monde t'attend pour fêter ton anniversaire.

Ses propos pourraient paraître vide d'émotions, mais le fait qu'il ne me regarde pas dans les yeux traduit autre chose : quelque chose qu'il veut me cacher.

- Jack, écoute... Je ne m'attendais pas du tout à ce que tu viennes parler spontanément devant tout le monde pour me dire tout ça... Je crois que mon cerveau a préféré tout mettre dans un coin, et s'il ne l'avait pas fait, j'aurais sûrement fondu en larmes. J'ai voulu paraître forte et éviter qu'ils ne connaissent ce qui ne les regarde pas. Mais...

Il me coupe, et relève la tête. Son regard semble toujours fuir le mien, puisqu'il détourne les yeux vers la droite.

- Elena, pourquoi tu me dis tout ça? Je suis ton passé, il est clair que tu as tourné la page, celle qui racontait nos moments ensemble. Tu n'as pas répondu, et tu n'avais pas à le faire.

Je suis assez entraînée dans ce domaine pour comprendre que je l'ai blessé, mais Jack étant quelqu'un n'assument que rarement ses émotions, il préfère jouer les dûrs en me repoussant. Il ne m'aura pas. Malgré ce qui a pu arriver entre nous, je ne suis pas du genre à faire du mal et ne pas m'excuser ensuite.