La pire des connasses ( TERMINÉ )

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Je marche à peine correctement, accablée par le chagrin qui me ronge. Mon bras appuyé sur les épaules de Lucky, je traîne des pieds, le visage humide. Nous marchons dans le plus grand des silences, mais mes reniflements trahissent mes émotions que je pensais pouvoir camoufler. Lucky n'est pas idiot, il sait que j'ai mal, et que je pleure toujours. Que depuis que Jack a laché ma main, je n'ai cessé de pleurer. Et pourtant, je ne peux m'autoriser à continuer, parce que tout est de ma faute et j'en suis consciente. J'ai perdu Jack, ce soir. Mais c'est entièrement à cause de ce que j'ai décidé de faire chaque soir, et je ne peux en vouloir qu'à moi-même. Il est parti, et je doute qu'une autre issue était possible.

Évidemment, je ne pouvais pas rentrer au châlet, en tout cas pas au mien. Je me contente de suivre Lucky, de me laisser trainer, parce que le vide en moi m'empêche presque de penser normalement. Mon cerveau s'est mis en veille à la seconde même où mon cœur s'est brisé, ce qui fait de moi quelqu'un d'attrocement faible à présent. Enfin, je ne sais même plus qui je suis, ou qui je devrais être. Parmis toutes les « moi » que j'ai été, laquelle est la bonne? Laquelle pourra se relever, et dire qu'elle n'a pas peur de retomber?

- On est presque arrivés, me lance Lucky. Fais un effort pour tenir debout, je commence à fatiguer, dit-il sur un ton doux

Mes muscles n'obéissent pas, puisque je ne prends pas la peine de leur ordonner quoique ce soit. Les iris de Lucky croisent mon regard, seuls lumière dans l'obscurité. En quelques secondes, j'aperçois la pitié qui se reflette dans son regard. J'en suis presque dégoutée. Forcément, oui, dans l'état dans lequel je suis, je fais sûrement pitié. Mais je déteste ce genre de regard, celui de quelqu'un qui se dit « je n'aimerais pas être à ta place, ma pauvre »

- Ça ira mieux demain, Elena. Tu iras mieux.

Il débite cette phrase avec tant d'assurance que je finirais presque par y croire. Malgré ma faiblesse, je ne suis pas dupe ; demain ne sera pas différent. Et le jour d'après non plus.

Une fois arrivé, du moins lorsque Lucky s'arrête devant un châlet que je suppose être le sien, il défait le bras que je posais sur lui et vérifie que je tienne sur mes jambes. Pour l'instant, c'est le cas. Il prend alors le temps d'ouvrir la porte et de fourrer les clés dans sa poche, sans un mot. Pendant un instant, je me demande ce qu'est en train de faire Jack. Une larme roule alors sur ma joue, juste avant que je ne chasse cette question de ma tête qui menace d'exploser.

- Euh... Bon. Je vais dormir dans le canapé, tu n'as qu'à prendre ma chambre. C'est celle au bout du couloir, dernière porte sur ta gauche.

Je continue de le fixer, telle une enfant qui attend qu'on la prenne par la main pour venir avec elle. Il s'avance alors, me dominant de sa hauteur, puis murmure ;

- Tu n'as pas intérêt à rester muette, ou alors c'est moi qui vais devenir fou. Tu veux que je t'accompagne? soupire t-il, sans cacher sa compassion pour moi

C'est avec un faible sourire que je lui donne ma réponse. Il place alors sa main dans mon dos, et me guide jusqu'à la dernière porte, sur notre gauche.

- Je doute que tu ne puisses pas ouvrir une porte toute seule, enfin, on sait jamais.

Il ouvre celle ci pour moi, laissant apparaître une chambre similaire à la mienne, simplement mieux rangée. Je me dirige vers le lit, mes pas sont lourds et résonnent après moi.
Je me laisse tomber sur le lit, et aussitôt, reconnais le parfum de Lucky qui se dégage des draps. Je ne peux réprimander un léger sourire, en séchant mes dernières larmes. Dans l'embrasure de la porte, il m'observe toujours, comme si j'allais me mettre à crier ou que j'allais m'enfuir à tout moment.

- Tu es sûr de vouloir dormir dans le salon? dis-je pour briser le silence

- Où veux-tu que je dorme sinon? La question ne se pose pas, Elen'. Tu dormiras bien mieux ici, enfin j'imagine.

Je soupire, ne prenant pas le temps de réfléchir, et sors simplement ;

- Tu n'as qu'à dormir ici.

Il écarquille les yeux, comme ci je venais de devenir folle rien qu'en prononçant cette phrase. Pourtant, je ne regrette pas de l'avoir laissée filée entre mes lèvres.

- Pardon? s'étonne t-il en se penchant légèrement en avant

- Tu l'as dit toi même. On dort mieux ici, alors tu n'as qu'à.. dormir ici.

Je relève les yeux vers lui, une expression neutre scotchée à mon visage. Il rit, presque nerveusement, avant d'ajouter ;

- Le canapé ira très bien, ne t'en fais pas pour moi.

Et sans insister sur ses propos, il se retourne et commence à s'en aller. Non, je ne veux pas être seule. Pas maintenant.

- Lucky. Reste.

Ma phrase sonne comme un réel supplice, pourtant prononcé si calmement. Il fronce les sourcils, et je sens que ma demande le laisse perplexe. Il revient cependant dans la chambre, à pas de loups.

- Je n'attends rien de toi, Lucky, finis-je par dire. Je veux juste ne pas être seule.

Après un bref instant, il finit par venir s'installer à coté de moi, sans prononcer aucun mot. Et ça me suffit.
Cela fait maintenant assez longtemps que je ne dors plus seule, et j'ai finis par m'y habituer. Voilà pourquoi faire marche arrière est difficile, car une fois de plus, je me heurte à la réalité ; peut-être que je ne dormirais plus jamais aux cotés de Jack. Peut-être que plus jamais, je ne dormirais la tête contre son torse, bercée par les battements de son cœur.

- Je pense que tu as fait le bon choix, Elen'

Je replie la couverture sur mes jambes, puis viens poser ma tête sur l'oreiller qui m'est destiné. Je me réchauffe petit à petit, même si mon visage reste paralysé par toutes les larmes que j'ai versées.

- Quel choix? J'ai fait tant de mauvais choix, si tu savais. Et le tout premier fût de me mettre contre toi, de penser que t'imiter règlerait les choses. Et maintenant, me voilà punie pour tant d'erreurs.

Il retire son tee-shirt et l'envoie valser à l'autre bout de la pièce, chose qu'il fait souvent selon les souvenirs qu'il me reste des soirs où il venait dormir chez moi. À l'époque où tout allait bien, où tout allait mieux.

- Tes choix n'ont plus d'importance, c'est du passé. Moi, je te parle de celui que tu as fait ce soir sans en parler à personne ; dire la vérité, la le lui révéler avant qu'il ne le découvre par lui même. Je pense que c'était le seul bon choix à faire, et tu l'as fait. Tu peux être fière d'avoir su le faire jusqu'au bout.

Je pouffe intérieurement, ses paroles sonnant comme vides à mes oreilles. Comment peut-il dire cela alors que j'ai détruit Jack?

- Je lui ai fait du mal, je suis la cause de ses larmes et de la colère avec laquelle il s'est adressé à moi. Je suis responsable de ce qu'il m'arrive, et je n'ai pas à ressentir de la fierté.
J'ai fait quelque chose de mal, et maintenant, il souffre et moi aussi. Qui a t-il de bien là dedans?

Je sens Lucky se tendre à coté de moi, irrité par mes propos maladroits.

- Tu regrettes tous ces soirs? Tu regrettes d'être venue? Si oui, tu peux me le dire, je suis prêt à l'entendre.

Ses paroles respirent l'appréhension et le mensonge. Il ne veut pas m'entendre dire que je regrette, parce qu'il est conscient que « nous » allons mieux, et il aime cela.

- Je n'aurais pas perdu Jack, si je n'étais pas sortie tous ces soirs.

Je l'entends soupirer. J'essaye de m'exprimer, mais la fatigue me complique la tâche.Mes yeux menacent de se fermer à chaque minute qui passe, encore voilé par mes récentes larmes.

- Mais si je n'étais pas sortie, je n'aurais pas pu me rendre compte à quel point mon meilleur ami m'avait manqué.

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Et voilà, Jackena ( si c'est bien ça?😅) c'est terminé. Qu'en pensez vous? ( ne me tuez pas, vous ne connaissez pas la suite 😘 )