La pire des connasses ( TERMINÉ )

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PDV Lucky

L'heure approche. J'ai l'impression d'être le seul parmis toutes les personnes présentes à stresser quant à l'arrivée d'Elena. Pourtant, tout est parfaitemment organisé et rien n'a été laissé au hasard. Peut-être ai-je peur de sa réaction, peur qu'elle soit déçue.
Depuis l'année dernière, une culpabilite ne cesse de me ronger quand je pense à l'anniversaire d'Elena. L'année dernière, je l'ai foutu en l'air. C'est de là que tout est parti, et par ma faute, c'est allé trop loin. C'est sûremement la raison pour laquelle j'ai tenu à organiser une si belle soirée, pour cette si belle personne qu'elle est.

Alors que je réflechissais tranquillement dans mon coin, Nathan vient s'assoir à mes cotés en me désignant l'écran de son portable d'un signe de doigt.

- Je viens de recevoir un message de Rose, elles sont à l'entrée. Il est temps d'aller se mettre en place.

Je hoche la tête, et ordonne à tout le monde de se mettre en cercle le long des murs de la salle. Les lumières s'éteignent brusquement, et je note que tout s'enchaîne comme je l'avais prévu. J'éxecute la suite du plan en allant me placer au centre de la pièce, sous les feux du seul projecteur encore allumé et qui braque désormais un faisceau de lumière blanche sur moi. Strictement en face de la porte par laquelle va entrer Elena, mes yeux sont braqués sur l'entrée.

Et je n'attends plus qu'elle.

PDV ELENA

Nous sommes en haut des marches, et j'attends impatiemment que Rose m'autorise à ouvrir les yeux. J'avoue avoir eu envie de tricher plusieurs fois, mais j'ai fini par me raisonner en prenant mon mal en patience. La surprise devient une tornade qui secoue mon estomac et me retourne la cervelle tant j'appréhende sa nature. Probablement la définition parfaite de « stresser ».

- Je peux regarder, maintenant? soufflais-je

Je ne saurais comment l'expliquer, mais je sais que Rose sourit. Je le sens.

- Oui, tu peux regarder.

Avant que je ne puisse le faire, elle pousse les portes d'un endroit que je ne connais trop bien. Mes yeux semblent mentir à mon organisme lorsque j'aperçois Lucky, debout au milieu du gymnase flambant-neuf du lycée, un projecteur rivé sur lui et uniquement lui. Je reste figée, ne sachant comment réagir.

- Avance un peu, me conseille Rose en me soufflant dans l'oreille.

Je la regarde, complètement perdue, et entre dans la salle sans perdre des yeux celui qui se tient debout en face de moi, en costume. Lui. Et moi.

Soudain, une musique se lance. Les premières notes raisonnent légèrement dans mes oreilles et me font frisonner, mon coeur menaçant encore de déchirer ma poitrine. Par instinc, en suivant l'atmosphère que dégage la musique, j'avance jusqu'à Lucky et me place juste devant lui. Sans un mot, uniquement lié par un regard que rien ne semble pouvoir troubler, ses mains viennent trouver les miennes qui pendent le long de ma robe rouge et noire. Son regard s'attarde quelques instants sur celle-ci, et un sourire se dessine automatiquement sur ses lèvres. Il me rapproche encore un peu plus de lui, et dans un geste presque automatique, je viens faire le premier pas. Celui d'une danse suivant le rythme doux d'une musique bien trop jolie, une musique qui m'emporte dès les premières secondes. Je n'ai jamais su danser, ni même faire un slow, et pourtant j'allie plutôt bien les deux ce soir. Peut-être parce que c'est mon anniversaire, peut-être parce que c'est une belle chanson, peut-être parce que je ne danse pas avec n'importe qui...

J'enfuis ma tête dans le creux de son épaule, continuant de caller mes pas avec les siens. Cette danse semble durer une éternité en éloignant tout le reste. Le cadre et la musique participent à la création d'une bulle dans laquelle Lucky et moi sommes intouchables. Nous dansons, pour la première fois, au milieu du gymnase de notre lycée. Je n'essaye même pas de découvrir le reste, trop occupée à profiter de ces merveilleuses minutes de pure douceur. Quand les dernières notes parviennent à mes oreilles, je ressens presque un pincement au cœur. Je remets une petite distance entre lui et moi, et les mots me manquent pour parvenir à dire quoique ce soit. Lucky ne semble pas s'en inquiéter puisqu'il me dit, tout simplement :

- Joyeux anniversaire, Elena.