La pire des connasses ( TERMINÉ )

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Je ressors enfin de l'eau, croyant que M.Couloir est parti. Je dégouline d'eau sur la terrasse de la maison, mes vêtements me collent et je déteste ça. Je regarde autour de moi, la plupart des gens sont en maillot de bain. Je ressemble un peu à une intrus, encore habillée de mon jean et de mon croc-top.

Mais ça, j'lavais prévu! J'enlève mon haut, laissant découvrir mon maillot de bain que j'avais enfilé avant la fête. Je retire mon pantalon qui me colle tellement que l'enlever me prends une éternité, mais je finis par y arriver. Beaucoup plus à l'aise, un sourire bête se dessine sur mes lèvres comme une enfant qui a réussi quelque chose.

D'ordinaire, je n'aurais jamais fait ça. Me mettre en maillot devant tant de personnes aurait été tellement difficile que même en me forçant, le faire aurait été impossible. Je n'aime pas m'exposer, rien de joli à montrer. Je ne suis pas grosse, mais j'ai mes réserves. Mon manque de sport se révèle aux yeux de tous, maintenant. Mon petit ventre, mes cuisses, tout ce que j'ai tant de mal à cacher. Et là, maintenant, j'ai l'impression d'être nue devant tout ces gens. Mais la dose d'alcool que j'ai avalée aténue si fortement cette impression que je ne ressens pas la moindre gêne. Je suis bien. Même entourée de toutes ces nanas fines et bien faites comme j'aimerais l'être, je me sens bien. Étonnant.

Je pose mes vêtements dans un coin et pars me promener. Je sais que si je reste près des bouteilles, l'envie de boire me reprendra aussi vite qu'elle aura disparu. La musique me semble lointaine, résonnant dans ma tête comme-ci celle-ci était vide. J'avance vers le devant de la maison, ne cherchant même plus Rose ni personne. Je suis seule, bourrée, et bien.

- Eh.

Je tourne la tête, et remarque un gars, appuyé contre le mur de la maison. Je mets du temps à réagir, et finis par le reconnaître. M.Couloir, en chair et en os. Quel plaisir.
Je vais sûrement me faire casser la gueule, puisque j'ai sûrement casser son portable.

- Si tu veux me casser la gueule, fais-le vite, et vise plutôt mon bide histoire de le réduire un peu. lancé-je sans rien contrôler

Il lâche un petit rire, surpris probablement. Il se doute que j'ai un peu bu, que je n'ai plus qu'une ridicule partie de ma tête encore en marche et que rester debout est un exploit pour moi.

- Je vais pas te casser la gueule, déjà.

- Pourtant j'ai pété ton Iphone.

- Pas faux.

Un court silence.

- Tu veux que je le repaye? balancé-je

- J'ai les moyens de le faire moi-même, t'inquiètes pas pour ça. De toute façon t'es bourrée.

Je ris.

- Nan, c'est même pas vrai!

- T'es mignonne.

Je plisse les yeux et titube un peu.

- Tu essayes de me draguer, là?

- C'était juste un minuscule compliment, mais prends-le comme tu voudras...

- J'ai un copain.

Il s'empresse de répliquer :

- Et moi j'ai une copine.

Je lui lance un regard de défi.

- J'suis pas bourrée.

- Bien sûr que si, arrêtes tes conneries.

Je me rapproche un peu plus, arrivée à un point où me contrôler est bien trop compliqué. Je commence à ne plus sentir mon cerveau fonctionner normalement, coe si quelqu'un d'autre était aux commandes. Je ne contrôle plus rien. Aucun geste, aucune parole.

- J'ai bu qu'un seul verre...

- Je parie que tu me mens.

Je me rapproche encore, presque au point d'être collée à lui.

- Je suis pas bourrée... soupiré-je

Ses yeux croisent les miens, brillants dans la nuit comme ceux d'un chat. Quelques secondes s'écoulent, quelques secondes où mon cerveau est absent, où quelque chose me pousse à commettre l'irréparable.

Seulement quelques secondes...

Ses lèvres se plaquent sur les miennes. Seulement quelques secondes, rien qu'une poignée de secondes...

Juste le temps de me rendre compte que je suis allée trop loin, qu'en jouant avec le feu, il est toujours possible de se brûler.