La pire des connasses ( TERMINÉ )

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Mes escapades nocturnes continuaient. En fait, c'était devenu depuis quelques jours une sorte d'habitude, un rendez-vous hors du temps, quelque chose qui n'existe que pendant une heure. J'avais beau me sermonner en me rappelant que j'étais avec Jack, je ne ratais pas l'occasion de revoir Lucky chaque matin, tandis que le reste du monde dormait.

Je ne trompais pas Jack, puisqu'il ne se passait rien entre Lucky et moi durant ces heures. Mais je savais que s'il l'apprenait, il en deviendrait fou. Je lui mens, chaque fois que j'affirme n'être allée nul-part. Je le regarde dans les yeux, et lui mens sans même sourciller.

Je suis une menteuse de première classe. Je m'en veux, terriblement. Dès que je passe la porte, je m'éloigne un peu plus de Jack, et me rapproche un peu plus de Lucky.

Et rien ne semble vouloir arrêter ça.

- Eh, Elena? Tu m'écoutes?

Tirée de mes pensées, j'ai du mal à reprendre mes esprits. Plongés dans l'obsurité, j'ai facilement tendance à ne plus écouter...

- Oui, hm, tu disais quoi?

Jack soupire, et sans rien ajouter, me prend la main. Il y a quelques temps, j'aurai eu des « papillons » ( terme ridicule, je vous l'accorde ) dans le ventre, mais là, c'était pour moi un geste banal qui ne m'a rien fait. Et évidemment, Jack l'a remarqué aussitôt, puisqu'il s'est arrêté de marcher.

- Tu es sûre que ça va?

Oh, moi ça va, oui.

- J'étais juste dans mes pensées, dis-je en resserant sa main dans la mienne. Tu disais quoi? je souris.

- Je disais qu'une fois rentrés, j'avais pensé adopter un chat, pour nous deux. Enfin, ça reste une suggestion!

Mon Dieu. La gentillesse de Jack n'a pas de limite, et je m'en rends compte seulement maintenant. Quelle abrutie je fais.

- Un chat? Vraiment?

Je le cachais bien, mais l'image qui pendant une seconde m'a traversé l'esprit, est celle de Lucky et moi adoptant un chat. Je n'ai pas envie d'y penser, mais je me perds dans ma propre tête, à n'importe quel moment de la journée.

Il y a toujours ces petits coins sombres dans votre crâne, ceux qui vous font honte, ceux qui vous rendent profondément malheureux.

- Oui, un chat. Je sais que tu préfères les chats, mais j'ai eu un faible pour un chat à la SPA.. J'aurais dû t'en parler avant, rit-il

- Mais, euh.. Enfin, un chat? Un vrai chat? Pour nous?

La vérité c'est que je me m'interdis de lui refuser quoique ce soit, parce que je n'ai pas le droit de le faire souffrir. Je sais que lorsque l'heure viendra, il souffrira, et j'en assumerai les conséquences.
Mais il est tellement.. gentil...

- Alors on adoptera ce chat.. sourié-je

Un magnifique sourire s'affiche sur son visage, comme si j'étais la meilleure personne du monde.
Or j'en suis bien loin.

Nous continuons de marcher dans le silence, l'un regardant le ciel, l'autre par terre. Au loin, on entendait de la musique, car c'était la soirée « festive » disons.
Cela explique pourquoi on ne croise personne, alors qu'il n'est que 23h.

Enfin. C'est ce que je me disais cinq minutes avant que l'on entende des rires se rapprocher.

- (...)

- On est pas les seuls à faire des ballades nocturnes, rit Jack

J'aurais aimé rire aussi.

- Oh.

Exactement, Jack. C'est ce que j'ai pensé sur le coup, juste avant d'être prise d'un terrible mal de ventre.

On savait tout les deux qui arrivait, parce qu'il n'existait pas deux personnes ici avec une teinture de cheveux si clair.

Sans même m'en rendre compte, j'ai lâché la main de Jack et mon regard ne cesse de fuir.

- On fait demi-tour?

Je ne m'attendais pas à cette proposition venant de Jack, mais c'était une bonne idée, d'autaut plus que ce n'était pas le bon moment pour être avec Lucky ET jack.

En rebroussant chemin, par réflexe, je jette un oeil derrière nous. Je ne m'étais pas trompée sur la personne, en revanche, il est accompagné.
D'un seul coup, mon estomac se serre, lorsque mon regard croise celui de Lucky.

- Jack, Jack arrête toi.

Il arque un sourcil mais s'éxecute, tandis que je plaque une main sur ma bouche.

- Elena? Qu'est-ce qui se passe?

Il s'approche de moi, la tête me tourne.
Ironique. Je n'ai que ce que je mérite, après tout.

- Je.. Je vais...

Deux secondes plus tard, mon repas ressort ( je vous épargne les détails )
Je m'en fou de savoir si c'était dû au stress ou pas, il fallait que tout s'arrête.
Je voulais que ça s'arrête.

- Viens, je vais te porter jusqu'au châlet.

- Jack, non, ça va al-

- C'était pas une question, alors tais-toi.

Il s'approche une nouvelle fois de moi, mais je l'arrête brusquement et le repousse. Je suis convaincue d'être punie pour ce que j'ai fait, il temps d'arrêter la machine infernale.

- Jack, arrête d'être gentil avec moi.

- Quoi? Mais qu'est-ce que tu dis encore?

- Tu.. Je peux marcher, j'ai juste besoin de dormir.

Et dire que j'ai failli tout lui dire.
Peut-être que j'aurais dû.