34 - Savvy

3.1K 205 151
                                    

           

***

- Alors, c'était bien hier sans moi ? me quémanda Regan tout sourire.

La journée de TIG venait enfin de se finir alors qu'elle m'avait semblé interminable. C'était peut-être dû au soleil ou à mon impatience. Celle de mon ami avait tenu et venait d'exploser dans les vestiaires. Il me fixait avec des étincelles malicieuses dans les pupilles, ce qui me désespérait et me faisait rire en même temps. Il accordait un grand intérêt à mon couple ou plutôt, il cherchait la moindre occasion pour se foutre de moi. Face à l'absence de réponse, il surenchérit :

- Question bête, je sais que vous en avez profité. Il paraît même que t'en as retrouvé ta voix !

Je le repoussai pour ouvrir mon casier tandis qu'il se pliait de rire. Je sortis mon carnet afin de lui écrire rapidement : « Quoi, on te fait fantasmer ? C'est flippant». Ce fût à lui de réagir au quart de tour, il prit son faux air indifférent et pesta.

- Respecte-moi un peu, j'ai besoin de plus que deux maigrichons pour fantasmer. Il vous manque beaucoup trop de choses, précisa-t-il en jouant des sourcils.

Je grimaçai en rédigeant mon message « T'es vraiment le cliché du mec lourd, comment ta copine te supporte ?». Il frappa mon épaule mais s'éloigna tout de même en ricanant. S'il ne répondait pas en retour, c'est parce qu'il savait que j'avais raison ? Je souris dans mon coin en me dépêchant de changer de t-shirt et prendre mes affaires. Je saluai le beauf qui me servait d'ami puis sortit du centre. Je repérai tout de suite mon oncle, en pleine discussion avec le père de Regan sur le parking.

Chaque fois que je passai les portes de ce lieu, je me sentais un peu plus libre. Je me rapprochai de ma liberté définitive, il ne me manquait plus qu'un mois de travaux d'intérêts généraux environ. Ensuite, mon avenir était tout à moi. Même si je ne savais pas du tout ce que j'allais en faire, la simple perspective me plaisait déjà. J'envisageais pour l'instant de ne le pas bousiller, c'était certainement le challenge le plus dur pour moi.

Chris posa une main apaisante sur mon épaule quand j'arrivai près de lui et que je serrai la main de M. Costellas. Depuis ce matin, mon oncle se montrait encore plus attentionné qu'il ne l'avait été et il le faisait d'une manière si naturelle que ça ne me gênait pas. Comme s'il voyait que je me sentais un peu fragile, mis à nu, en ayant dévoilé mon secret. Je ne regrettais pas de leur avoir fait mon coming-out, je pouvais être moi-même en toute sécurité avec eux. Et j'attendais la même chose de mon psychiatre, quand j'allais lui dire dans une demi-heure.

- On va devoir y aller, précisa Chris. Bon weekend et merci de l'invitation, Tahir !

Tahir ? Ils étaient réellement devenus amis ?! Puis, de quelle invitation parlait-il... Je gardai ma question pour plus tard et montai en voiture. Je m'empressai de récupérer mon portable que j'avais laissé là. Chris, déjà au volant, poursuivit la conversation :

- Le père de Regan nous a invité à dîner un de ces quatre.

À moitié attentif, je ne réagis pas et gardai les yeux vissés sur mon écran. Les vibrations de mon portable firent monter mon espoir au plus haut point toutefois il redégringola assez vite quand je vis les noms de Garrett et Isaiah apparaître. J'étais évidemment content d'avoir de leurs nouvelles mais surtout déçu de ne toujours pas avoir de réponse d'Ayden. Après des jours d'hésitation, des dizaines de brouillons supprimés, je m'étais enfin lancé à lui envoyer un message ce matin. Juste un « tout va bien ? » qui témoignait de mon inquiétude mais qui le laissait apparemment indifférent. Il m'ignorait réellement, ce n'était pas mon imagination. Ou bien, il n'allait vraiment pas bien du tout et ça n'avait rien de rassurant non plus.















His Cheerless WayWhere stories live. Discover now