20 - Closer

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      La réaction d'Isaiah fût immédiate. Ses yeux jonglaient entre la carte SD et moi, arrondis d'étonnement. Lui aussi avait perdu tout espoir. Mais ce petit objet remettait tout en jeu ; il relançait notre combat. Cette fois, nous étions en position de force car pendant que les coordinateurs pensaient gérer la situation, nous allions avancer. Et j'étais prêt à m'investir à fond pour que tout finisse par leur éclater au visage.

Tu me donnais un coup, je te répondais encore plus fort. Tu me prenais pour un con, je te montrais qui était le plus con de nous deux. Et pire encore, tu me faisais tomber, je t'enterrais six pieds sous terre.

Le métis combla la distance qu'il venait pourtant de mettre entre nous et me serra à nouveau dans ses bras, avec bien plus de force. Plus de conviction. J'émis un petit rire gêné avant de lui tapoter l'épaule pour qu'il s'éloigne. Je n'étais pas encore capable de me montrer trop tactile. Le seul fait de repenser au câlin que nous avions partagé me retournait l'estomac, bien que je n'y sois pas habitué c'était néanmoins un bon sentiment.

Il respecta ma décision puisqu'il s'éloigna mais n'alla pas loin, non plus. En un élan rapide, ses mains attrapèrent ma mâchoire et nos regards se crochetèrent. Une vague de chaleur me remonta tout le corps, d'autant plus quand mes yeux dérivèrent sur ses lèvres pulpeuses.  Ça n'avait duré qu'un quart de seconde, je m'étais vite repris mais il dût l'apercevoir car un sourire lui échappa. Même ses yeux brillaient de cette lueur joyeuse.

- Entre nous, susurra-t-il, tu es génial.

Isaiah était vraiment tout mon contraire. Il était si vivant, face à moi qui était simplement éteint. Mais depuis un certain temps, il semblait susciter quelque chose de spécial en moi. Quelque chose qui me rappelait l'état dans lequel me mettait une personne, trois ans auparavant. J'avais l'impression de me retrouver, un peu.

J'eus tout juste le temps d'entendre la porte s'ouvrir que lui s'était déjà éloigné, embarrassé. C'était marrant de voir toute sa confidence partir et de le regarder devenir le garçon sage. Je profitais qu'il me cache de son corps pour refermer rapidement mon bandage autour de mes doigts.

- Ça fait plus de dix minutes que t'es attendu, gronda une voix rauque. Reste pas là sans broncher avant que je te le fasse regretter !

Il n'y avait qu'un seul homme dans ce camp pour être si grognon, pour aucune raison. Isaiah, qui le redoutait encore un peu, n'attendit pas un deuxième avertissement pour quitter la pièce à grands pas. Il me laissa seul avec le grand baraqué au regard noir et l'air morne. Jeff m'observait étrangement ce qui m'empêcha de faire un quelconque geste.

Il balaya le vide d'un geste de main, en direction de l'endroit où se trouvait auparavant mon ami.

- C'était quoi, ça ? Je sais que ça manque de filles ici mais quand même, remarqua-t-il.

C'était donc ça. Quoi, ma possible homosexualité le brusquait ? J'en avais rien à foutre. Je n'avais à me justifier auprès de personne.

- Ça ne m'étonne pas de toi, faut toujours que tu fasses tout de travers ! Bref, t'as le droit à une douche avant le repas.

J'ignorai sa remarque déplacée, n'ayant ni la force ni l'envie de faire face à une nouvelle confrontation. Mon absence de réaction ne passa pas inaperçu puisque j'aperçus Sergent Blondie hausser les sourcils de surprise. Une fois debout, je remarquai comme mon corps était si faible. Je tremblais déjà et mes genoux menaçaient de lâcher sans avoir fait aucun effort. Cependant, je suivis le coordinateur en dehors de ma chambre puis en dehors de l'infirmerie, content d'entendre et de voir autant de vie autour de moi. C'était finalement ce qui m'avait manqué pendant deux semaines.

His Cheerless WayWhere stories live. Discover now