Chapitre 8 - 6 : Doutes (Edward)

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Je traversai la rue, le cœur battant d'impatience, passai devant une boulangerie fermée, traversai à un passage piéton, et arrivai à la placette où Riza m'avait donné rendez-vous au square du Général Ryan. Avec la durée de sa pause, elle n'avait guère le temps d'aller plus loin, et je ne voulais pas arriver en retard et perdre le peu de temps que je pourrai passer avec elle. En plus, j'avais une audition à quatorze heures, donc je ne n'allais pas pouvoir rester longtemps non plus.

Le parc, de forme triangulaire, était minuscule et aurait aussi bien pu être une placette, s'il n'avait pas été planté d'arbres et entouré de grilles de fer forgé. Plantée au beau milieu du sol gravillonné, une statue présentant un militaire chevauchant un cheval cabré surmontait un imposant piédestal. J'avançai pour attendre au pied du monument qui faisait un bon point de repère, et m'adossai au bloc de pierre sans égard pour l'écriteau que je masquais à moitié, puis regardai autour de moi.

Au bout de quelques secondes à observer la rue à ma droite en me demandant pourquoi elle m'était si familière, j'eus un petit coup au cœur en réalisant pourquoi je la reconnaissais : j'étais à quelques rues de l'appartement de Mustang.

Mustang.

En me souvenant du moment où j'avais croisé son regard, je m'empourprai brutalement. Pourquoi avait-il fallu que je le recroise dans le contexte le plus ridicule du monde, à savoir, en train de danser sur une table à un enterrement de vie de garçon, habillé en meringue rose, à faire une chorégraphie beaucoup trop aguicheuse à mon goût. J'aurais préféré que la lumière ne se rallume pas à la fin, au moins, je n'aurai pas su qu'il venait de voir ça...

Mais si j'étais parti sans le savoir, il m'aurait rattrapé dans les coulisses, et ça aurait finalement été bien pire.

Je me mordillai la lèvre, sentant mes entrailles se tortiller inconfortablement à ces pensées. J'étais un peu agacé de me mettre martel en tête pour ça alors que, d'un point de vue objectif, les retrouvailles avec Hohenheim et ce qu'il m'avait appris de Dante étaient autrement plus graves que mes questions d'ego mal placé.

J'en étais là de mes pensées quand la silhouette familière de Riza se dessina au carrefour. Malgré la distance qui m'empêchait de lire les traits de son visage, je la reconnus immédiatement, et un grand sourire me vint. Je me décollai du piédestal et me dirigeai dans sa direction à pas vifs. Quand elle me reconnut à son tour, un éclat de surprise passa dans ses yeux, remplacé aussitôt après par une expression joyeuse que je n'avais jamais vu ailleurs que dans l'intimité de son appartement. En arrivant à ma hauteur, elle se pencha et me fit la bise, me laissant un instant désarçonné.

— Bonjour, Bérangère, ça faisait longtemps, fit-elle d'un ton un peu taquin. Tu as l'air bien perdue dis-moi !

— Je n'ai pas très bien dormi cette nuit, répondis-je tout à trac, ne sachant pas quoi dire d'autre.

J'étais surpris de la proximité soudaine, mais en réfléchissant, j'avais rarement vu des filles se serrer la main pour se dire bonjour. C'était inhabituel pour moi, mais plus logique aux yeux des autres. Je réalisai alors que Riza était rentrée dans le jeu bien plus facilement que moi.

— Ah, je connais ça... On se torture bien les méninges au travail aussi, répondit-elle.

— Une affaire difficile en cours ?

— Je ne suis pas censée en parler à des civils, mais oui, sans rentrer dans les détails, on travaille au démantèlement du réseau du Front de l'Est... les choses se profilent bien !

— C'est une excellente nouvelle, fis-je en commençant à la suivre.

— Comme tu dis. Depuis des années qu'on y travaille, on touche enfin au but. Où veux-tu manger ?

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⏰ Last updated: Jan 25, 2023 ⏰

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Bras de fer, gant de velours - Quatrième partie : En coulissesWhere stories live. Discover now