Chapitre 2 - 4 : Pluie d'automne (Riza)

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Falman s'approcha, un peu inquiet, et si Havoc parvint vaguement à le rassurer, il fallut que je foudroie Breda du regard pour qu'il ne commence pas à raconter ce qui venait de se passer. Le grand blond n'allait pas échapper à la mise en boîte de son équipe, mais elle attendrait le repas de midi, il y avait du travail.

— Bonjour tout le monde ! Vous voulez des chouquettes ? demanda Fuery en poussant la porte à son tour, avec l'expression du bonheur le plus innocent.

— Tu es sorti en acheter ? demanda Breda.

— Non, c'est une des standardistes qui m'en a offert ce matin !

— Oh, tu as la cote dis-moi !

— Pas comme d'autres, souffla Breda avec un sourire goguenard à l'intention d'Havoc, qui lui donna une claque derrière la tête.

— Arrête de raconter de la merde.

— Vous en voulez aussi, Hawkeye ? demanda le petit brun en me tendant le paquet.

— Avec plaisir ! fis-je en me servant avec un sourire poli.

À ce moment-là, la porte s'ouvrit et laissa passer Roy Mustang.

— Bonjour Colonel ! Vous voulez des...

La fin de la phrase mourut sur les lèvres de Fuery, et un silence pesant tomba sur la pièce tandis que notre supérieur la traversait avec une expression qui aurait dissuadé n'importe qui de lui adresser la parole. Il referma la porte sans décoller un mot. Le silence se prolongea un peu, et les regards se tournèrent vers moi. Comme d'habitude, la tâche ingrate de lui soutirer des informations me revenait.

Personne n'était surpris. Même si Fuery tentait encore de lui parler normalement, cela faisait des semaines qu'il avait les traits tirés par l'épuisement et était perpétuellement furieux. S'il prenait sur lui auprès de ses supérieurs et autres collègues pour ne pas avoir davantage de problèmes, il ne faisait pas d'efforts notables pour dissimuler son véritable état d'esprit en notre présence. Il n'y avait guère que moi pour oser pousser la porte de son bureau et lui rappeler qu'il avait une séance de tir prévue le soir. Il avait fait des progrès, et j'avais l'impression que ces leçons étaient devenues un exutoire indispensable.

Il avait de nombreuses raisons d'être sur les dents. Le chaos des dossiers, tout d'abord, qui compliquait notre enquête. La complexité des échanges avec le QG Est, qui était directement menacé par les terroristes, et avec qui Mustang et le Général Erwing tâchaient de construire une action coordonnée. Les tractations avec leurs supérieurs, pour tenter de les convaincre de sacrifier une usine d'armement afin de mieux démanteler le réseau. Le temps qui jouait contre nous, puisque nous savions qu'une action de grande ampleur était en préparatifs. Pour couronner le tout, même si nous avions l'espoir de voir disparaître prochainement le Front de libération de l'Est, un autre groupuscule terroriste était en train d'émerger dans le Sud, preuve que notre travail ne prendrait jamais fin.

Pourtant, si toutes ces raisons représentaient une forte pression, je savais que la raison de sa colère était autre. Tout simplement parce que son humeur avait radicalement changé le jour où nous avions appris qu'Edward Elric avait disparu après avoir enlevé quelqu'un, fait de nombreux blessés et détruit une partie du quartier général de Dublith. La nouvelle avait fait l'effet d'une bombe dans notre petit bureau. Nous savions qu'il était turbulent et que son amour de la justice passait souvent devant le respect de la hiérarchie... mais que les choses aient dégénéré à ce point nous avaient estomaqués.

Mustang avait dû passer de nouveau devant une commission pour prouver son innocence, et avait obéi avec une colère lasse. Il n'avait pas eu de difficulté à singer l'innocence, prétendant ne pas savoir quels étaient les plans le petit blond ces dernières semaines. Je savais que c'était partiellement faux, il m'en avait tenu informé, mais je l'avais scrupuleusement couvert. Tout le monde connaissait le caractère impétueux d'Edward, et il était de notoriété publique que ces deux-là se détestaient... du moins officiellement. 

Bras de fer, gant de velours - Quatrième partie : En coulissesWhere stories live. Discover now