Chapitre 1 - 7 : En suspens (Winry)

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Le trajet se fit sans histoires, tout comme notre arrivée à l'auberge. En l'absence d'Edward, nous ne pouvions pas nous permettre de nous payer l'hôtel hors de prix où nous avions logé la dernière fois, aussi avais-je cherché un lieu moins cher, qui m'avait été conseillé par Dwyer, le prothésiste. 

Encore et toujours suivis par les militaires qui nous imitèrent dans leur choix, nous avions donc cherché une brasserie où nous pûmes manger des escalopes montagnardes posées sur un lit de pommes de terre et noyées de lard et de fromage, qui nous donnèrent assez de calories pour affronter le froid qui était tombé sur la région et faire le tour des mécaniciens avec qui j'avais déjà eu l'occasion de discuter lors de mes précédentes venues. Plusieurs me répondirent négativement, faute de travail, ou parce qu'ils avaient déjà pris quelqu'un, mais leurs commentaires à tous étaient encourageants.

Je m'adossai à une façade et fouillai pour sortir une gourde de mon sac bien encombré par mes plans et l'automail du bras d'Edward que j'avais amené avec moi en guise de démonstration, et bus quelques gorgées avant de la passer à Al qui avait manifestement soif aussi, puis poussai un profond soupir.

— Pfff... je pensais que ça serait plus facile, soupirai-je.

— Ça va, ce n'est que le premier jour, fit Al d'un ton rassurant. Et puis, il y a tellement de boutiques, tu trouveras bien ton bonheur !

— J'aimerais entrer dans un gros atelier, répondis-je en remettant la gourde dans mon sac. Plus il y a de commandes, plus j'ai de chances d'apprendre des choses.

— Mais du coup, le prochain endroit qu'on visite, c'est le cas, non ?

— Marshall & Co. C'est l'un des plus gros ateliers de la ville, ils emploient pas mal de monde à ce que j'ai compris. Apparemment, ils ont un accord avec l'armée pour leur fournir des prothèses.

— Oh... ils doivent avoir du travail, commenta Al avant de réaliser en même temps que moi le cynisme de ce qu'il venait de dire.

— Comme tu dis, confirmai-je néanmoins. Allez, on ferait mieux de bouger, j'ai les pieds gelés, fis-je avec un soupir.

J'avais gardé le souvenir d'une ville chaude et ensoleillée, mais les choses avaient bien changé ici. Le temps en montagne était plus extrême qu'à Resembool ou même qu'à Dublith, et en remontant la rue principale vers notre destination, je songeai que j'allais devoir songer à m'équiper pour des températures plus froides. Nous n'étions qu'en automne, et l'hiver promettait d'être sacrément rude ici.

Enfin, je pourrais davantage me permettre de dépenser quand j'aurai un travail, pensai-je. En plus, je dois encore de l'argent au prothésiste pour le recouvrement des automails d'Edward.

Au moins, ça lui servira sûrement.

Je n'en avais pas parlé à Alphonse, parce que je n'en étais pas sûre, mais j'avais cru reconnaître Edward dans une passante devant la boucherie, le jour de sa disparition. Sans doute parce que son regard s'était planté dans le mien quelques secondes... mais, distraite par les militaires venus nous interroger, j'avais dû regarder ailleurs, et la silhouette avait disparu aussitôt après.

Même si ce n'était pas forcément lui, c'était probablement ce genre d'apparence qu'il avait emprunté. Mon acharnement n'avait peut-être pas été si inutile que ça, finalement...

Je repensai au contrat et pouffai de rire avec amertume. C'était tellement ironique. Il avait signé qu'il me fournirait en matières premières à vie si le recouvrement de sa prothèse lui était utile, mais au bout du compte, il n'était même pas dit que je le revoie un jour, même si je m'accrochais toutes griffes dehors à cet espoir.

Bras de fer, gant de velours - Quatrième partie : En coulissesWhere stories live. Discover now