Chapitre 1 - 8 : En suspens (Winry)

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En voyant la pièce envahie de l'odeur du métal et du bruit de son façonnage, les trois immenses fours qui se trouvaient dans la première salle que nous avions visitée, les ateliers avec des pans de mur entiers d'outils, de visserie et autre, je me sentais presque baver. Jamais je n'avais vu un lieu de fabrication aussi bien pourvu, et à l'idée de travailler ici, j'étais presque folle d'impatience.

Pitié, faites qu'ils acceptent ma candidature ! Pitié pitié pitié ! Je veux bosser ici ! Je veux pouvoir utiliser ces outils ! Holala cette ponceuse électrique à l'air géniale ! Oh, et ce fer à souder ! Je veux le même !

— Nous avons une grille de tailles standard pour les prothèses de bras et de jambes, avec trois types de morphologies, ce qui couvre la majorité des commandes. Les clients envoient leurs mensurations et nous leur proposons le modèle qui leur convient le mieux.

— Vous ne faites pas du sur mesure ?

— Sisi, tout de même ! Pour les clients aux morphologies très particulières, ceux qui ont un budget à la hauteur de cette exigence... C'est dans l'aile ouest, je comptais vous la faire visiter après. Après, la majorité des pièces qui sortent de nos ateliers reste de la demi-mesure. Le sur mesure est difficilement vendable étant donné le coût de fabrication.

Je baissai les yeux, songeuse... pourtant, avec Pinako, nous vendions des prothèses faites sur mesure sans difficulté majeure, et nous gagnions de quoi vivre...

Mais c'est vrai qu'ici, il y a plus de concurrence. Et puis, on fait aussi la maintenance.

— Vous avez un atelier de maintenance ? demandai-je, curieuse.

— Ah ? Non, nous laissons ce travail à des succursales spécialisées dans la vente et les réparations. Nous n'avons pas le temps de nous occuper du service après vente dans l'usine centrale, et puis... pour peu que leurs propriétaires les entretiennent correctement, les problèmes sont rares.

Je hochai la tête, la gorge un peu nouée. Son ton n'était-il pas un peu condescendant ? Je repensai au mécanicien qui nous avait accueillis à Rush valley et songeai que s'ils se rencontraient, cela ferait sans doute de sacrées étincelles.

Mais quand il m'emmena dans l'atelier destiné aux pièces sur mesure, j'oubliai toute objectivité et m'extasiai au sujet du matériel, des plans de travail, de la qualité des outils utilisés, furetant, posant une ou deux questions aux mécaniciens qui semblaient stupéfaits de me voir ici, mais me répondirent poliment, et j'oubliai presque que les lieux m'intimidaient auparavant. Je voulais travailler ici. Je voulais apprendre des meilleurs.

J'en étais là de mes pensées quand une autre personne entra dans la pièce, serrant la main au directeur, puis se tourna vers moi avec un regard amusé.

— Et donc, c'est elle ? demanda-t-il en me voyant.

Je supposai que c'était le chef d'atelier et revins vers lui pour le saluer. L'homme était grand, sans doute la quarantaine, carré et massif, avec des mains comme des battoirs, mais un air plutôt sympathique. Je lui tendis la main, mais il me fit la bise, me figeant de surprise.

— Bonjour mademoiselle...

— Winry. Winry Rockbell, bafouillai-je, un peu prise au dépourvu.

— John Thaddeus, je suis le chef d'atelier.

— Ravie de vous rencontrer.

— Vous avez amené certains de vos travaux si j'ai bien compris ? demanda le directeur. Le moment paraît bien choisi pour les sortir.

Bras de fer, gant de velours - Quatrième partie : En coulissesWhere stories live. Discover now