Introduction : En coulisses

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J'étais pelotonné sur moi-même, cerclé par ma prison provisoire, le cœur cognant contre mes genoux à un rythme beaucoup trop rapide. L'obscurité était totale, les sons, étouffés, étaient ceux d'un joyeux brouhaha qui me paraissait absurde de là où j'étais. 

À l'intérieur de cette capsule, j'étais enfermé dans une interminable minute d'angoisse, immobilisé par ces parois circulaires. J'avais tout juste la place de me tenir, accroupi, en équilibre précaire, avec ce couvercle si bas que je le sentais contre l'arrière de mon crâne à chaque mouvement. Je devais me replier sur moi pour ne pas risquer de cogner ces parois, dont je n'étais pas sûr de la solidité, et la robe que je portais, pleine de volants et de froufrous, semblait remplir le moindre interstice restant, accentuant ce sentiment d'étouffement.

Je sentis qu'on me soulevait. J'étais moins secoué que je le craignais, mais je dus me concentrer et contracter mes chevilles pour ne pas perdre l'équilibre. Il ne manquerait plus que ça. La structure qui m'entourait ne résisterait pas à ma chute, elle n'avait pas été prévue pour ça.

Une trombe d'applaudissements, puis le silence se fit. Bientôt, ça allait être à moi J'attendis le signal, le cœur battant à tout rompre, les entrailles horriblement nouées, redoutant cet instant que j'avais pourtant prévu et même souhaité. J'avais choisi d'être là de mon propre chef, je m'étais battu pour ça, et maintenant, tout ce à quoi je pouvais penser, c'était tout ce qui pouvait mal se passer. La liste me semblait sans fin, et pourtant, ce qui allait réellement arriver n'y figurait pas. Je ne savais pas que cette soirée serait si importante, qu'elle serait le point de départ d'une situation aussi inextricable.

Pourtant, à cet instant, je ne pouvais que le regretter amèrement, me maudissant de m'être laissé embarquer dans cette affaire. Si seulement j'avais pu m'enfuir en courant, je n'aurai pas hésité une seconde. Mais il était trop tard pour ça, bien trop tard. 

Je m'étais mis tout seul dans cette situation ridicule, et maintenant, c'était à moi de m'en sortir, malgré mes mains moites et tremblantes de stress, et de faire de mon mieux au moment où je jaillirais de là. De me rappeler que j'en était capable, que j'avais été choisi, que je me débrouillerais toujours. Que je n'avais pas le choix. Tout ce que je pouvais faire maintenant, c'était compter les secondes qui me séparaient de ma sortie tout en me posant cette question angoissante en boucle :

Comment en étais je arrivé là ? 

Bras de fer, gant de velours - Quatrième partie : En coulissesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant