Jeudi 7 Novembre

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Molly,

Merci pour ta lettre. Elle m'a donné le courage dont j'avais besoin pour relever la tête. Sache que je ne suis pas en colère contre toi. J'ai surtout peur. Ne vous approchez pas des Lovener, il n'y a rien de bon à en tirer.

Je n'étais pas favorable pour envoyer des Aurors à Poudlard, ça m'a porté préjudice les derniers jours. Je sais que l'on ne peut pas retirer son indépendance à Poudlard sans être proche de la limite infranchissable. C'est une des choses que j'ai apprises, un peu douloureusement, avec les années. Le Ministère commence à avoir une stratégie d'expansion de son influence, je m'en méfie grandement.

Si je te dis tout ça, Molly, c'est pour que tu fasses plus attention que jamais. Reste en dehors de tous les problèmes, fais-toi petite (même si ce n'est pas vraiment ton genre) et ne laisse pas t'atteindre tout ce qui pourra être dit contre nous.

Dis à Lucy que j'ai bien reçu son dessin et qu'il est magnifique. Je l'ai même accroché dans mon nouveau bureau, qui est plus petit que le précédent mais dans lequel j'aurais toujours de la place pour vous.

Je vous aime très fort.

Papa.

Je donne une petite caresse à Borée, le hibou de Papa qui s'est posé sur un pichet de lait. C'est un hibou orange, aussi roux que nous, avec un air idiot mais qui cache certainement une grande intelligence. Par exemple, il ne mord que James et Roxanne quand ils essayent d'approcher leur main. Il tourne la tête pour suivre le mouvement de la mienne. Puis il sautille dans la direction de Lucy qui discute avec des filles de troisième année un peu plus loin. Il vient poser son bec sur sa main pour qu'elle le caresse. Cet hibou est beaucoup trop affectueux. Je tends la lettre à ma petite sœur qui hoche la tête avec un petit sourire.

Soudain, à l'autre bout de la Grande Salle, j'entends des cris. Ça me glace le sang. Ça devrait me faire plaisir mais ça ne fait qu'augmenter mon angoisse. Emeline, le visage rouge et strié de larmes, hurle sur Léon qui la regarde sans émotion apparente. Merlin. Je lui avais dit de ne pas empirer la situation, qu'est-ce qu'il n'a pas compris ?

Tout le monde les regarde dans un silence inquiet. Je ne peux pas m'empêcher de lever les yeux discrètement dans leur direction. À côté de moi, Roxanne soupire et remet de la marmelade sur sa tartine qui en a déjà une belle couche.

« Bah Merlin, déjà ? Ils ont tenu quoi, une semaine ?

– Ah bon ? Mais ça fait pas des années qu'ils sortent ensemble ? fait Johanna en fronçant les sourcils. J'arrive pas à suivre, moi.

– Si, ça fait des années qu'Emeline est persuadée qu'elle sort avec Léon et qu'il essaye de se débarrasser d'elle tous les mois. Visiblement, ce n'est pas très efficace, explique Roxanne en croquant dans son toast. Lovener, c'est une sorte de boomerang, elle revient toujours. »

Des miettes sortent de la bouche de ma cousine qui parle en mangeant. Je la regarde de travers avant d'essayer d'être tout à fait indifférente à ce qu'il se passe ou se dit. Mais Roxanne tourne sa bouche pleine vers moi. C'est une femme élégante.

« Et toi, Molly, t'en penses quoi ?

– De quoi ?

– De leur séparation.

– Ils vont se remettre ensemble la semaine prochaine, constaté-je avec lassitude.

– Peut-être, approuve-t-elle en fronçant les sourcils. Mais quand même, pour l'instant, nous avons un jeune homme libre à souhait. »

Molly II WeasleyWhere stories live. Discover now