Lundi 23 Septembre

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Il pleut. C'est le premier jour de l'automne et l'Écosse tient à sa réputation. Tous les ans, on a bien besoin que quelques litres nous tombent dessus. Je me sens d'humeur mélancolique. Ce qui m'inquiète le plus, c'est que je me sens sereine, calme. Prendrais-je les événements de la vie avec philosophie ? Étonnant, c'est assez rare pour être souligné. C'est peut-être le signe que je deviens totalement insensible. Je passe les obstacles sans même penser à la douleur. Je ne sais pas si c'est mieux. Mais c'est peut-être pour ça que, lorsque en plein cours de potion, Scott se met à me parler, je cède et accepte de discuter avec lui.

« C'était peut-être la meilleure solution. Tu avais raison, je me sens si bête. »

Est-ce qu'il va continuer longtemps à se rabaisser ? Ceux qui font ça ont tendance à m'exaspérer un peu. Je soupire :

« Tu vas devoir t'habituer, j'ai souvent raison. »

J'esquisse un sourire fier alors qu'Eugénie, à côté de moi, hausse un sourcil en soupirant. Ça veut sûrement dire qu'elle confirme. Scott me regarde avec des yeux amusés et me demande de lui passer mes queues de rat albinos. Il m'observe du coin de l'œil, un timide sourire aux coins des lèvres. J'allais lui faire une réflexion sur la quantité trop importante de queue qu'il mettait dans son chaudron quand quelqu'un m'a tapoté l'épaule. Je me suis retournée, un peu surprise, dévisageant le Scamander devant moi.

« Lorcan, soufflé-je. Est-ce que ça va ? »

Je plisse les yeux, levant une main vers lui comme pour le toucher mais il ne fait que reculer d'un pas, comme repoussé par mon geste que je voulais amical. S'il veut se mettre à me crier dessus maintenant, je crois que Madame Griffith n'apprécierait pas. Il dit juste un peu froidement, évitant mon regard :

« Griffith m'a dit que vous aviez des orties pillées en trop. »

Je hoche la tête en attrapant le bol où elles se trouvent pour lui tendre gentiment. Il s'en saisit, me l'enlevant des mains un peu rapidement. Quelques bouts de feuilles tombent à côté, il ne s'en formalise pas et retourne à sa table d'un pas pressé. Je me tourne vers Eugénie qui a vu la chose avec un petit regard triste. Je hausse les épaules en murmurant :

« De toute façon, on savait que ça ne pourrait pas marcher.

– Mais hier, ça avait l'air d'être mieux, non ? Quand on était à la bibliothèque, vous rigoliez et c'était sympa.

– Oui, juste après, ça l'était déjà un peu moins. »

Je surprends soudain le regard de Scott, très attentif à ma conversation avec la Serdaigle. Trop attentif car il se sent gêné et s'agite quelque peu avant de recommencer à mélanger sa potion. Mes yeux restent fixés sur lui un moment avant que je ne me concentre à nouveau sur la potion. Tout ça me paraît étrange et ça me met mal à l'aise, j'ai le sentiment d'être observée. Je soupire en extrayant le venin d'un doxy.

Quand la sonnerie retentit pour signifier la fin du cours, je me sens presque libérée. L'atmosphère était pour le moins pesante. Je prends le temps de bien nettoyer la table, surtout pour laisser le temps à Lorcan de partir sans que je n'aie besoin de le croiser ou de marcher à côté de lui. Je n'ai pas besoin qu'il me fasse culpabiliser alors que je ne lui ai dit que la vérité. Lançant un dernier Récurvite sur mon chaudron, je me tourne pour quitter la salle en souhaitant une bonne journée à Madame Griffith et je me rends compte que Scott a oublié son livre. Je me mords la lèvre. Ce n'est pas gentil de le laisser là. Je le récupère avant de filer en Arithmancie, je n'ai pas envie d'arriver en retard. Je lui rendrais la prochaine fois que je le croise.

Ce qui arrive aux alentours de midi, la faim m'appelle dans ce lieu de festin qu'est la Grande Salle et je le vois assis seul à la table des Poufsouffle. Ça me pince le cœur, je ne sais pas pourquoi, qu'il mange seul. Est-ce qu'au moins il a des amis ? Il me semble l'avoir déjà vu discuter avec Dorian, le préfet de sa maison, peut-être avec deux ou trois autres personnes mais aucun d'entre eux n'est à côté de lui. Je chuchote à Roxanne de commencer à manger sans m'attendre parce que je dois faire quelque chose. Je ne sais vraiment pas si c'est une bonne idée mais je m'invite à sa table, m'asseyant à côté de lui sans même l'avertir de ma présence. Il sursaute, stoppant net la lecture dans laquelle il était plongé. Il affiche un petit sourire qui me semble empli de questions. Je sors son livre de potion de mon sac pour expliquer ma venue.

Molly II WeasleyWhere stories live. Discover now