Lundi 2 Septembre

734 61 10
                                    

Toute bonne chose a une fin. Toujours. Quand le professeur Londubat arrive avec un grand sourire vers nous, je sais très bien que ce n'est pas bon signe. Il a des feuilles dans les mains et elles ne sont pas innocentes. Loin de là. En plus, il sourit comme si c'était le secret du bonheur qu'il tenait entre ses doigts. Quelle fourberie. J'entends déjà une fille de Poufsouffle hurler de désespoir à l'autre bout de la Grande Salle. Voilà qui ne me rassure point. C'est avec une angoisse non dissimulée que nous recevons nos emplois du temps. Je déglutis. D'accord, il faut que je me détende et que je respire profondément. Je jette un coup d'œil à Léna à ma droite, elle est pâle. C'est pire que l'an dernier. Et ils pensent vraiment qu'on peut avoir une vie avec ça ? 

Déjà, on commence par un cours de Potion, ça ne pouvait pas être pire et puis les horaires sont épouvantables. Avec mon courage à toute épreuve, je serre les dents et je fais comme si tout allait parfaitement bien devant Neville Londubat, le professeur de Botanique et directeur de la maison Gryffondor. Je le connais bien, il vient quand même chez nous à Noël, au Nouvel An et très souvent pendant l'été. Ce n'est pas toujours simple de l'appeler Monsieur, à cause notamment de sa sympathie. Mais là je n'arrive pas à supporter son sourire fier et amusé devant nos têtes déconfites. 

Bon, c'est parti pour une année qui commence vraiment bien. Mon sarcasme se réveille doucement mais sûrement. Me voilà dans les cachots. Merlin, qu'ai-je fait pour mériter ça ? Je suis à la table de Shanna, une Serdaigle qui a définitivement quelque chose contre moi, d'un Poufsouffle qui a l'air perdu, je crois qu'il s'appelle Scott mais c'est sans importance, je l'ignore la plupart du temps. Je préfère discuter avec Eugénie qui, elle, est une excellente amie de Serdaigle. Elle a pris la place de feu Lorcan Scamander qui s'est exilé au fond de la salle. Voilà ce qui arrive quand l'amitié se complique.

Le professeur Griffith est une dame de taille moyenne et d'âge moyen qui est assez stricte mais aussi suffisamment intéressante pour que je n'aie pas l'envie de quitter son cours en courant. Cependant, il me semble qu'elle ne m'aime pas trop. Et étonnamment, elle n'est pas pour autant beaucoup plus sévère avec moi qu'avec les autres, elle me regarde juste de travers quand je la croise. Elle prend la parole de sa voix forte :

« Bien, bonjour à tous. Vous allez entrer dans l'année la plus difficile, la plus importante et surtout la plus complète de votre scolarité. Elle est également la plus tragique car comme chacun le sait, certains ne sont pas assez forts pour résister à la pression que provoquent les ASPIC. Ce diplôme est le plus haut niveau proposé à Poudlard, je compte sur vous pour ne pas me décevoir. Sur ce, ne perdons pas de temps, je vous présente le programme de cette longue année. »

Les discours de début d'année m'avaient-ils manqué ? Non. Le Poufsouffle a l'air plus stressé qu'un chat attaqué par un gamin de trois ans. C'est déprimant, j'échange un regard avec Eugénie qui soupire. Je l'ai rencontrée en première année et on est vraiment devenues amies il y a quatre ans, quand on a dû faire un exposé d'une heure pour présenter un objet moldu à la classe en Étude des Moldus. On avait travaillé sur le stylo à bille et on avait eu un O. Parce que c'est une excellente invention le stylo, bien plus pratique que les plumes avec lesquelles on écrit. Depuis, on adore travailler ensemble et elle est devenue partie intégrante de ma vie et de notre groupe. Je m'éloigne de ce satané examen, je n'ai plus envie d'en entendre parler. Déjà, ils nous avaient faits le coup avec les BUSE et j'avais très bien réussi, il n'y a pas de raison pour que ça ne fonctionne pas de la même façon avec celui-là.

En sortant de ce cours plus explicatif que pratique, je croise le regard de Léon Wilkes. Sa tête vicieuse commence déjà à me hanter. Je lui envoie des yeux noirs et il me répond avec un sourire moqueur avant de repartir avec son groupe d'amis aussi détestables que lui. Je soupire rageusement et tourne les talons. Je pense qu'il essaye de m'impressionner. La grosse blague, me connaît-il au moins un peu ? Je ne suis pas facilement impressionnable. Je ne me laisse pas impressionner de façon générale, je ne me décrirais même pas impressionnable par une licorne. La plupart des filles le sont, évidemment, c'est un équidé avec une corne, quoi de plus génial ?

Eugénie commente, d'une voix détachée, en dénouant ses cheveux blonds qu'elle avait attachés pour qu'ils ne trempent pas dans les potions :

« Il risque d'être un peu pénible, lui, non ? Ça ira pour travailler avec lui ?

- Un peu pénible ? Quel euphémisme ! Il va être horrible, j'ai vraiment pas envie de le fréquenter, de m'approcher de lui et surtout pas de travailler avec lui. De toute façon, il faut voir les choses en face, je vais travailler et il me regardera faire en souriant bêtement. »

Eugénie me jette un regard presque d'excuse et me donne un coup de coude. Je vois ce qui la fait réagir de cette façon. Lorcan Scamander qui nous dépasse sans s'arrêter. L'année commence vraiment bien entre nous. Je n'ai même pas pu croiser son regard bleu, je n'ai pas pu essayer de lui parler ou de remettre en place ses mèches folles qui lui arrivent généralement devant les yeux. Cette situation va vite devenir difficile à tenir. Elle hausse un sourcil :

« Vous vous êtes parlés pendant l'été ?

- Est-ce que ça a l'air d'aller mieux ?

- C'est-à-dire que ..., hésite-t-elle.

- J'espérais qu'il allait au moins faire comme si de rien n'était. Là, ça devient pesant. »

Je soupire alors que mon amie hoche la tête avec dépit. La seule pensée qu'il m'ignore me pince le cœur, je ne suis pas habituée à ça. Pendant l'été c'était simple de ne pas trop se voir ou de s'éviter en faisant comme si de rien n'était mais ça n'a rien résolu. Eugénie ajoute, un sourire doux aux lèvres :

« Et avec Lysander en préfet, ça va être joyeux !

- M'en parle pas. C'est de pire en pire... »

On finit notre route et notre journée en soupirant toutes les trois minutes, parce que c'est fatiguant de vivre à Poudlard avec des imbéciles. Lucy m'a dit un jour que j'étais une râleuse professionnelle. Je pense que c'est de famille, comme les cheveux roux. Combien de fois j'ai été obligée de l'écouter se plaindre que sa vie était nulle et qu'elle ne comprenait pas pourquoi son amour de toujours ne la regardait toujours pas ? Honnêtement, j'ai arrêté de compter.

Elle a tout de même passé le repas du soir à observer du coin de l'œil son Tristan en espérant à la fois qu'il la regarde et qu'il ne remarque pas qu'elle était bien trop obsédée par lui. Quand je lui ai dit de prendre son courage à deux mains pour aller lui parler, elle s'est mise à rougir en invoquant l'excuse de la timidité. Pour moi, c'est de la lâcheté. Elle n'essaye même pas de discuter avec lui pour voir s'il est aussi sympa qu'il n'y paraît. Je fronce les sourcils en pensant que la communication dans ce genre de situation est cruciale mais que moi-même j'avais été incapable d'en parler avec Lorcan l'année dernière. Il faut vraiment que je tourne la page. Aussi douloureux que ce soit. J'ai bien tenté de ne pas lâcher l'affaire mais y a-t-il encore une chance de sauver notre amitié ?

Lucy me rappelle à la réalité en commençant à ricaner avec ses deux amies. Je lui lance un regard interrogateur et exprimant bien ma lassitude. D'une voix basse surexcitée, elle dit :

« Molly, il vient de me faire un sourire !

- Tu es ridicule. »

Je soupire en tournant la tête pour observer le garçon de Troisième année qui lui fait tant d'effet. Il discute avec son petit-frère un peu plus loin sur la table. Mon accablante petite sœur me donne un coup de coude dans les côtes en chuchotant :

« Ne le regarde pas, il va trouver ça suspect ... »

Je hausse un sourcil amusé. Que fait-elle à longueur de journée ? Elle a toujours ses yeux rivés sur lui, pas étonnant qu'il fasse des sourires. À mon avis, ce ne sont que des sourires embarrassés qui signifient qu'il la trouve bizarre. Ce qu'elle est clairement. Je lui donne une petite tape sur la tête pour qu'elle se rende compte de son aveuglement avant de lui dire :

« Je ne pense pas que nous soyons vraiment sœurs. Honnêtement, je crois que tu as été adoptée et que tes vrais parents sont des fous enfermés à Sainte-Mangouste.

- Pourquoi tu es si méchante avec moi ? demande-t-elle en boudant, froissée par mes paroles.

- Parce que tu es si bête qu'on ne peut pas être de la même famille ! Regarde-toi enfin, Lucy, tu n'as plus de cerveau à force de trop regarder ce jeune homme. Au lieu de m'en parler toutes les trois minutes, si tu allais l'embêter lui plutôt ? »

Elle se vexe, devenant écarlate tout d'un coup et croisant les bras. Elle refuse de me parler à nouveau. Bon d'accord, susceptible comme elle est, on doit bien avoir un peu de sang en commun.

Molly II WeasleyWhere stories live. Discover now