Mardi 15 Octobre

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J'ai le sentiment de décevoir Godric Gryffondor, mais comme je ne supporte pas la colère absurde de Roxanne, j'évite le dialogue. Je me lève plus tôt pour ne pas avoir à la croiser ni en sortant du lit, ni au petit déjeuner, ni même dans la salle de bain. J'ai l'impression d'être un peu décalée par rapport à mon rythme habituel mais je préfère de loin être en avance au cours de Soin au Créatures Magiques, même s'il fait un peu trop froid dehors à mon goût. C'est déjà mieux que d'affronter le regard terrible de ma cousine. Alors je relis tranquillement mes notes, adossée contre un arbre. Quand soudain, j'aperçois un groupe de personne arriver derrière moi. Ils marchent en direction de la forêt et ils ne me remarquent pas mais j'entends tout de même leur discussion. C'est à fendre le cœur. Je les reconnais, ce sont des Poufsouffle de mon année Dorian, Rebecca, Ophélie et même s'il ne dit rien, je doute qu'il y a Scott avec eux.

« Non, sérieusement, s'offusque Ophélie Midgen, je ne comprends pas comment elle a pu te dire ça, Dorian. Tu es sûr qu'elle était sérieuse ?

- On ne peut plus sérieuse, confirme-t-il. Elle m'a dit qu'elle n'avait aucune pitié mais elle n'a pas voulu dire un mot sur ce qu'il s'était réellement passé.

- Je n'en reviens pas, dit Rebecca en soupirant. Elle a l'air d'être une fille sympa pourtant. Comme quoi, il faut se méfier des apparences.

- Ma mère m'a raconté des choses sur sa famille qui ne sont pas si formidables que ça... Franchement, j'ai peur qu'elle tourne un peu comme son père, soupire Ophélie.

- C'est vrai. J'ai lu dans la Gazette des Sorciers que c'était peut-être lui qui avait fait disparaître sa femme parce qu'elle le trompait, déclara l'autre fille d'un ton grave qui m'a mise hors de moi.

- En même temps, il ... »

J'ai tout fait pour essayer de laisser passer, de ne pas m'énerver mais j'ai l'esprit confus à cause de la colère et les nerfs à vif. La baguette dégainée, je dis d'une voix forte pour qu'ils se taisent et se rendent compte que j'étais là, juste derrière l'arbre.

« Vous êtes de beaux hypocrites. Si gentils et souriants et pourtant si malveillants une fois le dos tourné. Bravo, vous êtes de fiers représentants de votre maison qui prône la tolérance.

- On ne ..., tente Ophélie d'une voix hésitante.

- Vous pouvez me traiter de tous les noms, je m'en contre-carre. En revanche, ne vous avisez plus jamais de parler de ma famille comme vous l'avez fait. »

Ils évitent de croiser mes yeux noircis par l'irritation, ils ont comme peur de moi. Ça me donne presque envie de rire mais je me rends compte que je les avais toujours considérés comme des amis avant. Et voir le peu de considération qu'ils ont pour moi finalement, ça m'attriste. Parce que j'ai cette terrible impression que tous ceux en qui j'avais confiance me tournent le dos. Ça a commencé avec Lorcan, puis Roxanne et ça entraîne tout le monde dans cette spirale effrayante.

Mon regard croise celui de Scott. Il est clairement responsable. Il m'observe, sans rien dire. J'ai du mal à savoir ce qu'il pense. Mais qui a dit que c'était quelque chose qui m'intéressait ? Je finis par hausser les épaules en me dirigeant vers le cours de Soin aux Créatures magiques.

Je les ai laissés tous embarrassés, à ne pas savoir comment réagir, muets. Léna me rejoint, quelques minutes plus tard, devançant de quelques mètres Fred et Roxanne qui avaient l'air dans une longue et pénible discussion où Roxanne levait les yeux au ciel et soupirait toutes les trois secondes alors qu'il essayait de parlementer. Peut-être défend-il ma cause. Léna me fait un petit sourire et me demande de sa voix douce habituelle :

« Tu as bien dormi ?

- J'ai l'air si fatiguée que ça ? dis-je en plissant les yeux. J'imagine que oui, pourtant, la nuit est si agréable.

Molly II WeasleyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant