Jeudi 5 Septembre

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Je commence déjà à retrouver ma petite routine, les jours commencent déjà à se répéter. Mais tout va bien pour moi, je profite pleinement de mes responsabilités et de ma nouvelle autorité. En temps que Préfète-en-chef, je peux faire plein de choses vraiment sympa : martyriser les petits nouveaux, remettre en place les anciens, donner des retenues et enlever des points aux Serdaigle quand ils en ont trop. Je ne suis pourtant jamais méchante, bien entendu. J'apprécie juste voler certains oreillers de certaines fillettes pour ma vengeance personnelle et les tourner en ridicule. Mais je n'ai pas fait exprès au fond, je devrais être excusée. Et puis le résultat était indéniablement hilarant, tous ceux qui sont au courant de la vérité sont d'accord avec moi.

Les professeurs ne sont pas en reste, ils profitent beaucoup plus de leur propre autorité que moi. Je pense sincèrement que ça me donne le droit de me détendre ensuite sur les autres qui ont aussi passé une journée pleine de « Les ASPIC sont la pire chose que vous ne connaîtrez jamais ! » ou encore «  Si déjà une personne dans la classe arrive à avoir un Acceptable, ce serait exceptionnel... ». Je devrais prendre en note chaque phrase déprimante que nous disent les professeurs, ça ferait peut-être du bien de les brûler ensuite en chantant autour d'un feu à minuit dans la Forêt Interdite. Le principe est sympa, je le retiens pour la prochaine fois que Madame Griffith nous répète le nom complet de l'examen. Accumulation de Sorcellerie Particulièrement Intensive et Contraignante. Qu'y a-t-il de plus inquiétant que le nom même ?

Mais peu importe, j'ai l'intention de les réussir sans difficulté. Certains diront que j'ai payé McGonagall mais je vous parle simplement de talent. D'ailleurs, j'étais justement aujourd'hui dans son bureau avec le charmant très cher Léon Wilkes sur qui je me suis retenue de cracher devant Minerva, ce n'est pas poli. Même si elle se relâche un peu en ce moment, je dois continuer à la respecter pour son regard autoritaire si inspirant.

On était donc là, le cauchemar et moi, à regarder notre vénérée directrice nous annoncer gentiment d'organiser un événement dans le château. Le but étant d'intégrer les Première année, de mettre de l'animation et de favoriser l'entente entre les maisons. Le sérieux, ça se perdrait pas avec l'âge ? Je suis sûre qu'elle n'avait pas de mauvaises intentions mais me faire perdre mon temps libre qui est déjà rare pour travailler avec Léon Wilkes, c'est-à-dire seule puisqu'il n'a pas de cerveau adapté à ce genre d'exercice, pour aider des morveux et faire copains-copains avec mes chers camarades de Serpentard qui crachent dans mon dos ... Non merci, c'est trop pour moi.

C'est pas comme si on avait déjà quelques tonnes de devoirs alors qu'on n'était qu'à la première semaine de cours et que la salle commune était une horreur sans nom qu'il fallait sans arrêt surveiller et que les nouveaux préfets étaient lents à la détente. Cette femme est incroyable mais elle est dénuée de pitié.

On est sorti de son bureau et j'ai ignoré mon pauvre coéquipier qui a eu la mauvaise idée de vouloir entrer en contact avec moi. Désolée, la planète Molly Weasley n'est pas accessible pour le moment, veuillez réessayer dans une cinquantaine d'années, si elle ne vous tue pas avant.

Il faut dire que la journée était particulièrement mauvaise. En plus de cet amoncellement de choses à faire et penser, il y a eu autre chose qui m'a plutôt contrariée. Eugénie, ma chère amie de Serdaigle, est venue me dire qu'une rumeur circulait sur moi. Déjà. Fausse sans aucun doute, comme la plupart des rumeurs qui ont été dites sur moi jusqu'à présent. 

J'ai déjà été accusée de triche à un devoir sur table d'Arithmancie et j'avais trouvé ça drôle parce que la Professeur était de mon côté et me soutenait parfaitement quand je disais que j'étais juste la meilleure et qu'il ne fallait pas chercher plus loin. Je crois que les autres étaient jaloux de mon talent, qu'est-ce que j'y peux si je ne peux pas copier sur eux sans devoir recorriger derrière ?

Il y en a eu une autre aussi une fois. Sur un prétendu petit-ami américain d'Ilvermorny que j'avais rencontré en vacances entre ma quatrième et cinquième année. Malheureusement, il n'a jamais existé. Je crois que c'est Roxanne qui a voulu me faire une blague un jour et ça avait pris plus d'ampleur que ça n'aurait dû. C'est fou comme ma vie personnelle intéresse les élèves de Poudlard alors que la plupart du temps, il ne s'y passe strictement rien.

Je suis célibataire depuis des années, fière de l'être mais un peu embêtée à cause de ce qu'il s'est passé l'année dernière avec Lorcan Scamander. Depuis notre première année à Poudlard, on était de bons amis, voire de très bons. Je le considérais même comme mon meilleur ami. Jusqu'à ce que l'année dernière, on se rende compte tous les deux qu'il y avait peut-être plus que de l'amitié entre nous. Ah, la fameuse erreur... Pour moi, ça a été douloureux. Pendant toute une période, on était gêné en présence de l'autre et on savait qu'on avait des choses à se dire que l'on n'arrivait pas à formuler. Le temps a passé et la fin de l'année est arrivée et il y a eu cette erreur impardonnable de ma part qui a tout gâché. Du jour en lendemain, c'était devenu impossible comme situation, je me suis éloignée de lui. Je ne suis pas sûre qu'il ait compris pourquoi mais ça vaut peut-être mieux pour mon intégrité que ça reste secret pour le restant de mes jours. Depuis, le froid s'est installé et tout l'été, nos familles se sont vues, tout le monde s'amusait mais ce n'était plus pareil. J'ai peur que ça ne revienne plus jamais, cette complicité. Envolée, l'amitié comme le semblant d'amour.

Roxanne m'a dit plusieurs fois qu'elle ne comprenait pas. C'est normal, tout est simple pour elle, elle est avec Evan depuis des années et n'a aucun problème. Ils sont exactement sur la même longueur d'onde. Parfois, ils leur arrivent de dire la même chose en même temps sans même se regarder ou de savoir où l'autre se trouve alors qu'ils se sont à peine croisé dans la journée. Au début, c'était un peu différent mais qui s'en souvient ? Ma cousine elle-même pense que ça a toujours été parfait. Est-ce qu'on peut quand même rappeler ce moment de faiblesse qu'elle a eu avec Côme Selwyn, Serpentard de sa personne, à peine moins pire que Léon Wilkes ? Moi, je me rappelle, même si je ne suis pas sûre de comprendre tout à fait pourquoi elle avait fait ça.

Ce sujet de l'amour est plutôt crispant. Je ne supporte pas la niaiserie du couple et les raisons pour lesquelles tout le monde trouve ça mignon. J'ai envie de vomir à chaque fois que je surprends des gens en train de se caresser dans les salles vides la nuit. Il y en a beaucoup plus que ce que l'on croit. Au grand malheur des Préfets-en-chef qui doivent faire des rondes le soir, n'est-ce pas ? Quoi que je suis sûre que Léon en profite pour mater.

Enfin peu importe, là, je n'ai pas vraiment réussi à savoir de quoi il s'agissait cette fois parce que Mademoiselle Eugénie Lebeau n'a pas été capable de me dire ce qu'était ladite rumeur tellement elle riait. Je n'arrive donc pas à savoir si c'est vraiment compromettant. À mon avis, il y a juste un Troisième année qui a tenté de faire son intéressant en racontant des choses sur moi parce que je suis une cible facile. Parce que je suis connue. Roxanne m'aurait frappé sur la tête pour avoir dit ça mais je ne l'ai pas dit à voix haute, c'est bien joué de ma part, non ? Elle ne peut pas lire encore mes pensées alors je souffre un peu moins. Il faut dire qu'elle a beaucoup d'humour mais qu'elle ne comprend pas bien le mien. Comme la plupart des gens je crois. Sinon, ils ne se vengeraient pas en racontant n'importe quoi.

Je sais que tout le monde ne m'apprécie pas. J'ai cette mauvaise manie de me mettre les gens à dos. Et je mens aussi parfois en disant que tout le monde me respecte. Mais la vérité, c'est que je fais peur aux petits et les autres ont arrêté d'essayer d'échapper à la sanction. Ils ont le droit à une retenue mais ils continuent quand même. Je pense sincèrement que certaines personnes me jalousent, je ne vois pas trente-six mille raisons pour me détester. À part peut-être la haine réciproque. C'est sûrement ça, je fais tout pour rendre leur vie aussi détestable qu'eux et ils me le rendent bien.

Si je devais me définir en trois mots, la version honnête serait : méchante, puissante et ironique. Il faut vraiment que j'arrête avec ce délire de mégalomanie. Je suis Préfète-en-chef, pas la reine du monde. Les gens risquent de croire un jour que je prends vraiment la grosse tête alors que ça m'amuse juste de profiter de mon autorité toute neuve. Il me faut un petit temps d'adaptation, je suis humaine quand même. Certains en doute mais je le confirme.

Tout ça pour dire que je vais devoir me remettre à la chasse à la rumeur et à l'imbécile avec mon regard digne d'une Minerva McGonagall. Ai-je véritablement du temps à consacrer à de telles idioties ? Non, et puis je déteste ça.

Je blague, c'est ma passion. Martyriser les idiots. Ils me le paieront. Cher. 

Molly II WeasleyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant