66. Mignons

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Smile de Boostee en média.•


Manon




Évidemment que je ne risque pas de l’oublier de sitôt. D’abord que ça représente beaucoup pour nous deux sur le plan artistique puisque c’est une expérience nouvelle et intense. Mon corps n’avait jamais été exploré de la sorte puis je suis certaine qu’il s’agit de la première fois qu’il se trouve avec une fille nue aussi longtemps sans que ce ne soit une partie de jambes en l’air.

À cette pensée, je jette un coup d’œil à son entrejambe. J’étouffe mon rire afin de ne pas déranger son esprit créatif et rendre le moment plus gênant. Une pointe de fierté me pince. Je détourne le regard avant qu’il ne remarque quoi que ce soit. Mes dents s’appliquent à mordiller l’intérieur de ma joue pour retenir mon rire.

― Tu ignores l’effort que je fournis pour ne pas te sauter dessus en ce moment et depuis quatre heures déjà.

Je trotte sur un pied. La énième fois que je bouge ce qui me vaut un regard de bienveillance mêlée à de la contrariété. Je n’arrive plus à masquer mon sourire.

― Te moquer de moi m’affaiblit, Manon.

― Ne roule pas de galipettes chez moi.

Je répète les paroles de mon père avec un sourire en coin. Je donnerai n’importe quoi pour assister à cette discussion. Il s’essouffle de lassitude puis s’approche de moi.

― Ferme les yeux !

J’obéis. Les poils du pinceau roulent une fraction de seconde sur mes deux paupières.

― Tu peux les rouvrir.

Il pose son matériel et recule pour m’admirer. Comme l’on admire une œuvre d’art.

― L’œuvre la plus complète que j’ai jamais faite. Il ne me reste plus la plante de tes pieds. Tu devras t’asseoir pour cela.  

Je m’exécute avec la plus grande précaution du monde.

― Est-ce qu’il fait nuit?

Les rideaux sont tombés, impossible de voir vers l’extérieur. Il fait quelques pas en direction de celle-ci et tire. Un ciel orangé me laisse deviner l’heure qu’il est.

― Que dira ton père s’il me trouve ici?

Je pouffe. Le brun me regarde de haut puis se remet à la tâche. Je me permets de regarder son travail pendant qu’il le fait. Il a vraiment mis l’infini sur ma peau.

― Tu es vraiment heureuse aujourd’hui. Tu ris pour un rien. Et j’aime ça.

Il me fixe dans les yeux une demi-seconde, me sourit puis continue d’appliquer son pinceau. Mon corps s’affecte de picotement lorsque les poils parcourent la plante de mes pieds. Je gigote légèrement, ce qui arrache un faible rire à l’artiste.  

― Je suis heureuse avec toi et j’aime ce sourire, susurré-je.

― Ah ! T’es heureuse avec moi ! Je n’avais pas remarqué, plaisante le brun.

Je lâche un profond soupir après l’avoir contemplé.

― Qu’est-ce que je fais si j’ai envie de t’embrasser?

Il m’observe de ses grands yeux noirs, un bruit excitant écarte ses lèvres mais aucun mot n’en sort. Ce moment aurait pu être tendu, gênant ou sensuel cependant il n’en est rien sinon sentimentalement fort. Je ne suis jamais senti aussi proche de lui qu’en cette infime seconde. Il baisse les paupières puis ajoute :

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