58. J'ai entendu sa voix

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L’air qui pénètre mes poumons est insuffisant. J’ai du mal lorsque je respire profondément. Je souffre dans toute ma chair. Pourquoi j’ai mal? Mon Dieu que m’est-il arrivé?

Mes paupières clignotent. Je perçois une puissante lumière blanche à travers mes cils. J’essaie de bouger mais je n’y arrive pas. Comme si mon corps est piégé dans un bloc de glace.

Est-ce cela la mort ?

― Il est resté dans le coma 63 heures et 27 minutes. Sa température est constante mais on va le maintenir en sérum le reste de la journée.

Coma?

Comment ça?

J’essaie de me redresser, la douleur de mes vertèbres me freine. Une main me maintient allongée. Je m’agite, ma vue s’éclaire. Je perçois des machines qu’ils débranchent à mon corps. L’hosto? Je suis à l’hosto.

― Que…m’

Merde! Pourquoi ma langue pèse une tonne? Je n’arrive pas à articuler la moindre syllabe. Mes yeux s'habituent à la lumière et voyagent partout dans la pièce.

― Vous sentez vos pieds Ayden? Clignez trois fois les paupières.

Je fais ce qu’il me recommande lorsque le métal froid touche la plante de mes pieds. Je ne comprends pas pourquoi je ne devrais pas sentir mes pieds.

Je tente de parler une seconde fois mais mes paupières me plongent dans un noir obscure. Je jurais avoir entendu la voix de Manon et de Louka, puis de mon père et celle de Lola.

Je me souviens de chacune des phrases de Manon. Je me souviens de ses larmes et de ses rires étouffés sous ses sanglots. J’ai dû faire un rêve, un merveilleux rêve.

― Injecte lui ses médicaments.

)()(

Je ne compte plus les heures durant lesquelles Lola me réchauffe ma main valide sans laisser entendre un seul mot. Je fixe le plafond bleu pâle que je préfère aux murs blancs. Le silence plombant de la salle me pèse le torse.

Je suis loin d’ici. Très loin. Je suis avec Manon et Zoé. Au milieu d’un champ en Caroline du Nord. Une nappe brodée à rayure rouge et blanc porte les vivres; l’herbe est fraiche, aussi fraîche que le vent qui me caresse mes pores. Le ciel est beau, gris mais beau. Zoé demande à Manon de courir et je vois les deux meilleures femmes de ma vie dégringoler la pente jusqu’à la plaine d’un vert pâle et transparent. Elles sont à des dizaines de mètres de moi mais j’entends leurs rires mélodiques. Je croise mes pieds sous mes cuisses et croque ma fraise. Et le monde se bascule. La page se tourne et je retrouve sous une averse de pluie car Manon m’a poussé hors de sa maison.

― Va-t’en. Je ne veux plus avoir à faire avec toi, disparais de ma vie.

― Je… Le claquement violent de la porte me coupe.

Streets Of YouWhere stories live. Discover now