INACCESSIBLE

71.

Elle

Je ne me suis jamais sentie aussi mal de toute ma vie, c'est comme si l'humanité avait déversé

tous ses problèmes sur la petite personne que je suis. Mais je ne peux pas me plaindre, puisque je

suis la seule à blâmer dans cette histoire. Tout ceci n'aurait sûrement pas eu lieu si je n'étais pas

entrée dans la chambre de cette fille, des années plutôt, et si je n'avais pas agi comme une conne.

Mais il est bien clair que j'étais à la recherche de ma tante, disparue mystérieusement, et cette

chambre était l'un des seuls repères dans ma mémoire. Mais Ryan a raison, ce qui est fait est fait.

N'empêche que j'ai une douleur atroce qui me transcende la poitrine.

J'entre dans ma chambre après avoir parcouru difficilement les quelques centimètres qui séparent

la chambre de Ryan de la mienne. Je m'écroule sur mon lit en repensant à tout ça et décide de

m'endormir pour plonger dans un sommeil où j'éclipserais tous mes problèmes pendant un laps de

temps. Parfois, j'aimerais ne jamais me réveiller dans des moments tels que ceux-ci, mais il faut

toujours affronter et assumer ses actes.

...

Je suis réveillée par un coup de fil insistant. Je suis tellement fatiguée que je décroche sans

prendre la peine de connaitre l'identité de mon interlocuteur.

- Allô...

- Salut ma belle, alors comment tu vas ? J'ai bien senti durant notre dernière conversation que tu ne

m'avais pas tout dit, alors là maintenant, je suis toute à toi...Craches le morceau ! Demanda April à

l'autre bout du fil.

Je bâillais et pris quelques minutes pour remettre les idées en place dans ma tête, avant de lui

raconter tout. Oui, je lui ai raconté tout. Du fait que Ryan sait que c'est moi l'origine de son inconfort

au fait qu'il m'ai encore avoué des sentiments qui dégageaient une sincérité sans pareille, en passant

par le fait que j'ai largué Brandon. Je lui ai aussi avoué la raison pour laquelle Ryan a tourné cette

sextape et a foutu ma vie en l'air. Maintenant, April connaît tout de ce qui s'est passé dans ma vie,

autant que moi.

- Pauvre Brandon

- Ouais...dis-je sans l'expression d'un sentiment prononcé.

- Pour ce qui est de Ryan, Amber, je suis désolée, certes il a eu un mal constant, mais ce que tu as subi

a pris une ampleur très élevée et...elle marqua un arrêt. Dis-toi juste que c'est passé, la vie peut être

cruelle parfois.

Je soupire et nous continuons de discuter pendant une bonne trentaine de minutes avant qu'elle

ne raccroche. Profitant du reste de la soirée, je m'attèle à faire des devoirs et à revoir quelques

notions de cours.

...

Les jours qui suivent sont très similaires. Je remarque que je me suis beaucoup détachée des