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Lui

Mon jet privé va décoller dans une demi-heure de l'aéroport de Teterboro. J'attends patiemment le départ en sirotant une coupe de champagne, je lis quelques magazines, ainsi qu'un livre sur la physique quantique que je trouve intéressant. Je ne vis pas le temps passer quand l'hôtesse entra dans mon salon avec une table roulante. Sa chevelure blonde est droite et sa silhouette est élancée. Son chemisier est ouvert pour je ne sais quelle raison, et elle se courbe adroitement pour me servir mon plat et pour que je n'ignore pas la paire de seins qui se cache derrière son foulard. Quand elle remarque que son plan a marché, elle sourit et continue son service, en se courbant encore plus.

Hum. Je ne sais pas qui engage ce genre d'hôtesse.

-Ca vous arrive souvent d'oublier de porter votre brassière en même temps que de boutonner de votre chemise ?

-Excusez-moi monsieur, mais je suis nouvelle, réplique-t-elle timidement.

Je vois bien son jeu. Elle essaie de m'attirer dans l'ampleur de son désir, malheureusement pour elle, je n'ai plus envie de coucher avec chaque herbe du champ de blé que je traverse.

- Merci, lui dis-je quand elle finit de me servir.

- De rien monsieur.

Elle ne retournait pas dans sa cabine et me regardait comme un félin en quête de sa proie.

- Vous n'avez pas besoin d'autres choses, monsieur ? Susurra-t-elle en retirant de mes lèvres mon verre.

Elle rapproche son visage du mien, et je prends sa mâchoire entre ma main droite.

- Si j'avais besoin d'une distraction pendant le voyage, j'aurais fait le trajet avec ma partenaire, pas besoin d'une pute de service. N'agissez plus de la sorte le reste du voyage, votre attitude est très déplacée...Jane, lisais-je sur son écusson. Je toucherais deux mots à votre employeur.

Du haut de ses escarpins, elle reprit la table et repartit d'où elle venait, le visage décomposé et trempé de honte. Sûrement, elle avait entendu parler de mes antécédents de playboy et espérait passer le reste du voyage sous ma braguette, mais je n'ai pas la tête à faire ça. Il faudra aussi que je demande à ce qu'on change mes employés pour des personnes plus âgées ou épanouies sexuellement.

Et quelle histoire de partenaire ! Je me mis à rire, je n'en ai aucune pour le moment, si on oublie Jessica...Je jette un coup d'œil sur mon buffet et me réjouis du fait qu'ils n'aient pas oublié que je suis végétarien. Je savourai donc un seitan pané avec du quinoa au cumin accompagnés de l'un de mes vins rouges préférés, le Cabernet Sauvignon.

...

Après l'atterrissage, un agent vint m'aider à descendre mes bagages et à les mettre dans une limousine qui sera à ma disposition pour mon séjour à New Haven, d'ailleurs, il y en a trois, mais je ne les utiliserais que rarement. Je préfère prendre une de mes voitures personnelles pour mes déplacements dans le campus, aux fêtes de fraternité ou d'autres évènements qui ne nécessitent pas l'utilisation de toute une limousine, que je trouve déplacée. Je suis loin de l'Upper East Side, je suis étudiant et indépendant et n'ai pas besoin de chauffeur h24.

Je suis conduis dans ma résidence à New Haven, il est évident que je ne dormirais pas dans ces logements universitaires miteux partagés avec d'autres élèves venus des quatre coins de la planète. J'habiterais dans une suite au Crawford Paradise, un hôtel appartenant à mon père. Tout le personnel m'accueille comme il se doit, ils m'offrirent des cadeaux de bienvenue : des fleurs, des boissons, des paniers et il y avait même un orchestre. Je montai dans ma suite et y découvris un immense salon dont l'aménagement agençait styles classique et moderne. Je dispose de deux écrans géants qui recouvrent les deux tiers des murs sur lesquels ils sont accrochés, un balcon assez spacieux et un personnel privé de l'hôtel à portée de main.

...

Le lendemain, je dois déjà me rendre à l'université. Je suis prêt mais pas assez motivé pour raffiner mon style vestimentaire, je porte juste un jogging, un polo et des sneakers noires. Je me rends dans le parking souterrain et choisis ma Chevrolet Volt pour aller à Yale.

...

Je gare dans un des parkings du campus et sort prendre de l'air. Je marche pendant près d'une heure et ne semble pas avoir visité plus du quart de l'université. C'est rare que je sois aussi matinal, les autres ne devraient pas tarder à arriver. Je sors de la faculté et me rend dans un kiosque pour acheter une clope. Une fille descend d'un véhicule gris qui se dirige vers les habitations du campus et y entre avant moi, elle demande des friandises et semble chercher de la monnaie dans son sac.

- Excusez-moi, mademoiselle, vous arez besoin d'aide ? Proposai-je.

Elle semble surprise et reste figée un moment.

Oh non.

Elle se retourne et je mets cinq minutes à filtrer l'information. Je la dévisage, comme si je cherchais la personne à qui elle me faisait penser mais elle est bien là. En chair et en os, se tenant devant moi. Amber. Je perds tous mes mots, je déglutis et n'arrive pas à aligner mes pensées. Une vague d'émotions me submergent à cet instant précis, de l'étonnement, de l'incompréhension...et de la joie. Elle a beaucoup changé, j'en perds le souffle. Elle s'est mise en valeur durant ces derniers mois, c'est impossible que ça soit la même fille que j'ai rencontré au lycée.

-A-mber?

J'étais happé. Elle a taillé et lissé sa chevelure qui encercle adroitement son visage, une mèche se dressait derrière son oreille, ce qui ajustait les courbes de sa face. Elle était déjà belle, mais là c'est presque anormal d'être aussi attirante au premier regard. Je n'arrive pas à détourner mes yeux, son visage est dégagé, ses sourcils parfaits et ses lèvres m'ensorcellent dangereusement. Il faut que tu te reprennes.

- Excusez-moi monsieur, vous devez me confondre avec l'actrice de porno. Maintenant, je m'appelle Tiffany, rétorqua-t-elle avant de sortir du kiosque.

J'humai son parfum, mais ses mots me refroidirent rapidement. Non seulement elle me semblait neutre de me voir, mais elle me vouvoya et me dit qu'elle s'appelait Tiffany. C'est une mauvaise blague, j'espère. Je sors du kiosque sans acheter ma cigarette pour la rattraper, mais elle a disparu. C'est vrai que je lui ai fait subir les pires atrocités du monde, mais il faut que je lui reparle. Elle risque de bousculer mon quotidien à Yale. Ce qui est sûr, c'est qu'il faut finalement que je réserve une chambre dans une des résidences universitaires.

INACCESSIBLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant