INACCESSIBLE

64.

Lui

Je suis les deux tourtereaux qui se dirigent tranquillement dans une boutique de décoration

intérieure. Je gare deux voitures après eux, et essaie de me faire petit. J'entre ensuite dans

l'établissement quelques minutes plus tard. Je cherche des yeux Amber, quand j'entends son ami

parler.

- Je reviens, attends-moi, j'ai oublié mon portefeuille dans la caisse, dit-il en se précipitant dehors.

Je me retourne instinctivement et mime de m'intéresser aux objets exposés dans les rayons.

Quand je détourne mon regard, j'aperçois Amber, avec des articles prêts à être enregistrés en caisse.

Je m'approche d'elle. Je racle ma gorge et la caissière me dévisage.

- Je peux vous aider, monsieur ?

Je ne lui répond pas, bien trop concerné par Amber, qui se retourne et lève les yeux au ciel.

- C'est pas possible, tu me suis ? S'étonne-t-elle.

- C'est un lieu public, non ?

- Mais j'ai tout de même l'impression que tu m'as suivi, répliqua-t-elle.

- Non, je viens juste faire des courses, tentais-je de me justifier.

- Tu es complètement trempé, tu pues la cigarette, et tu n'as aucun article dans les bras, vas te

changer plutôt ! Dit-elle en se bouchant le nez.

- Amber, je veux juste que tu m'écoutes, la suppliais-je.

Là je veux vraiment qu'elle m'écoute, juste une seconde, je ne sais plus quoi faire. Je n'aurais plus

de munitions si elle refuse de m'accorder du temps. Je pense que lui dire ce que je ressens au fond

de moi fera l'affaire. Qu'elle me croie ou non, j'ai changé et je regrette maintenant tout ce que j'ai pu

lui faire. Elle n'est pas complètement innocente elle non plus, mais je n'arrive plus à me la sortir de la

tête. Je regrette vraiment Elisa, mais Amber est la seule personne à avoir pu me faire de l'effet

comme elle. Peut-être je la maltraitais seulement pour faire fuir cette idée, ou plutôt cette vérité de

ma tête. J'essayais de me rassurer que je n'aimerais personne d'autre autant que ma chère Elisa,

mais les faits sont là et je ne peux plus les nier. Elisa est partie désormais, bien qu'à cause d'Amber,

mais je lui ai déjà pardonné parce qu'elle me fait ressentir ce à quoi je ne m'attendais pas, et je ne

vais pas passer toute ma vie à pleurer dans les bras d'un fantôme passé.

- Qu'est-ce que tu n'as pas encore compris dans « On n'a plus rien à se dire Ryan » ? C'est fini !

S'agaça-t-elle.

- Mais, je t'aime...lui avouais-je à la seconde où elle mit des écouteurs dans ses oreilles.

Ne réagissant pas et ne me regardant même pas, j'imagine qu'elle n'a pas dû entendre mes

derniers mots. La caissière elle, s'était absentée de son poste et nous n'étions qu'à deux dans le petit

magasin.

C'est la deuxième fois au cours de ma vie que je ressens et que j'avoue mes sentiments pour une

fille, et la première fois que ça me fasse autant mal. Je sais qu'elle a de l'amertume à cause de mes