INACCESSIBLE

11.

Elle

Je comptais les bénéfices de cette soirée dans le taxi.

250 putains de dollars ! Oh mon Dieu, merci ! C'est la première fois que je tiens autant de billets entre les mains, en plus monsieur Silver n'a pas vérifié si j'ai respecté ma part de contrat en m'occupant de M. Barnes. Je frissonne à l'idée de tout ce que je pourrais bien m'offrir avec. Quand le taxi me dépose, il ne tarde pas à fuir l'insécurité de ce quartier et je me retrouve seule sur le trottoir, dans la pénombre. Le spectacle qui m'attend à mon arrivée ne m'étonne pas. Mes parents et mon frère jettent leurs regards sur moi, une fois la serrure déverrouillée.

- Qui est décédé ? Plaisantais-je afin de détendre l'atmosphère.

Ce qui ne fut pas le cas.

- Ce n'est pas drôle Amber.

- Salut papa...

Un homme musclé, aux cheveux en bataille et au visage courroucé me fait face. Je ne sais pas où me mettre quand il me dévisage ainsi. Quelle prière faut-il réciter pour être avalée par les planches du parquet ?

- T'as vu l'heure, ma parole ! S'inquiéta ma mère.

Je me confie aux chiffres de l'horloge du salon qui indique l'heure que je n'ai pas sur le poignet.

00h45.

J'imagine leur inquiétude, je ne suis jamais rentrée aussi tard sans prévenir. Je dépose mon sac sur le dossier d'un fauteuil, attendant qu'ils finissent leur interrogatoire digne du FBI. Ils dépecèrent chacun de mes mouvements depuis ma sortie de la maison. Plusieurs théories émergèrent mais j'avais besoin de leur mentir pour espérer rentrer dans ma chambre avant le lever du soleil. Je ne pouvais ni parler de la tentative de viol ni de mon nouveau boulot, si je tenais à ma liberté.

- Je suis désolée pour l'angoisse causée, mais après mon service au café, je suis allée chez Addison parce qu'on avait un devoir important à rendre le lendemain...l'exercice était difficile, j'ai dîné chez eux, je n'ai pas vu le temps passer et mon téléphone était éteint. Mais promis, ça ne se re produira plus.

Ils analysaient ma réponse, cherchant à déterrer le moindre mensonge dans mes paroles.

- Chérie ne nous refait plus jamais une frayeur pareille, ok ? Murmura-t-elle en m'enlaçant.

Elle me souhaita de passer une bonne nuit avant de disparaître dans le couloir avec mon père. Tyler suivit leurs pas et je pouvais enfin souffler d'avoir échappé à leurs griffes.

Je rentre dans ma petite chambre basique d'adolescente et m'écroule sur le lit. Je fixais la bibliothèque que mes parents avaient installé, en me repassant le film de ce soir. Une armoire pleine de livres du 18ème siècle appartenant à ma grand-mère observait mon visage rêveur...Mes parents les voient comme héritage mais tant que leur vente ne génèrera pas de l'argent, je les considérais comme les vieux bouquins encombrants de ma chambre.

Mon estomac gargouille, signe d'une famine imminente. Je file rapidement vers la cuisine pour trouver de quoi grignoter. Je n'ai rien mangé depuis mon service au Café. Le frigo est assez rempli, j'y retire des tranches de jambon et de la mayonnaise. Je prends des tartines de pain et prépare mon sandwich quand j'entends des pas claquer violemment le parquet.

- Mais t'es malade, tu vas réveiller les parents ! M'énervais-je.

Tyler hausse ses épaules.

- Je n'ai pas du tout cru à ton histoire de devoirs chez Addison.

- Ca c'est ton problème, pas le mien.

- Je ne suis pas dupe burger, j'ai clairement vu ton jeu, tu nous as menti.

- Alors, ne le dis pas aux parents, lui demandais-je en croquant dans mon sandwich.

- Bien sûr, si tu me dis où t'étais.

- Rêve toujours et tu ferais mieux de la fermer devant les parents.