/!\ Je tiens à préciser que ce chapitre contient plusieurs scènes violantes voir sanglantes. /!\
« Toujours un mètre trente de distance entre vous, c'est indispensable pour notre survie à tous »
« Le virus affectant toute la partie est d'Eldarya semble s'étendre progressivement vers le Nord malgré la quarantaine. Pour l'instant nous ne sommes pas touchés par ce phénomène, c'est donc par précaution que nous interdisons toutes sorties en dehors du QG. Notre escouade se trouvant au nord, se réfugiera dans un siège de la garde sur place. Ils se seront placés en quarantaine jusqu'à nouvel ordre.
- Ont-ils été contaminé ?
- Nous ne savons pas.
-Quels sont donc les symptômes de ce virus ?
-Simple rhume qui évolue en suite par des saignement naseaux ainsi qu'oculaire, vomissement de sang, transpiration. Et dans 100% des cas observés la mort s'en suit.
Il se transmet principalement par les liquides, transpiration, sang. Et...en cas de zone de contagion, des gants ainsi qu'un masque devront être portés »
Étendue dans mon lit, je repensais aux paroles de Miiko lors de la réunion. Comment un tel virus avait-il pu naître si soudainement ? Causant des centaines de morts alors qu'il était apparu il y a seulement trois jours, le nord tentait tant bien que mal de créer un vaccin qui permettrait de lutter. L'est d'Eldarya était déjà séparé en deux, une zone contaminée et une zone libre. Les laborantins travaillaient sans relâche depuis l'énonciation de ce virus mortel, du moins ceux qui avaient la possibilité de l'étudier. Ce n'était pas le cas, ici étant donné que personne n'avait contracté cette maladie. Me stressant toute seule, je sortis de ma chambre. J'arrivai dans le hall où les chefs de gardes semblaient rassembler des cartons.
- Qu'est-ce que vous faites ? demandai-je.
- Rien qui ne te regarde, ricana Ezarel.
Je lui lançai le regard le plus mauvais que je pus mais Nevra interrompit notre échange silencieux.
- Eh princesse ! commença t-il en me mettant un des cartons dans les bras. Tu veux bien nous aider à apporter ça dans l'infirmerie ? On a bientôt une réunion avec Miiko...
- Encore ? ne pus-je m'empêcher de faire remarquer.
Ezarel passa une main le long de sa mâchoire en montant les escaliers.
- Je ne sais pas si tu te rappelles mais nous sommes en pleinne épidémie d'un virus mortel, souffla t-il. Alors oui, les réunions nous allons en manger pendant encore longtemps...
Alors que j'allais lui sortir une réponse bien sanglante je fis tomber le carton, renversant tout son contenu au sol. Confuse devant le visage sévère d'Ezarel je me baissais rapidement pour tout rassembler.
- Désolée, commençai-je. Je...
Le matériel étendue par terre me laissa coite...des masque et des gants ?
Je regardai Nevra inquiète. La maladie s'était-elle étendue jusqu'ici ?
- C'est juste au cas-où, précisa le vampire devant ma mine. On est jamais trop prudent dans ce genre de situation.
J'acquiesçai faiblement, peu rassurée. Et si le virus arrivait ici ? Comment ferions-nous ? Sans attendre un instant de plus je remplis de nouveau le carton. Il n'était pas nécéssaire de ressasser ces hypothèses. Peut-être qu'un des médecins trouveraient bientôt un remède miracle ? Je l'espérais.
Alors que les garçons allaient partir dans la salle du Cristal, Miiko vint à leur rencontre. Nevra me lança un regard en biais tandis que je fis semblant d'empiler les cartons restant. Du coin de l'oeil, je les observai attentivement. Valkyon restait de marbre face aux paroles de la Kitsune alors que ses deux amis fronçaient les sourcils. Qu'était-elle en train de leur dire ?
Essayant tant bien que mal d'écouter leur conversation, Ikar paniquée, pénétra dans la pièce, m'empêchant de continuer
- Comment c'est possible ? cria Miiko alors que l'expression qu'affichait les garçons n'avaient toujours pas changé.
- J-Je ne sais pas ! bafouilla t-elle. Nous venons de recevoir une missive.
Nous nous figeâmes tous lorsqu'un bruit suspect retentit à l'extérieur. Perplexe je me relevais en lançant un coup d'oeil à Nevra. Il croisa mon regard pendant une demi-seconde puis il s'avança lentement vers la porte. Une autre détonation retentit. Cette fois-ci Valkyon attrapa mon poignet et me plaqua contre le mur. Face à une potentielle menace, je me laissai faire et observai les autres se joindre à nous afin de se cacher. Le vampire toujours invisible vu de l'extérieur, se pencha lentement en avant et se ravisa immédiatement. Placé à l'opposé, il fit un signe à Valkyon que je ne compris pas mais que j'interprétais comme un appel à l'aide. Le guerrier se trouvant à mes cotés, retira un des couteaux attaché à sa ceinture et s'apprêtait à l'envoyer mais Nevra lui fit signe de la main en ouvrant grands les yeux. Il montra son coté de droit du mur et pencha la tête. Il plaça ses mains sur son cou en imitant un couteau planté dans sa tête. Mais que faisait-il cet idiot ? Il arrivait à s'amuser dans une situation critique. Je réussis à distinguer un léger sourire sur le visage de Valkyon mais il redevint sérieux lorsqu'une nouvelle explosion plus forte se fit entendre.
Il lança le couteau sur le pan de mur, à côté de la tête de Nevra. La précision de son geste me surpris. Aussitôt qu'il eut l'arme en main il se recula en arrière, une personne s'était avancée.
Je retins un cri de surprise devant la vue de cet homme. Son nez ainsi que ses yeux étaient en sang. Il toussa, tandis que Nevra s'écartait de lui.
- N'avancez pas monsieur ! ordonna Nevra.
- Aidez-moi, je vous en pris....aidez-moi.
Il passa sa main sur son nez et la regarda avec effarement.
- Nous allons vous aider Monsieur, mais restez où vous êtes.
Nevra recula d'un pas tandis que Valkyon s'approchait de lui en tendant les mains en l'air. Qu'essayaient-ils de faire ?
- D'où venez-vous ? demanda le guerrier.
Je laissai couler mon regard vers cet homme. Il était effrayé, il passa ses mains dans ses cheveux en laissant échapper une larmes, qui elle même était de sang. Paniqué il esquissa un mouvement en direction des garçons mais Valkyon anticipa son geste. Il saisit le couteau de Nevra dissimulé dans sa ceinture et lui envoya en pleine poitrine. Dans l'impact du choc, du sang gicla sur les murs.
- Il était contaminé ! s'exclama Miiko. Ezarel va chercher Eweleine. Dis-lui que nous avons une victime du virus.
L'elfe hocha la tête dans un état second, il regarda ses deux amis et couru en direction de l'infirmerie. Miiko s'avança prudemment des garçons.
- Avez-vous eu des éclaboussures de sang ? demanda t-elle perplexe.
Bon dieu, s'il y avait ne serait-ce qu'une goute de sang sur leur peau. Il serait contaminé.
- Non, nous étions assez éloignés, répondit Valkyon.
- Je pense qu'il est préférable que vous soyez placés en quarantaine.
- Tu plaisantes Miiko ! Nous étions à plus de trois mètres, il n'y a aucune chance que nous soyons contaminés, répliqua Nevra.
- Je ne prends aucun risques dans ce genre de situation, si d'autres personnes contractent ce virus...commença t-elle la voix basse. Nous sommes tous morts.
Nevra souffla en passant ses deux mains dans ses cheveux noirs. Valkyon lui resta impassible, fixant le corps de l'homme étendu sur le sol. La situation était critique. Deux chefs de gardes placés en isolement pendant vingt-quatre heures...
- Héloïse, m'interpella la kitsune. Prends les cartons de masques et de gants. Je voudrais que tu les distribues à tous les gardiens que tu croises. Nous ne sommes jamais assez prudents, fais attention et enfile des gants.
Ikar, interdit l'accès au hall.
La lapine n'attendit guère plus pour partir dans la bibliothèque. Quand à moi, je fixais Nevra un peu angoissée. Oracle, s'il vous plait, faites qu'il n'ait rien...autrement je ne m'en remettrais pas.
- Fais attention, souffla Nevra. Ne touche personne...
J'haussai la tête en lui faisant un petit sourire timide. En partant, je croisais Eweleine, dans une combinaison blanche. Elle ressemblait vaguement à celle de mon monde que les médecins portaient en cas de contamination dangereuse. Elle me lança un regard inquiet avant de donner aux deux chefs de garde un gants et un masque. Elle leur fit en suite un signe de la main leur demandant de rester sur le côté. Je pressais le pas, en me rendant compte que qu'elle allait sûrement disséquer le corps de ce pauvre homme. En tournant la tête une derrière fois, je la vis pousser son corps et se furent deux yeux de sang qui me fixèrent.
***************
- Oui oui c'est par simple précaution, expliquai-je. Ne vous inquiétez pas.
Ce fut les dernières paires de gants que je donnais. J'avais passé l'après-midi à me rendre dans chaque chambre des gardiens. Certain n'étant pas là, j'avais dû faire glisser les protections sous leur porte. Je m'accordais un petit instant de répit qui ne dura pas bien longtemps puisqu'Ikar pénétra dans l'infirmerie.
- As-tu vu Eweleine ? demanda t-elle agitée.
Je lui répondis par la négative et elle repartit aussitôt. Que se passait-il encore ? L'idée que ce virus se soit propagé dans l'enceinte du QG m'angoissait terriblement. S'il s'avérait que cet homme ait touché quelqu'un ou bien qu'il lui ait éternué dessus. La maladie se répandra très vite. C'était une hypothèse que nous ne devions pas mettre de côté puisqu'à présent nous étions sûrs que c'était bel et bien ce virus ravageur.
Un bruit sourd, m'interrompit soudain dans mes pensées. Que se passait-il encore ? Effrayée, je sortis rapidement de la pièce. Il n'y avait pourtant aucune agitation dehors.
- Habitants du QG, nous avons une annonce importante à faire, commença une voix par l'intermédiaire d'une sorte de mégaphone accroché au mur. Comme vous le savez, tout Eldarya est touché par une crise d'épidémie, avec ce virus que nous savons mortel. Je dis bien tout Eldarya car je vous annonce qu'un malade est parvenu à franchir les murs du QG.
Une vague de brouhaha se distingua à l'extérieur. En réponse, la Kitsune cria dans le micro, demandant le silence complet.
- Rassurez-vous, cet homme n'est plus mais je vous demande d'être vigilant. Ne restez pas trop près les uns des autres, ne touchez personne, pas même vos proches. Afin de nous assurer que personne ne contracte ce virus, nous vous demandons, de bien vouloir vous équiper des protections que nous vous avons distribué un peu plus tôt.
Un grincement retentit dans les hauts parleur. La voix de Miiko peu à peu se dissipa. Perplexe, face à ses mots, j'allais me rendre dans la salle du Cristal mais de nouveau un bruit sourd retenti.
- J'allais oublié, le hall du QG est fermé à l'extérieur. Tous gardiens devra passer par la porte nord du bâtiment.
Cette fois-ci, à la fin de ses mises en garde, je courus jusqu'à la salle du Cristal. J'entrai sans demander l'autorisation et me retrouvai donc mêlée à une conversation qui ne me regardait certainement pas.
- J'ai disséqué son corps, fait des prises de sang...Rien n'indique dans son métabolisme qu'il était malade mis à part les lymphocytes qui ne ce sont pas déhanchés normalement.
- Peux-tu essayer de créer un vaccin avec seulement ces informations ? demanda la Kitsune en tapant son bâton contre le sol.
- Et bien, commença t-elle. Puisque les lymphocytes ne se sont pas déclenchés, elles n'ont pas été mise en mémoire...
Ezarel intervint en s'approchant des deux jeunes femme, le visage neutre quoi qu'un peu tendu.
- Je peux essayer. Mais ça me parait compliqué, commença Ezarel. Si les lymphocytes ne se sont pas déclenchés c'est qu'il a une raison. Nous devons réexaminer son corps.
Miiko allait parler mais elle s'interrompit en se rendant compte de ma présence. Elle souffla péniblement en me voyant m'avancer.
- J'imagine que tu as tout entendu.
- Désolée, mentis-je. Je ne savais pas que vous étiez en réunion mais je dois te parler.
- Héloïse ce n'est pas vraiment le moment, repasse plus tard.
- Est-ce que les garçons vont bien ? enchainai-je malgré sa demande.
- Ils ne sont en quarantaine depuis seulement, cinq heure, soupira Ezarel.
Ses paroles s'accompagnèrent d'un rictus qu'il prenait souvent au niveau de la bouche. Malgré l'air serein qu'il affichait je le savais très angoissait à l'idée que ses amis soient contaminés.
- On devrait dire aux habitants que les chefs sont placés en quarantaine, avouai-je.
- Pour créer la panique dans tout le QG ? demanda t-elle ironiquement. N'y pense pas.
- Mais s'ils l'apprennent autrement, rétorquai-je. Ils se retourneront contre toi.
Miiko me toisa avec le regard sévère. Cette prestance de chef qu'elle dégagea sur le moment m'impressionna.
- Pour l'instant, j'ai décidé de ne pas leur en faire part et ils n'en seront rien, expliqua t-elle en me lançant un regard appuyé. Il ne sert à rien de les inquiéter d'autant plus qu'il y a peu de chance pour que l'un d'entre eux soit contaminé.
J'acquiesçai septique de cette décision, mais que j'espérais tout de même être la bonne. Dans le cas d'une épidémie, je ne saurais dire s'il était plus raisonnable, de cacher certaines vérités aux villageois et avoir la crainte de créer des émeutes ou bien de jouer cartes sur table. Et qui sait ce qu'il pourrait se passer ?
Avant de partir, je lui posais une dernière question:
- Où les garçons ont-ils étaient placés ?
- Dans les sous-terrais, répondit-Ewleine. C'est là-bas que se trouvait l'ancienne infirmerie. Il a plusieurs salles, hermitiques qui empêche tout risque de contagion.
- Est-ce que je peux aller les voir ? demandai-je.
L'elfe soupira en réajustant sa boucle d'oreille. Elle jeta un coup d'oeil à Miiko qui haussa les épaules, exaspérée.
- Je vais t'y conduire, mais je veux que tu portes un masque et des gants, dit-elle autoritaire.
Eweleine me lança un regard entendu. Elle savait que sans y être autorisée je m'y serais tout de même rendue par mes propres moyens. L'infirmière salua Miiko puis demanda à Ezarel de passer plus tard, équipé. D'un geste de la main elle m'invita à la suivre.
- En route mauvaise troupe, dit-elle en enfilant les gants -qu'elle sortit de ses poches.
Je la suivis, heureuse d'aller retrouver mes deux amis les plus proches. Valkyon et Nevra avaient sympathisé avec moi dès mon arrivée. Ils m'avaient pris sous leurs ailes dans mon début de formation de gardienne et ils étaient toujours là dans les moments difficiles. Bien que je savais qu'ils tenaient eux aussi à moi, je savais que leurs amitié tous les trois -avec Ezarel étaient solides comme du roc. Mais au delà de tout cela, ils étaient de bon commandants, bienveillants et toujours à l'écoute des autres.
- Héloïse, que fais-tu ? Ezarel m'attends !
Je pressai le pas en détaillant les lieux. Nous avions contourné le sous-sol pour emprunté une porte se trouvant sur le mur de droite. L'endroit était sombre et lugubre. Eweleine appuya sur l'interrupteur faisant s'allumer l'endroit petit à petit. Les murs qui nous entouraient étaient immaculés tout comme le sol. Je dus plisser les yeux face à cette trop grande luminosité -le comble pour une « cave ». Je suivis l'infirmière dans un long couloir avec des portes. Nous marchâmes pendant cinq bonnes minutes avant d'arriver dans le fond de la pièce.
- L'ancien pôle médical était bien plus vaste que l'infirmière actuelle, ne pus-je m'empêcher de remarquer.
- Oui, me répondit-elle en passant le dos de sa main sur son front. Mais il n'était pas assez fonctionnel et puis je t'avoue que je trouve cet endroit effrayant.
- Je suis d'accord. Ce couloir est...
Je ne pus retenir les frissons qui coulèrent le long de ma colonne vertébrale. L'endroit était bien trop glauque.
- Et puis, reprit Eweleine. Il parait qu'il s'est passé des choses ici.
- Des choses ? demandai-je intriguée.
- Des gardiens morts, des fantômes...
- Ah ! Arrête, grondai-je en plaçant mes mains sur mes oreilles. Je ne veux pas savoir en faite !
L'infirmière me considéra avec amusement. Les précédentes histoires d'horreurs que j'avais pu lire ne me laissaient pas de très bon souvenirs. J'avais enchaîné cauchemars sur cauchemars pendant deux mois et il avait fallu que je dorme la lumière allumée. Parfois il m'arrivait encore, de laisser une petite veilleuse dans ma chambre. Ce qui amusait beaucoup Nevra, puisqu'il adorait faire du bruit lorsque nous étions obligés de dormir hors du QG.
Soudain Eweleine s'arrêta et m'indiqua des deux pouces les pièces face à face des garçons.
- Je te laisse, dit-elle en regardant les garçons qui arboraient tous les deux la même chose: l'ennuie.
- T'es-tu faite contaminée ? s'enquit Valkyon.
Nevra regarda gravement le chef obsidien avant de me fixer avec inquiétude.
- Non, les rassurai-je. Je viens passer un peu de temps avec vous.
Nevra m'offrit un sourire adorable tandis que le guerrier inclina le menton pour me remercier. Eweleine leur demanda si il n'avait pas eu de symptômes mais pour mon plus grand soulagement pas le moindre. Une fois l'infirmière partit, je m'assis par terre de façon à ce que je puisse voir mes deux amis, un de chaque côtés. Nevra imita mon geste et s'assit par terre devant la grande baie vitrée qui nous séparait. J'aurais voulu le serrer dans mes bras pour me rassurer, me dire que cette histoire d'épidémie n'était qu'un rêve. Mais nous, ne pouvions pas nous toucher. Je laissais ma tête se poser sur sa vitre.
- Que se passe t-il là haut ? demanda t-il en jouant des doigts sur la vitre.
- Eh bien, Miiko a décidé d'interdire l'accès au hall et nous avons distribué des gants et masque à tout le monde, dis-je en tournant les mains.
- Leur a-t-elle fait par de notre situation ? intervint Valkyon.
- Non.
Je tournais la tête pour observer les yeux d'or de mon chef. Il ne dit rien mais je savais qu'il désapprouvait cette décision. Le mensonge était notre pire ennemie dans ce genre de situation.
- Enfin, repris-je. Il n'y a pas eu de cas de contagion pour le moment.
- Ils ont examiné le mort, j'imagine ? questionna Nevra en sortant une balle de sa poche qu'il fit rebondir entre les murs de la pièce dans laquelle il était prisonnier.
J'approuvai d'un geste de la tête.
- Eweleine a constaté que les lymphocytes du contaminé ne s'étaient pas déclenchés comme ils auraient dû le faire. Elle doit travailler sur le phénomène avec Ezarel en ce moment.
Nevra souffla en passant sa main sur son front. Bon sang, il avait l'air épuisé. Ses yeux gris croisèrent les miens et je ne sus dire à quoi il pensait puisque je détournais le regard. Je le trouvais bien plus attirant ces temps-ci, et ce depuis cette mission où nous avions dû dormir ensemble, blottis l'un contre l'autre à cause du froid. Dans un élan de lucidité, je me rendis compte que ce soir là, il y aurait pu avoir plus que de l'amitié entre nous. Nevra me plaisait mais était-ce réciproque ?
- Veux-tu que je prévienne Karenn ? lui demandai-je.
Il accrocha mon regard et je le vis hésiter un instant mais son visage se tendit en suite. Il se laissa tomber lui aussi contre la vitre.
- Je ne veux pas l'inquiéter pour rien. Ne lui dit pas.
- D'accord, murmurai-je contre la paroi.
Quelques minutes passèrent durant lesquelles personnes ne parla. La chaleur se faisait amplement ressentir à cause des pièces hermétiques. Je n'osais même pas imaginer comment devait se sentir les garçons. Je tournais la tête vers Valkyon, son front était humide et des perles de sueurs coulaient le long de sa nuque. Et dire qu'ils leur restaient encore dix-neuf heures à tenir.
- Diable, que cet endroit est ennuyant, résonna soudain la voix de Nevra qui lança plus fort la balle qu'il tenait dans les mains.
Lui ne semblait pas ressentir la chaleur, après tout la chaleur habituelle de son corps était relativement froide. La balle heurta le mur d'à coté et lui revint dans la main tout aussi rapidement, j'allais m'amuser de son agacement mais un grand fracas juste au dessus de nous se fit entendre. Perplexe, je me relevais immédiatement. Les garçons s'étaient aussi redressés.
- Quelle pièce se trouve au-dessus ? demandai-je en sentant des pas s'agiter
- Il me semble que ce sont le couloir des chambres, intervint Valkyon.
- À moins que, nous soyons assez en profondeur pour que ce ne soit les cachots ? rajouta Nevra.
Pas très à l'aise, je restais collée au mur. Des pas, faisaient trembler le plafond et des petits bout de mûrs s'effondraient un peu plus loins dans le couloir. Soudain la lumière, s'éteignit brusquement nous plongeons dans le noir complet. Effrayé, je me collais à la vitre de Nevra. La panique m'envahit quand j'entendis des portes claqués.
- Ne fais pas de bruit, me somma Nevra en m'entendant bouger.
Je voulus haussai la tête mais me rendant compte que mon geste était bête puisque nous étions dans le noir je me ravisais.
Peu à peu, le vacarme s'estompa laissant place à un silence inquiétant. Je n'avais jamais eu aussi peur de toute ma vie, mon coeur battait à tout rompre faisant pulser les veines de ma tête. Sans que nous ne nous y attendions, les lumières s'éclairèrent une par une plongeant la pièce dans une atmosphère inquiétante.
- Ce devait être une panne de courant, tenta de me rassurer Valkyon.
Pourtant l'air qu'il abordait ne me disait rien qui vaille. Angoissée, je me décollais du mûr, le couloir blanc était si profond que je n'en voyais pas l'arrivée. Quoi qu'il se passait en haut, nous n'avions pas d'issus possible. Nous étions à plus de cent mètre sous terre.
- Quelqu'un arrive...annonça Nevra.
Je le regardais avec effarement, ce à quoi il posa sa main sur le paroi face à moi. Ces yeux étaient indéchiffrables. Je baissai le regard et posai également ma main face à la sienne. Il me dit un signe de tête entendue, tout allait bien se passer.
Mais ce réconfort fut de courte durée puisqu'à présent, Valkyon et moi pouvions entendre les pas pressés de cet inconnu qui arrivait dans notre direction. Il fallait que je relativise, si ça se trouvait c'était simplement Eweleine, qui venait me chercher pour me demander de remonter. L'angoisse se mêlant à la chaleur, des perles de d'eau glissèrent le long de mon dos. De nouveaux, des portes claquèrent et l'individus- que je devinais courir se rapprocha de nous. La lumière se réeteint. Cette-fois, je ne pus m'empêcher de laisser passer un cri étouffé. Elle se ralluma en un éclair, et je distinguai avec effroi une ombre.
- Il s'approche, dis-je la gorge serrée.
- Calme-toi, m'encouragea Nevra. Tiens-toi prête à intervenir en cas de besoin.
Ses yeux pourtant durs trahissaient une pointe d'angoisse. Ils ne pourraient pas me protéger enfermés dans ses pièces.
- C'est un homme ! paniquai-je au vu de l'ombre qui n'était à présent plus très loin.
Les deux chefs me fixèrent avec inquiétude.
Mon souffle se coupa net lorsque j'aperçu enfin le potentiel ennemie.
- Oh mon dieu ! m'exclamai-je en écarquillant les yeux. Il est..il est..
- Quoi ? demanda Nevra en se rapprochant de la vitre.
L'homme s'avançait de plus en plus vite, laissant des coulées de sang derrières lui. Alors que je ne pus retenir un cri, il cracha du sang ce qui le fit ralentir un instant. Lucide malgré tout, je remontais mon masque les mains tremblantes. Devant mon geste, les garçons écarquillèrent les yeux. Neva tapa contre la vitre avec fureur. Ils avaient compris. L'homme qui approchait était contaminé.
- Il faut que tu rentres dans une cellule ! cria Valkyon.
J'haussai la tête en me précipitant vers le bouton de l'une d'entre elle. Pour mon plus grand malheur elle ne s'ouvrit pas. Je penchais en regardant le mécanisme, jetant par la même occasion un coup d'oeil à l'homme qui n'était plus qu'à quelques mètres.
- Il fait une clé, celles-ci n'ont jamais été ouvertes ! gémis-je en me reculant. Qu'est-ce que je fais ?
- Entre dans une de nos cellules, répliqua alors Valkyon.
- Mais oui, enchaîna Nevra. Le mécanisme a déjà été enclenché ! Et il y a très peu de chance que nous soyons contaminés.
Horrifiée devant l'homme qui n'était plus qu'à quelques mètres de moi je courus jusqu'à la cellule de Nevra. Je cherchais le bouton d'ouverture et tapais frénétiquement dessus. Complètement désespérée, un sanglot m'échappa. Je ne voulais pas mourir de ce virus...
- Héloïse, dit la douce voix de Nevra. Appuie une seule fois, doucement.
- Aidez-moi, je vous en pris ! Je ne sais pas ce qu'il m'arrive.
Je me retournai interdite. Le malade se trouvait à peine deux mètres de moi.
- N'approchez-pas Monsieur, intervint-Nevra en plaçant ses mains devant lui pour tenter de calmer la situation.
Sans que je ne puisse les retenir, des larmes perlèrent sur mes joues rougis par la chaleur.
- Qu'est-ce qui m'arrive ? s'énerva le blessé en faisant un pas vers moi.
Aussitôt je me reculais sur la vitre de la cellule de Nevra.
- Vous êtes malades, commença Valkyon. D'un virus mortel.
- Mortel ? souffla l'homme en regardant ses mains souillée.
- Monsieur, s'il vous plaît. Pouvez-vous reculer ? Mon amie n'est pas affectée et je suis sûre que vous ne nous voulez aucun mal, enchaîna le guerrier.
Avant que Valkyon ne puisse continuer, il fit de nouveau un pas.
- Je ne veux pas mourir seul...
D'un geste vif j'appuyais sur le bouton de la cellule de Nevra. Celui-ci me tira par la ceinture en m'expulsant de l'autre coté de la cellule puis, il déclencha le mode alerte, qui verrouilla automatiquement nos deux portes. L'homme se jeta sur notre vitre, étalant tout le sang qu'il avait sur lui. Il toussa violemment à s'en arracher les poumons et sans qu'il ne puisse y faire quoi que ce soit, il vomit son liquide vitale sur notre vitre. Puis lentement, il se laissa glisser contre celle-ci. Une fois au sol, Nevra se pencha en avant. L'homme gisait inerte sur le sol. Je m'approchai alors de lui -tout en gardant l'espace que nous devions tenir. Le contraste du sang sur les carreaux blancs me choqua si brusquement que ma tête tourna. Alors je m'assis par terre, ne pouvant pas dévier mon regard du corps.
- Eh bien, il me semble que ce n'est pas bon, souffla Nevra. Vraiment pas.