Fleur de soufre

Comincia dall'inizio
                                    

- Je pense aux autres.

- Ils vont bien.

- Pas eux, j'insiste. Les autres.

Chris me relâche, cherche ses mots.

- Ils n'ont pas souffert, je complète.

- C'est ça.

Il acquiece, fait une pause.

- Tu ne veux pas savoir ?

- De quoi ?

- Qui t'a marché sur la main.

Ca ne m'était même pas venu à l'esprit.

Non, c'est faux. J'y ai peut-être pensé entre les deux moments où j'ai frôlé la mort.

Je me suis dis : Qui a bien pu me faire ça à moi ?

Dans ma question, j'englobe tout. De ce qui s'est passé avec les parents, Kate et Ann ; jusqu'au sourire de Chris, ce qu'il m'a dit et puis après la suite.

Je secoue la tête mais nos regards se croisent. J'entends ses pensées.

- Avant ou après ?

Il fait semblant de m'ignorer.

- Avant ou après ?

- Avant. Elle est tombée avec toi.

Des bruits de pas nous font nous redresser. Je me relève en gémissant.

- Oh la la, soupire O'Connell en arrivant à notre hauteur. J'en connais une qui va passer le prochain mois alitée. D'ailleurs qu'est-ce que vous faites encore debout dans le couloir ? Il fait froid ici. Allez, venez. Je passais donner ça à Mrs. Panavati mais vous pouvez m'accompagner pour le retour.

- Mano a trouvé un endroit ?

- Ce gamin a plus d'un tour dans son sac ! Vous auriez dû voir comment il a dégondé la porte ! Ah, même plus jeune, je n'aurais pas pu faire la même chose. J'ai toujours eu un physique de mauviette.

- Et des mains beaucoup trop belles pour être abîmées, j'ajoute et mes lèvres s'étirent dans une ébauche de sourire.

Ce genre de compliment marche plutôt avec les femmes mais O'Connell est un humain comme les autres. Il me lance un regard entendu, pas dupe mais flatté quand même, et s'approche de la porte d'Abby pour y déposer un gros livre.

- Où est-ce que vous avez trouvé ça ? Chris demande sur le chemin.

- Je l'ai emmené avec moi. C'est... C'était tout ce qu'il me restait de chez moi.

- Pourquoi vous lui avez donné ?

Je repense à ma valise éventrée, abandonnée sur la moquette de ma chambre.

- Elle en a plus besoin que moi, désormais.

Au même moment, Mano surgit dans le couloir.

- Ah, tu tombes bien, Bras-Cassé. On a justement besoin de toi.

- « Bras-Cassé » ? je répète. Mais je n'ai pas le bras cassé.

Il écarquille les yeux, l'air de dire que je me fiche de lui.

- C'est vrai que vous avez l'air d'avoir le bras cassé.

- Arrêtez de me vouvoyer, O'Connell... Ça sert plus à rien.

Il encaisse le coup et se détourne. Je le vois disparaitre au détour de deux cloisons.

- Quoi ? je marmonne. Qu'est-ce que j'ai dit ?

Anthologie de la finDove le storie prendono vita. Scoprilo ora