Linceul

16 3 21
                                    

 J'enroule la serviette autour de mon corps humide

Oops! Questa immagine non segue le nostre linee guida sui contenuti. Per continuare la pubblicazione, provare a rimuoverlo o caricare un altro.

J'enroule la serviette autour de mon corps humide. La vapeur qui s'élève de mes seins couvre les miroirs de buée. J'ai la peau rappeuse à force d'avoir baigné dans l'eau. Je pousse un long soupir en frottant mes ongles dans le creux de ma main. Non, le noir ne partira pas cette fois. Je renifle mais tout a pris une odeur de pachouli. Ça doit être de la merde, je me dis en hochant la tête.

Mes pieds sont rouges et endoloris, comme deux grosses écrevisses. La coquille va exploser et répandre la chair tendre jusque sur le tapis de bain.  Le sang ne partira pas cette fois.

Je n'ai jamais mangé d'écrevisses mais vu le prix, ça devait valoir le coup. Je suinte de l'eau jusque sur le carrelage. La buée verdâtre a repoussé les murs de la salle de bain. L'eau s'infiltre sous la porte. J'enfile les vêtements qu'Abby a mis à ma disposition, l'esprit en ébullition mais le corps endormi.

- Tu as besoin de quelque chose ? me demanda t-elle quand je mets le nez dehors.

Une vague de vapeur déferle sur elle. Abby fronce le nez et j'arrive à voir, très loin à l'intérieur de ses narines, les petits poils noirs qui frisent à cause de l'humidité.

- Ça faisait longtemps que j'avais pas...

- Aucun soucis, me coupe t-elle, soudain gênée. Je comprends. C'est juste que le générateur est vraiment vieux et si on doit tous se doucher... Euh, ce serait bien d'économiser, d'accord ?

- Je n'ai pas l'intention de rester...

- Tu es sûre ? Tout ne pourrait pas rouler comme sur des roulettes.

De ce qu'Abby et son mari nous ont racontés, ils ne sont pas plus sortis que nous. Ils ont regardé le monde s'effondrer par la fenêtre. Leur immeuble s'est vidé très rapidement. Ils ont fait le ménage dans les appartements qui restaient. « Ils étaient déjà transformés. On les a juste... On leur a juste donné une fin un peu plus digne. » Ils les ont balancé dans la rue, en fait. Mais bon, on a fait pareil alors j'imagine que c'est plus du bon sens que de l'imoralité. « Le bruit les attire. On pouvait pas utiliser d'armes à feux. Mais on a un couteau à dépecer et un congélateur pour le gros gibier » A ce moment-là, je me suis mordue la lèvre très fort. Franchement, j'espère qu'ils ne s'en sont pas servis.

Abby et sa famille ont bien assez de ressource pour ne pas avoir à se rationner, et pour profiter amplement de la fin du monde par dessus le marché ; mais il y a un petit problème. Son fils est malade. Une petite grippe qui explique la sale odeur visqueuse qui l'accompagne partout. Ils ont besoin d'antibiotiques. À deux, dans une rue aussi agitée, ce serait du suicide (surtout en laissant le gamin tout seul ici) mais à plusieurs...

- C'est vraiment gentil de votre part de nous accueillir.

- C'est mon mari...

- On ne se fera pas remarquer, vous verrez. On se rend un service mutuel et ensuite...

Anthologie de la finDove le storie prendono vita. Scoprilo ora