Les joies du nucléaire

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Souvent, je donne un coup de main

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Souvent, je donne un coup de main. Les gens d'ici ont besoin d'aide pour tout et n'importe quoi ; principalement pour charrier l'eau de la rivière jusqu'à la salle de refroidissement. Deux équipes se relaient, de jour comme de nuit. « Ce n'est que temporaire », répète sans cesse Wilson. « Une équipe est partie chercher une nouvelle turbine. » Quand on creuse un peu, on apprend qu'ils sont partis il y a un mois mais que « oui, ils devraient revenir la semaine prochaine. »

Dans une vie parallèle, Wilson était libraire. Il est toujours dans son bureau, le nez écrasé contre des papiers. Il a gardé ses lunettes de repos même si à la place du fil de fer, il utilise deux cuillères en plastique. Ça l'aide pour lire. Ce sont de vieux relevés qui datent d'avant la panne de courant ; depuis impossible de faire tourner les ordinateurs ou ces grosses machines blindées de détecteur.

- La centrale est sur le point s'éteindre. Si la turbine n'était pas défectueuse, il n'y aurait aucun problème, explique Wilson. On l'aurait à peine remarqué. Ces engins sont très autonomes, au final.

- Tu es sûr que tu n'as jamais travaillé ici ?

- Oh non, je suis juste un grand passionné.

Il faut au moins ça pour traduire les graphiques et les diagrammes. Les compte-rendus utilisent des mots que je ne comprends pas ; dévoilant un pan linguistique que je ne maîtrise pas. Des livres scientifiques tapissent les murs ou émergent du sol en piles sphériques, comme des stalagmites. J'aime bien me lover sous le bureau. Wilson a toujours besoin de quelque chose même s'il ne demande rien. Je peux lui apporter du thé, trier ses papiers. La majorité du temps, je finis dehors, les pieds enfoncés dans la boue, à remplir sans cesse une suite de sceaux.

- T'as l'air en forme aujourd'hui, je raille.

Vincenzo sourit. Personne à la centrale n'a voulu prendre le bébé. Vincenzo le garde dans un tiroir, au pied de son lit qu'il partage déjà avec Magda. Dans la pièce, deux autres familles s'entassent. Elles ne sont plus aussi nombreuses qu'avant ; souvent il leur manque un membre. Parfois, on dirait qu'ils le cherchent à travers la centrale ; mais la famille, c'est pas une centrale nucléaire. Tu peux pas changer les pièces.

- Il fait ses dents, explique Vincenzo.

- J'aimerais pas être à ta place, je souffle en lui tendant mon sceau. C'est ta première fois ou tu t'occupais déjà de Magda à l'époque ?

- Non, elle était déjà en maternelle quand j'ai rencontré sa mère.

- Ca faisait longtemps, toi et elle ? je demande. Non, oublie, ça a pas d'importance. J'ai entendu que quelqu'un avait changé d'avis, je continue. Tu vas pouvoir le leur refourguer. Vous serez tranquilles.

Le bébé bave plus qu'il ne pleure, ce qui lui a valu le prénom temporaire de Baveur. Il sait se tenir assis alors on l'emmitoufle dans de vieilles couvertures (faute de vêtements à sa taille) et on l'assoit devant les portes de la salle de refroidissement. C'est là qu'il fait le plus chaud. D'habitude, il suçote des boulons mais une fois on l'a perdu de vue. Il était allé se fourrer dans un conduit d'aération. C'est Chris qui l'a retrouvé. Perçy s'était pris une sacré gifle de la part de sa mère mais Vincenzo s'était contenté de sermonner Magda. Depuis, les trois gamins ne se lâchent plus d'une semelle.

Anthologie de la finOnde as histórias ganham vida. Descobre agora