Roue brisée

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D'une gifle, j'envoie la roue valsée

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D'une gifle, j'envoie la roue valsée. Elle s'encastre dans le mur. Un moment de latence puis elle tombe d'un seul coup, sans tournoyer, dans un bruit de vaisselle cassée.

- Ça suffit. C'est une partie compliquée.

Ginny ne saurait pas expliquer en quoi l'équarrissage de l'écureuil est plus compliqué que celui de la grenouille. Du moins pas à haute voix. Mettre des mots dessus, ça lui fouterait la gerbe. Ça lui ferait repenser à tout un tas de choses et de toute manière, j'ai déjà une vague idée de la réponse : les écureuils sont plus mignons. C'est plus difficile de séparer la peau de la chair.

Un peu comme avec les bébés, j'imagine.

- Qu'est-ce qu'elle va faire ? Tu crois que son père peut la faire avorter ? C'est qu'un véto.

Ginny inspire profondément par le nez. Elle s'attelle à la tâche.

Son épaule droite est agitée d'un tic.

- Si seulement je pouvais lui parler, je marmonne, me traînant par terre jusqu'à la roue.

L'autre fauteuil a été réduit en miettes lors de l'assaut. Ils ont voulu jeter les pièces mais je ne désespère pas ; avec du scotch, ça pourrait tenir. J'ai les poils des bras roussis pour avoir jouer avec le soudeur. Alors, je garde les pièces détachées proches de mon cœur.

- Tu penses pas qu'ils vont la forcer ?

- Personne ne va forcer personne.

- Elle peut pas le garder.

Ginny ouvre la bouche mais rien n'en sort. Elle sent qu'elle est submergée.

Pas son rôle, ni sa destinée ; elle n'est pas payée.

Le canif déchiquette. Un tendon claque mais elle ne peut pas m'ignorer.

Elle sent mon regard entre ses omoplates.

- Qu'est-ce qu'il y a, à la fin ? je lui dis. T'es toute molle aujourd'hui.

- Fatiguée. Beaucoup de travail.

Je lorgne sur les douze écureuils.

- Comme tu veux.

Je reviens à ma place. Quelques coussins me servent de siège. Il y en a un brodé avec du fil doré. Je ne suis toujours pas capable de marcher mais je peux traîner mes jambes sur quelques mètres. C'est déjà ça de gagner. S'il le fallait encore, je pourrais ramper à travers les conduits d'aération.

Son père a dit que c'était une bonne chose avant de refermer la grille. J'ai vu son ombre disparaître sur le béton, s'immobiliser un instant. J'ai entendu sa voix rassurer celle de Maggie. La petite blonde ne restera plus dans le périmètre de la folle aux lettres. La sœur m'a renvoyée la grue déchirée, piétinée. Elle me déteste. « C'est mon amie aussi ! » j'ai crié. « C'est ma sœur ! » a t-elle répondu, écumant de rage. « Je n'ai rien fait ! » J'ai hurlé, le nez entre les barreaux.

Anthologie de la finWo Geschichten leben. Entdecke jetzt