La deuxième histoire

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Le premier visage que je vois (ça ne change pas), c'est toujours celui du vieux

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Le premier visage que je vois (ça ne change pas), c'est toujours celui du vieux. Même si je réclame quelqu'un d'autre, ça ne changera pas. Personne d'autre n'est autorisé à venir me voir, pas même Tyreese ou la fille, et je crois que ceux qui dormaient dans les cellules près des miennes ont été déplacé si bien qu'on entend presque rien, qu'on ne voit presque rien et qu'il ne se passe presqu erien.

Le vieux vient deux fois : le matin et le soir. Il n'est jamais seul. Je vois toujours l'ombre d'un homme derrière le mur et celle de son fusil qui rampent sur le béton. Ils ne disent jamais rien. Je sais bien que, pour eux, être ici, c'est une corvée.

Le vieux apporte de l'eau fraiche, de la purée ou de la compote, et sa malette. Tout est trés réfléchi  et préparé, répété. Il sort une cuillère (jamais un couteau ou une fourchette) et il me me donne la bectée. C'est pas particulièrement agréable d'être traité comme un porcelet mais on ne rechigne pas avec la nourriture et deux bras cassés. Le vieux me fait prendre des médicaments et parfois, il me fait aussi des injections.

On peut pas bavarder avec lui. Dès que j'essaie, il parle de soins, de repos, de cure, de ligaments croisés, de guérison des os brisés, de fragilité psychologique... Et c'est tout naturellement que je l'ignore.

Puis, il vérifie l'état de mes blessures, arrange mon oreiller et ma couverture. Si j'ai de la fièvre, il prend le temps d'essuyer mon front et mes tempes. Il me masse ensuite les jambes et les bras, parfois même les poignets là où les menotes grignotent ma peau. Après, il me demande si j'ai besoin de quelque chose. Je dis « non »et il part.


On n'a pas discuté de ce qu'il s'était passé. Je ne pense pas que ça vaille coup. On a pas tous la chance de se laver les dents tout les soirs, d'avoir accès à l'eau potable et surtout, on a pas tous le temps d'être serein comme ça avec les inconnus.

Et puis, il n'avait pas qu'à faire ce qu'il a fait. On est quitte, d'une manière. Notre relation est tout à fait saine: la preuve, il n'a pas cherché à m'empoisonner et sa fille n'est plus revenue depuis sa dernière visite.


Chris me manque mais j'essaye de ne pas y penser. Je dois me concentrer sur le fait d'aller mieux, c'est ce que le vieux répète quand je lui demande combien de temps il me reste. Je fais souvent bouger mes orteilles et mes oreilles le jour, la nuit je m'entraine à contracter les muscles de mes bras.

Quand j'ai fini, je discute un peu toute seule. Je fais comme si Chris était là, qu'on se retrouvait et qu'il n'était pas content parce qu'il était arrivé en retard (à cause de quelque chose : une horde, des hommes ou mieux une superbe découverte dont il veut me faire part au plus vite) et que je ne l'avais pas attendu. Je lui raconte un tas d'histoires pour qu'il me lâche et qu'il soit content pour moi, voir carrément admiratif. Je sais que quelqu'un vient m'écouter à ce moment-là de la journée. J'entendss a respiration, le crissement de ses chaussures sur le béton et je peux sentir son regard curieux qui passe à travers les murs. Parfois, je guette son ombre mais aucune trace du fusil.

Anthologie de la finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant