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Je soutiens la tête de la gamine, presse ses joues pour entrouvrir ses lèvres et verse un filet d'eau dans sa bouche. Elle s'étouffe puis finit par boire. Je la repose sur son lit, recoiffe ses cheveux pour dégager sa nuque brûlante, dépose un linge humide sur son front. J'ouvre la fenêtre, tousse. Au dehors, le soleil du printemps perce la fine ligne du grillage où s'ammassent des dizaines de Créatures ; des rôdeurs, comme ils les appellent ici. Le vent transporte une odeur de frais, malgré la puanteur. J'appuie mon front contre les barreaux. Un instant, juste un instant de repos.
- A l'aide, gémit quelqu'un.
Je déglutis, dépasse le malheureux et revient au chevet de Sasha. Elle peut à peine ouvrir les yeux. Je prends sa main dans la mienne. Aucune réaction. Qu'est-ce que je dirais à Tyreese quand elle sera morte ? Comment prendra t-il la nouvelle, après le décès de Karen ? Comme un robot, je me vois marcher jusqu'à Hershel ; attendre ses directives. Je rattrape Glenn qui titube. Il tousse à s'en déchirer les poumons. Je ferme les yeux, encore une seconde. Il est lourd mais je l'aide à s'allonger ; à même le sol, dans la poussière.
- Tu vas mourir, je lui dis.
- Dis à Maggie...
- Que tu l'aimes, je devine. Première nouvelle !
Ca lui décroche à peine un sourire. Je force Glenn à se détendre, en coinçant mon genou dans ses côtés, et lui fait ingurgiter un litre d'eau entier.
- C'est de la torture ! s'indigne t-il.
Je roule des yeux.
Hershel apparait à l'entrée de la cellule. Il est débordé, couvert de sang et de vomis. Les décès et les résurrections semblent en apparence controlés, mais il y a encore à faire ; comme sauver des vies, par exemple. Hershel nous dévisage et une ombre passe sur son visage. Ses épaules s'affaissent. Je n'ai pas le courage de carrer les épaules et le fixe en silence, passive.
- Vous avez fait du bon travail. Reposez-vous un petit peu, choisit-il. Je vais me débrouiller seul pour le moment. Caleb tient encore debout, continue Hershel, le regard déjà tourné vers l'extérieur. Vous ferez des rondes. Tu as bu un peu, Hélène ?
- Ne t'inquiète pas pour moi...
- Ce n'est qu'une petite grippette, complète t-il.
Il entre, tapote le sommet de ma tête et enclenche les freins du fauteuil.
