Chapitre 25

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Le prof, muni de son chronos, nous donnait maintenant les dernières consignes à respecter. Nos évals se faisaient sur deux couloirs, d'une longueur de quatre cent mètres, jonchés de dix haies d'une hauteur de 84 cm au lieu de 91 cm, normes olympiques pour les 17-18 ans. Kev et moi étions classés en fin de liste des compétiteurs, afin de nous permettre d'évaluer nos équipes respectives. Nous relevions pour chacun des membres, son temps, le nombre de foulées entre chaque haies, ainsi que les poins forts ou faiblesses constatées. Notre tour approchait. Kev, déjà placé dans son couloir me dévisageait. A mon tour je me positionnais. Il ne m'avait pas quitté du regard et me dit d'un air inquiet:

KEV: Qu'es-ce qu'il t'arrive Thim ? T'es pâle ! Tu vas bien ?Je n'avais pas eu le temps de lui répondre que le coup de sifflet, signalant le départ, retentit. Tous deux amorcions notre ascension sous de puissantes enjambées, celles qui devaient nous faire voler au dessus des haies et obtenir le meilleur temps. Comme à chaque départ, je ressent tout mon corps, j'en maitrise le moindre muscles pour conjuguer puissance et technicité, même si après le premier saut tout devient instinctif. Je deviens un animal, entre Lynx et Aigle Royal. Ma proie, à ne pas lâcher, se trouve dans les mains du prof. Dans ce chrono les secondes et dixièmes de seconde feront que je pourrais me nourrir de ma victoire, ou pas! C'est mon seul but, celui à atteindre! Pour cela, ne rien lâcher ! être déterminé! Si dans la vie je manque cruellement de confiance comme une brebis, dans le sport je suis un lion! Kev est à ma hauteur, nous avons franchi ensemble, comme de concert, les huit premières haies. C'est maintenant que tout se joue entre nous. Je parviens toujours à le battre de quelques dixièmes sur la distance des deux dernières haies nous séparant de la ligne d'arrivée. Je canalise toute mon énergie pour booster mes muscles qui m'arracheront d'avantage du sol ! Mais, pour autant, Kev reste inexorablement à ma hauteur. Je ne comprends pas bien pourquoi. Mon cerveau me dicte la conduite à tenir : Ne rien lâcher! Ne rien lâcher! Poursuivre mes efforts, rester déterminé, sur-amplifier mes poussées! Rien n'y fait! Bien que nous soyons à la neuvième et avant dernière haie, je vois toujours nos chaussures atteindre comme en parfaite symbiose le sommet de la haie. Ma vision se troubles, tout devient vert, puis mauve. Que m'arrive t'il ? NON!: ne rien lâcher ! Ne rien lâcher! Pour autant nous franchissons ensemble la dernière haie!!! Kev et moi décèleront de cette cours effrénée. Je suis désappointé car je n'ai pas gagné ! Même si le but de cette évaluation n'est pas de vaincre l'autre participant, mais d'enregistrer le meilleur temps possible, je n'en demeure pas moins affecté. Le résultat sort de la bouche du prof:

PROF: Bravo à vous deux, vous avez le meilleur temps enregistré. Il est identique pour l'un comme pour l'autre soit 49s 32.Je le savais, on avait bien roulé. Si nous étions des femmes, nous aurions pulvérisé le record du monde : 52s 34, détenu par la Russe Yuliya Pechenkina en 2003.Nous étions encore loin de record du monde masculin : 46s 78 par l'Américain Kevin Young au J,O de Barcelone en 1992. Bien sûr, c'était l'exception. En générale, les titres sont remportés sur des temps allant de 47s 02 à 48s12. Ce qui nous laissait une marge minimum de 1s 20 et surtout de savoir franchir des haies de 91 cm de hauteur, pour commencer à rêver!

Kev mon rival🍋Where stories live. Discover now