Chapitre 19

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Je capitule et baisse la tête. Pour la première fois je ne parviens pas à le défier. Kev s'en aperçoit, se détache de sa meute pour se positionner derrière moi. Alors que toute sa bande monte dans le car, à mon tour, sentant sa présence dans le dos, j'escalade les marches, espérant qu'arrivé à l'intérieur je trouve place près du chauffeur. Ainsi, je n'aurais pas à emprunter le couloir, où tous ces mecs, affalés sur leur banquette, auraient la part belle en ayant les yeux à la hauteur de ma braguette. Par chance, si on peut appeler ça de la chance, il reste deux places à l'avant. Rapidement, je m'installe sur la banquette, et glisse sur le siège collé à la vitre, tout en posant mon sac de sport sur l'autre place disponible. Kev à son tour se trouve dans le bus, salue d'un signe le chauffeur et reste immobile à ma hauteur. Je feins de l'ignorer. Énergiquement il soulève mon sac, le dépose sur les étagères métalliques surplombant les places assises et s'installe à mes côté. Il écarte bien les jambes comme pour marquer son territoire tel un chef de meute. Son genou droit vient se fracasser sur le mien. Ce choc, inattendu, projette ma jambe gauche sur la droite, me voilà les jambes et les cuisses serrées, comme une jeune fille en mini jupe y serait contrainte. Encore une humiliation de sa part ? Lui trônant comme un mâle jambe bien écartées pour ne pas avoir le paquet serré, alors que moi l'eunuque, je devais lui laisser la place que lui conférait ses attributs de gladiateur. Il se rapprocha de mes tempes. Sans le regarder, je devinais qu'il me susurrait quelque chose à l'oreille. Je pensais, cause toujours, ton venin de serpent n'atteindra pas la blanche colombe. Il ignorait que sous mes cheveux, épais et mi-long, je portais des écouteurs. Après une minute de son monologue, dont j'ignorais le contenu, il me donna un coup de poing bien viril sur l'épaule. Il pris mon bonnet pour se l'enfiler sur la tête, tout comme le ferais un conquistador s'appropriant la couronne d'un souverain vaincu. J'avais reçu comme un glaive en plein cœur. J'étais transpercé, comme un ange à terre se vidant de son sang. Je ne voulais plus bouger, oui ne rien voir, ne rien entendre, voilà ce que je souhaitais. Pour la première fois du haut de mes 17 ans, je voulais mourir pour ne plus souffrir. Les larmes dans les yeux me brouillaient la vue, je distinguais néanmoins des forment allant s'abattre sue le pare-brise du car, juste face à moi. Alors que j'essuyais mes yeux embués, je vis le comble de l'horreur. La mort m'avait conduit directement en enfer ! Une multitudes de mouchoirs en boulettes, de paires de chaussettes pliées en boules, s'abattaient sur le carreau. Même dans la mort mon tourment continuait. Kev leur avait assurément refilé tous les détails. Ils avaient eu connaissance du moindre des châtiments qu'il m'avait infligé. Comment mourir une seconde foi ? Ne plus ressentir cette souffrance insupportable. J'avais la nausée, mais rien à vomir puisque je jeûnais pour conserver la sécrétion que, celui qui fût un instant un repère, un grand frère, un héros, m'avait laissé dans mes entrailles.

Kev mon rival🍋Where stories live. Discover now