LOVE(LESS) - TOME 2

TWENTY (3)

- Entre.

Je fis un pas hésitant vers le pas de la porte, mal à l'aise et gelée de la tête aux pieds malgré la veste en cuir que Cameron m'avait gentiment passée en cours de route. Je tirai sur ma valise en pénétrant dans la vestibule. L'air chaud du chauffage me percuta de plein fouet, me brûla carrément la peau du visage.

Nos semelles firent craquer le bois du plancher lorsque nous nous avançâmes dans le manoir. Émerveillée, mon regard resta scotché au lustre en cristal qui pendant au-dessus de nos têtes ainsi que le grand escalier en spirale que j'apercevais d'ici.

Cameron s'étira longuement avant de tirer sur son chandail trempé qui pendouilla lâchement, transparent et humide, devant son torse. Il referma la porte derrière moi pendant que j'étirais le cou pour en voir un peu plus.

Parce que dieu que c'était beau, alors que je n'avais vu que le vestibule.

J'abandonnai mes baskets sur le tapis noir imperméable près de la porte. La curiosité me tuant, je m'apprêtais à partir à l'exploration lorsqu'il refréna mes ardeurs.

- Wow, tu vas où comme ça avec ma veste ?

- Oh, oups, désolée.

Je la retirai maladroitement et la lui tendis, ignorant où l'accrocher. Il fixa mon bras tendu, les poings sur les hanches, les cheveux humides, la moue boudeuse.

- J'suis ta boniche maintenant ?

- Non, Cam, tu n'es pas ma boniche, raillai-je.

Il me fixa d'un drôle d'air alors que je prenais un cintre vide dans l'énorme walking qui servait de garde-robe à manteaux.

- Cam... j'aime.

- Mouais.

En faisant taire la rougeur de mes joues, je fis volte face, me mordillant la lèvre. Ses yeux caramels s'étaient légèrement assombris, mais assez pour que je puisse distinguer le changement. Il se frotta le menton en se levant et en s'approchant de moi. Jamais je n'avais été aussi consciente de sa grandeur, de la puissance de sa silhouette avant aujourd'hui. Et je ne savais pas quelle en était la cause.

Etais-je trop obnubilée par Ryan à l'époque pour remarquer le bel hidalgo ? Sûrement. Mais j'avais quelqu'un d'autre dans ma vie désormais, et je ne manquerais pas de le souligner.

- On y va ? demandai-je dans un murmure.

- Après toi.

Hésitante, je pris les devants, ne sachant absolument pas où je mettais les pieds. Et si ses soi-disant colocs étaient ici et me voyaient avec cet accoutrement, je ne voudrais même pas savoir quel cheminement bizarre avaient accompli leurs cerveaux. La main chaude de Cameron s'appuya au creux de mon dos. Je frissonnai.

- Allez, je ne mords pas.

Je distinguai le sourire dissimulé dans sa voix alors que nous avancions jusqu'à une porte en verre qu'il fit coulisser. Nous débouchâmes dans une salle immense qui devait servir de salle de séjour ou de salle de jeu. Dans un coin, un long bar en bois avec une multitude de tabourets était placé derrière une longue table de billard dont les balles étaient dans leur triangle. A l'autre opposée, une grande télévision était accrochée au mur. Devant de longs canapés en tissu gris pâle, des coussins multicolores demeuraient au sol, éparpillés. Pour l'éclairage, quelques lampes ça et là projetaient des ombres sur les murs en bois.

C'était moderne, c'était beau, c'était cher. Ça ne m'étonnait même pas qu'il soit en colocation avec quatre autres personnes pour vivre dans un endroit aussi grandiose.