LOVE(LESS) - TOME 2

FIVE (2)

Je me pris la tête entre les mains en soupirant de découragement. Il était bien sauvage toute à l'heure avec moi, mais avec sa mère, la queue entre les pattes. Je m'assis à la place de sa mère quelques minutes plus tôt en soufflant.

— Est-ce que tu te rends compte que ça prend un peu trop d'ampleur nous deux ?

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Que ce n'était pas censé se passer comme ça, Daniel, soupirai-je en tentant de boucher le trou qu'avait engendré la perte de plusieurs boutons de mon chemisier avec mes mains. 

Il baissa la tête vers le sol, toujours aussi tendu que toute à l'heure. Ses larges épaules étaient encore raides, comme s'il anticipait qu'autre chose – ou une autre personne – allait nous sauter dessus. 

— Je ne sais pas, Ellya... C'est juste que...

— Que quoi, Dan ? demandai-je ma panique se ravivant légèrement. 

Je me redressai dans mon fauteuil alors qu'il s'appuyait contre son bureau, face à moi.

— J'aime quand tu m'appelles Dan, sourit-il après un moment.

Je sentis mes joues chauffer.

— Ce n'est pas...

— Oh, Ellya, pourrais-tu oublier les formalités deux secondes ?

Surprise par son ton carrément vexé, je levai le regard vers lui. Ses lèvres étaient pincées, ses sourcils froncés.

— Mais..

— Pas de mais, Ellya... Bordel, tu ne le vois donc pas ?

— Je... Je ne sais pas ce que je suis censée voir, bredouillai-je.

Au fond, je le savais. Mais je combattais ce sentiment depuis déjà plusieurs jours.

Lorsqu'il soupira bruyamment, je compris que je n'allais pas m'en tirer aussi facilement. Nerveuse, je me passai une main dans les cheveux, sentant mes joues bruler plus que jamais.

— Oh, tu le sais très bien. Mais c'est ton ex de merde qui t'empêche de le voir, siffla-t-il.

— Qu'est-ce que tu...

— Ne fait pas ton innocente, Ellya ! tonna-t-il. Parce que tu le sais tout autant que moi que tu l'aimes encore, ce salaud !

— Ne parle pas de lui comme ça ! M'écriai-je en me levant brusquement. Tu ne sais rien !

Son téléphone fixe sonna brusquement, me faisant peur. Il répondit tout en gardant ses yeux furieux sur moi.

— Quoi ?!

—...

— Jardine ton jardin, Aileen, et fous-moi la paix aujourd'hui.

Il raccrocha durement.

— Tu ne sais rien, répétai-je en secouant la tête.

— Alors dis-moi pourquoi tu ne cesses de me repousser si tu ne l'aimes pas encore, putain !

Lorsqu'il abattit son poing sur son bureau, je sursautai.

— Je donne tout mon putain de temps pour toi, j'accepte de faire semblant que t'es a moi, mais faire semblant, je ne peux plus. Je ne peux plus le prétendre sans le vivre Ellya ! Et ça tu l'as su a la seconde ou je t'ai proposé mon idée. Mais tu continues de jouer à la conne qui ne sait rien et qui profite du fait qu'elle n'a qu'à agiter le petit doigt pour que je sois à ses pieds. J'en ai marre, Ellya.