LOVE(LESS) - TOME 2

TWENTY FOUR (2)

Ses yeux sur mon corps nu, une douce brûlure.

Ses mains dont les poings puissants s'ouvraient et se fermaient, une lente torture.

Son corps musclé ruisselant d'eau, un appel au péché.

Un péché que je n'avais plus le droit de commettre.

Il gardait le silence tout en détaillant chaque centimètre carré de ma peau. L'eau qui clapotait sur le sol de la salle de bain était le seul bruit qui animait la situation. Ma respiration lourde se coupait de temps en temps, surtout lorsque son regard orageux stoppait sur mes seins ou transperçait mon âme en me regardant dans les yeux.

Sa poitrine musclée se soulevait et retombait calmement. Comme s'il s'en branlait que je sois là ou pas. Comme si je ne valais rien pour lui. Mais je le connaissais mieux que ça. Et c'était ce qui me peinait : il faisait semblant pour mieux se protéger.

Parce que je lui ai fait mal.

Je lui ai fait mal.

Je déglutis péniblement. Je reculai de quelques pas, jusqu'à ce que mon dos heurte le mur de la douche. Il me regarde faire, ses yeux s'embrasant davantage. Sauf qu'il ne se lançait pas. Il me jaugeait comme un prédateur jauge sa proie. Daniel n'allait pas me sauter dessus, je le savais. Il allait me pousser à bout jusqu'à ce que je lui saute dessus.

Il était blessé, et j'en étais la cause : j'en assumais pleinement les conséquences, à présent.

— Da-

— Chuut...

Il n'avait pas bougé d'un poil, ses lèvres s'entrouvrant uniquement pour m'intimer de me taire. Ses cheveux blonds devenus bruns à cause de l'eau collaient sur son front et faisaient ruisseler des gouttes cristallines partout sur son corps. Mon coeur battait à tout rompre, mon corps brûlait.

Mes yeux lui intimaient de comprendre, ma raison me hurlait de partir et le laisser vivre.

Mais lorsque sa voix rauque atteint mon cerveau pris dans une brume de sensualité, toute résistance, tout discours tomba à l'eau :

— Tu es revenue.

C'était une affirmation, une constatation. Rien de plus, rien de moins.

Et pourtant, la charge de tristesse contenue à grande peine dans sa voix me fit finalement flancher.

— Oui... Pour toi...

Un sanglot malheureux explosa dans ma poitrine. Quelque chose se brisa dans ses yeux. Sa mâchoire se contracta

— Tu étais partie pour nous aussi non ? Et qu'est-ce que tu en as conclu ?

Son ton était dur, mais je voyais bien la dernière petite lueur d'affection dans son regard qui luttait pour briller. Et c'était la dernière chose à laquelle je me raccrochais pour ne pas le perdre.

Je me passais une main dans les cheveux avant de souffler un bon coup. Pendant ce temps, deux trois bips et l'eau est coupée. Il n'y avait plus que moi, lui, et le silence pesant de la cabine de douche.

— J'en ai conclu que j'avais besoin de toi, conclus-je, d'une petite voix.

Un sourire sans joie se dessina sur ses lèvres à l'arrondi sensuel. Leur caresse m'avait manquée, mais ce n'était pas avec un baiser que tout allait s'arranger.

— Besoin de ma queue pour tout oublier ou vraiment moi ?

— Arrête ça, protestai-je.

— J'essaie juste de te comprendre. Comprendre pourquoi tu es partie à Phœnix alors que tu sais très bien que Ryan s'est établi là-bas. Pourquoi tu étais chez lui hier.