NINE - HIVER 1993

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La petite ne savait que faire.

Se cacher sous les couvertures et attendre que ça passe et que sa maman vienne la réconforter comme toujours ? Oui, peut-être. La bambine de cinq ans grimpa sur son grand lit et se mit sous sa doudou, comme a chaque fois ou son papa et sa maman se chicanaient.

Pour elle, c'était devenu une routine. Ils se querellaient puis finissaient par sourire.

Ellya trouva sa grenouille en peluche qu'elle serra contre sa poitrine de ses petites mains.

— Tu sais, Doudou, ils ne vont pas se chicaner longtemps. Bientôt, ils vont arrêter de crier et se donner un grooooos bisou dégueulasse. Ark ! Chuchota-t-elle en poussant un petit gloussement.

Elle enfonça sa tête dans l'oreiller, cherchant a dormir plutôt qu'entendre, inlassablement, les remontrances que sa mère balançait sans cesse a son père.

— Tu sais ? L'autre jour, elle lui a dit qu'il était méchant et faible. Et autre chose aussi. Tu sais ce que ça veut dire "coureur de jupons" ?

Elle se mit a imiter la voix fluette de son toutou. 

— Je ne sais pas ! Dit-elle, prétendant être sa grenouille. 

Au bout d'un moment, elle descendit de son lit. Elle faillit trébucher dans la noirceur de sa chambre. Mais la petite Ellya n'avait pas peur du noir, ni des monstres en dessous du lit, ni ceux au-dessus de l'armoire.

Juste du rejet.

—Mais papa est fort. Et il est gentil. Il fait des crêpes avec moi tous les matins. Maman, elle, elle parle tout le temps avec ses amies sur le maquillage. Je ne suis pas d'accord !

Elle traina le tabouret de sa mini-coiffeuse rose et le plaça devant sa fenêtre. Elle remonta les manches de son pyjama doux et courut jusqu'a son lit ou elle prit Doudou. La fillette monta avec lui sur le tabouret et piqua sa tête a l'extérieur ainsi que ses bras, son éternelle grenouille au bout de sa main. Ses lulus pendouillèrent dans le vide alors qu'elle baissa la tête pour regarder vers le bas ou leur chien, Joy, faisait sa sieste.

Et ses parents criaient toujours.

Ellya poussa un soupir avec tout le désespoir que l'on pouvait avoir lorsque l'on avait cinq ans.

— Ils ont pris plus de temps aujourd'hui, murmura-t-elle a sa peluche.

Elle se mit alors a fredonner une petite chanson que son père lui chantait souvent avant de dormir.

Ce que, sa mère, n'avait jamais fait.

Mickey Mouse et ton Teddy bear

T'ont donné rendez-vous

De l'autre côté de tes paupières

Qui se ferment sur tes joues

Sa tête bougea de droite à gauche au rythme de la petite mélodie sur laquelle elle s'était si souvent endormie dans les bras de son papa. Elle observa les étoiles qui commençaient à apparaitre ici et là dans le ciel. Matthew Taylor avait partagé bien des choses avec sa fille de cinq ans.

Chose que April Lavalade n'avait jamais faite. 

— Tu sais, Doudou, papa m'a montre comment reconnaitre la Maman Ours. Mais elle n'est pas la ce soir. Je ne vois que le bébé. La maman n'est jamais là.

Et c'était peut-être le lien qu'Ellya arrivait à faire avec sa propre vie.

Le sommeil commença a la gagner. Elle bailla bruyamment avant de se frotter les yeux de ses petits poings. Ses yeux tombèrent sur son horloge aux chiffres fluorescents.

LOVE(LESS) - TOME 2Where stories live. Discover now