TWENTY (2)

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Après une interminable demi-heure pendant laquelle la caissière enregistrait nos achats, je récupérai mes sacs remplis des quelques fournitures que j'avais achetées. Je coinçai mon sac à main sous mon bras en attrapant les autres sacs dans mes mains. Cameron en fit de même, étant donné que nous n'avions pas le droit de sortir avec les chariots. Et j'en comprenais franchement la raison. Ce ne devait pas être la première fois que je voyais des gamins voler des chariots d'épicerie et les utiliser comme poussette ou en machine à suicide entièrement fonctionnelle pour se jeter en bas d'une colline.

À deux centimètres de la porte à ouverture automatique, j'eus un long soupir consterné lorsque je me résignai finalement à sortir et bousiller mes cheveux que j'avais pris le temps de boucler ce matin. La porte s'ouvrit devant moi et je fis un pas à l'extérieur, frissonnant sous la froideur soudaine qui frigorifia mes os.

— Eh, tu vas où ?

Je fis volte face et offris un sourire contrit à Cam qui s'avançait vers moi avec quelques sacs entre ses doigts.

— Je rentre à l'hôtel. Je devrais me dépêcher si je veux avoir une chance qu'au moins un taxi passe à cette heure.

— Et moi je suis quoi ? Une tapette ?

Je gloussai alors qu'il semblait vraiment offusqué.

— Allez, ramène-toi, je te reconduis. C'est proche ?demanda-t-il en sortant sous le porche du magasin, dernier rempart entre lui et la pluie.

Je le suivis, mes cheveux volant dans tous les sens à cause du vent, ses dernières paroles camouflées par le bruit assourdissant de la pluie qui clapotait sur les flaques d'eau dans le stationnement presque vide de l'épicerie. A part une Honda noire, le nouveau modèle de cette année et une Coccinelle bleue, il n'y avait vraiment rien. Il prit une grande inspiration en se tournant vers moi.

— Alors, c'est loin ?

— Non, c'est à environ vingt minutes en auto.

— Bien, dépêche-toi, j'ai pas trop de goût d'être trempé.

Sans plus, il partit à courir aussi vite que sa charge le lui permettait alors que je restais encore plantée à ma place, mal à l'aise. La pluie s'abattit sauvagement sur lui. S'il n'avait pas deux sacs d'épicerie avec "Economisez mieux, vivez mieux !" écrit dessus, ça aurait été une scène typique d'un film d'action où le beau gosse sauvait sa beauté sous la pluie. Sauf que sa beauté était encore devant une porte automatique d'un magasin qui s'ouvrait et se fermait sans arrêt, n'accueillant personne en réalité. Son t-shirt blanc colla à sa peau, devint vite transparent, dévoilant à mon regard ses muscles dorés, sculptés savamment. Son jean brut devenait maintenant presque noir alors qu'il jetait ses sacs dans le coffre.

Je détournai le regard lorsque le sien happa le mien un instant, l'hypnotisa presque.

Ses yeux étaient d'un brun-doré perturbant, où cette pointe d'espièglerie brillait sans arrêt.

— Magne-toi, licorne (🦄🦄🦄🦄🦄🦄🦄🦄 ...dsl j'avais envie 😂) ! Cria-t-il, les cheveux ruisselants en embarquant dans sa voiture.

— Putain...

Je me dandinai d'un pied à l'autre en exerçant un semblant de maîtrise sur le rougissement de mes joues. Puis, saisissant mon courage à deux mains, disant adieu à la blancheur de mes baskets blanches et mes cheveux bouclés au fer, je m'élançai sous la pluie.

Les gouttes glacées dévalèrent le long de mon échine, aplatirent mes cheveux sur ma nuque, mouillèrent mon débardeur du même blanc que le t-shirt de Cameron. Si bien que quelques secondes plus tard, alors que je plissais les yeux pour y voir clair, on vit en transparence mon soutien-gorge rose avec des petits chiens gris dessus. La honte totale.

LOVE(LESS) - TOME 2Where stories live. Discover now