Chapitre XLI : Commencement

2.1K 216 39
                                    


Il y avait eu du noir. Impénétrable, sombre comme les profondeurs abyssales. Il s'était peu à peu éclairci, pour devenir un gris foncé, le genre qui accompagnait habituellement mes cauchemars. Mais cette fois, il n'y eut rien de plus que du gris brumeux. Pas de rêves sanglants ni de monstres livides.

Le gris devint plus pâle, pour finir presque blanc. Et quasiment au même moment, il s'accompagna d'une terrible migraine. Je ne comprenais pas. N'étais-je pas morte ? Est-ce que la mort était si désagréable qu'elle ne laissait pas un seconde de répit ?

Je me rendis compte après un moment que j'avais intégralement conscience de mon corps. Mes muscles semblaient réagir normalement. Je décidai d'ouvrir les yeux.

Une lumière blanche m'aveugla. Tout était blanc et lumineux, comme dans un film à l'eau de rose. Sauf que je n'étais sûrement pas dans un film à l'eau de rose et qu'en plus, ma tête me faisait vraiment mal.

Je finis par distinguer les contours de meubles tout aussi blancs. Mais il ne s'agissait pas de meubles classiques, qu'on trouvait dans toutes les maisons, plutôt le type de meubles dignes de chambres d'hôpital. J'étais moi-même étendue dans un lit d'un blancheur immaculée, des fils me reliaient à des appareils dont j'ignorais l'utilité.

Une vie après la mort nous envoyait-elle à l'hôpital ? J'en doutais. Étais-je donc en vie ? Pourquoi avaient-ils choisi de me garder vivante après tous leurs efforts pour me mettre hors d'état de nuire ? Pouvait-on seulement survivre à une balle en pleine tête ? Cela aurait sûrement expliqué la douleur qui me broyait le crâne...

Je pris le parti de me redresser en position assise, espérant mieux appréhender mon environnement en ayant du vision d'ensemble de la pièce. J'arrachai un à un les fils et les diodes qui étaient collés à moi. Je ne ressentais plus le tiraillement habituel dans mon épaule. Cependant, à peine me retrouvais-je assise que la douleur dans ma tête redoubla et et la pièce se mit à tourner. Je fermai aussitôt les yeux. Je levai alors prudemment une main et l'approchai de mon crâne.

"Je ne ferais pas ça, si j'étais vous..."

Cette voix. Elle résonnait comme un écho lointain dans ma mémoire. Je la connaissais, elle m'était familière, et je ne l'avais pas associée à une personne désagréable. Pourtant, je devinai que je ne l'avais pas entendu depuis un long moment. Quand je parvins finalement à remettre un nom dessus, je me dis que j'avais probablement halluciné.

"Content de voir que vous êtes de retour parmi nous !"

"Retour"? Comme un retour parmi les vivants ? Je cédai au mélange d'émotions qui m'ordonnait d'ouvrir les yeux et me confrontai au nouvel arrivant. Je me trouvais face à un homme que je ne pensais jamais revoir et dont j'imaginais que la voix s'était tue à tout jamais.

"Retour"? Si j'étais effectivement vivante, comme le laissait supposer mon interlocuteur, alors je faisais face à un fantôme, certes très réaliste, mais qui se jouait de moi...

"Vous avez choisi de ne plus parler, ou bien le problème vient de moi ? questionna l'homme avec un sourire moqueur que je ne lui connaissais guère.

-Vous...Non... Vous êtes mort !" balbutiai-je.

Le voyant s'approcher, j'agrippai le bord de mon drap à m'en faire blanchir les jointures. S'il s'agissait d'une plaisanterie, c'était la pire que j'avais jamais vue. Soit les morts avaient un sens de l'humour le plus désastreux du monde, soit les vivants laissaient n'importe qui et n'importe quoi errer dans leurs chambres d'hôpital...

Je n'avais pas face à moi un fantôme, constatai-je après observation. Alors qu'était-ce ? Une nouvelle forme de zombie ? Devais-je appeler à l'aide ?

Le prétendu cadavre s'était immobilisé à une poignée de mètres de mon lit, sûrement en voyant à quelle point sa vision me pétrifiait. Les mains dans les poches de son pantalon, il semblait songeur et ses yeux sombres étaient rivés sur moi d'un air soucieux.

"Mort? répéta Rosley. Je ne suis pas mort. Pas plus que vous."


FIND'EPIDEMIA

- A SUIVRE DANS NIHILIA.

=======

Pas de panique, très chers, je vous retrouve tout de suite dans une ultime NDA.


EPIDEMIA - IWhere stories live. Discover now