Chapitre XXXVII : Du grec qui veut dire "roi"

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Pas une seule fois sur le chemin du retour Stan ne me lâcha. Il ne se soucia pas non plus de savoir si j'arrivais à suivre. Il avalait les mètres avec des enjambées que je n'aurais jamais pu espérer rivaliser un jour.

Quand nous arrivâmes à la colonie, je menaçais de m'effondrer tant mes jambes avaient renoncer à me porter. Mes poignets étaient endoloris sous les doigts du garde et mon cœur battait à tout rompre, tant parce que j'étais essoufflée que parce que j'étais terrorisée à l'idée de savoir ce qu'on allait faire de moi pour avoir stupidement bravé les ordres de Sandrine.

Cette dernière aboya à un garde de me débarrasser de mon arme. On l'arracha de ma ceinture dans la seconde. Stan raffermit encore sa prise autour de mon bras et m'entraîna sans tarder vers le centre-ville.

Nous passâmes devant la place où se dressait l'estrade en bois. Je laissais malgré moi mon regard s'attarder dessus. Est-ce que cette fois, j'allais y monter ?

La radio à la ceinture de Stan grésilla. Je ne compris pas vraiment ce qu'elle émit. Le garde la saisit et répondit à mi-voix :

"Oui, monsieur, je l'amène..."

Il replaça la radio. Il sembla encore plus maussade. Je n'osai pas demander ce qu'il se passait, mais il répondit à ma question silencieuse :

"Le gouverneur est au courant. Il t'attend déjà."

Il ne s'était pas arrêté. Nous passâmes les grilles de l'hôtel de ville. Le garde, à l'entrée du bâtiment, nous regarda d'un air surpris. Stan ne s'arrêta qu'une fois à l'intérieur, devant la porte du bureau de Basile et il me lâcha. Je me mis à masser mon poignet ankylosé.

"Je crois que je n'aurais pas le droit de rester avec toi, marmonna-t-il. Une fois dedans, tu seras seule face à lui."

Il baissa enfin les yeux vers moi. Je ne lui arrivais même pas à l'épaule. Il ne me souriait plus. Mais il semblait vraiment inquiet, presque déjà désespéré. Je me rendis compte que je m'étais montrée bien ingrate envers lui, alors qu'il m'avait tout de même sauvée.

"Merci, chuchotai-je, comme si je craignais que Basile n'ait l'oreille collée à la porte. De m'avoir sauvée. Je suis désolée d'avoir gâché vos efforts en désobéissant."

Le visage du garde se décrispa un peu.

"C'est mon travail, de sauver des gens. Je comprends pourquoi tu as tenu à retourner chercher Violette."

Il pinça les lèvres et frappa à la porte, mettant ainsi fin à notre conversation. Un "Entrez !" nous parvint et la montagne humaine ouvrit. Il me prit par l'épaule et me fit pénétrer dans le bureau.

Basile se tenait face à la fenêtre, mains croisées dans le dos. Il ne se tourna pas vers nous, même quand Stan annonça :

"Je vous amène la fautive, monsieur."

Le gouverneur eut un geste de la main que je traduisis comme un ordre de sortir adressé au garde. Celui-ci hocha silencieusement la tête et, après m'avoir gratifiée d'une petite tape sur l'épaule, il sortit du bureau.

Un silence s'étira après que la porte se fût refermée. Basile semblait toujours captivé par ce qu'il se passait sous ses fenêtres. Je ne le trouvais guère prudent. Si je m'étais retrouvée seule dans la même pièce que quelqu'un qui avait désobéi à un ordre très clair, je me serais au moins débrouillée pour ne jamais lui tourner le dos... J'avais très envie de lui dire d'arrêter son mélodrame, mais je songeai que cela n'aurait sûrement pas arrangé mes affaires.

EPIDEMIA - IDonde viven las historias. Descúbrelo ahora