Chapitre XX : Le Réfugié

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Quand nous arrivâmes devant le lycée, à l'endroit du rendez-vous, nous ne vîmes personne. Cela n'aurait pas dû m'étonner, et pourtant je me sentais comme trahie.

"Non..."

Je me repris. Les autres étaient forcément là. Nous leurs avions dit que nous serions au point de rencontre. Nous avions un peu de retard,mais je ne pouvais pas croire qu'ils aient renoncé à nous attendre.

Aussitôt, je m'élançai vers le lycée, luttant contre mon envie de les appeler haut et fort.

"Qu'est-ce que tu fais ? demanda Étienne.

-I-Ils sont forcément dans le coin ! répondis-je obstinément, comme pour me convaincre moi-même. Je sais que...

-Héloïse...", tenta mon ami.

Je ne réagis pas à son appel. J'entendis ensuite des pas précipités derrière moi et Étienne m'attrapa le bras.

"Héloïse arrête !"

Alors je m'arrêtai et le dévisageai. Il avait l'air grave. Mais aussi stupide que cela paraisse, je ne voulais pas reconnaître notre solitude.

"Pourquoi ne seraient-ils pas là ? Hein, pourquoi ?

-Héloïse, répliqua le blond avec une patience inouïe. Ça fait presque une semaine qu'on aurait dû revenir. (Il soupira.) Ils sont partis. On leur avait promis qu'on serait à temps ici mais on n'a pas réussi. Si ça se trouve ils pensent qu'on est morts.

-Putain, c'est encore ma faute...

-Arrête, ça arrangera rien de te lamenter."

Il me lâcha et je passai ma main sur son visage.

"Alors on fait quoi ? On les cherche ?

-Ils pourraient être n'importe où."

Ou nulle part, susurra une voix importune dans ma tête. Je tâchai de la chasser de mon esprit et suivis Étienne qui s'éloignait du lycée. Il bifurqua à la première rue avant le parking de la gare.Je ne savais même pas où il allait comme ça. Mais il avait l'air tellement plus sûr que moi que je le laissais faire sans rien dire.

Nous arrivâmes devant le vieil hôpital. Un cadavre pourrissait en plein soleil, étendu les bras en croix sur un capot de voiture, dévoilant ses entrailles aux mouches. L'odeur me prit à la gorge et je dus déployer des trésors de volonté pour ne pas simplement vomir.

Nous découvrîmes plus loin que ce corps n'était que l'arbre qui cachait la forêt. Un véritable charnier humain et zombie reposait contre un des murs de pierres de l'hôpital.

"C'est quoi cette horreur !grimaçai-je en voyant le mélange innommable de bras et de jambes sans dessus dessous. Qui aurait eut l'idée d'entasser des corps comme ça ?

-Celui ou celle qui a fait ça devait avoir une bonne raison de le faire."

Plus nous nous approchions, plus l'odeur était insoutenable. Je me servis de ma manche comme d'un piètre filtre à air, mais nous continuions de la sentir même après être loin du charnier, comme si elles'était accrochée à nous.

Cependant, à mesure que nous nous rapprochions du nouvel hôpital, l'odeur fut remplacée par une sorte de bruit étouffé.

Je m'arrêtai, et Étienne m'imita. Après quelques secondes, nous conclûmes que ce son provenait d'une habitation dans un petit pâté de maison.

Les zombies, qu'ils soient seuls ou entre eux, ne faisaient de bruit qu'en présence de proie. D'humain, en somme. De temps à autres, il y avait une détonation. Et des voix, qui ne m'étaient pas inconnues.

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