Chapitre XL : Illustre au combat, partie 2

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Mes amis, tout d'abord, merci d'être arrivés jusque là. Vous le savez peut-être, mais EPIDEMIA touche à sa fin (oui oui, vous êtes bientôt débarrassés de moi -ou pas, héhéhé). Cependant, je n'ai pas dit mon dernier mot. Un tome 2 est en préparation, si cela vous intéresse ! Il se peut fortement qu'il prenne une direction différente d'EPIDEMIA, je préfère vous prévenir. Enfin, si ça vous intéresse, dites-le moi. En attendant, je vous laisse avec le pénultième chapitre.

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Le mardi matin, on me traîna jusqu'à un tribunal. Je ne savais même pas que la colonie avait un tribunal.

Malgré tout ce que je pouvais ruminer, je m'assis où on me dit de m'asseoir, me levai quand entrèrent les jurés et ne parlai que quand on me le demandai.

Violette était dans l'assistance. Elle ne croisa pas une fois mon regard, mais je ne décelai aucun mépris dans son attitude. A vrai dire, elle semblait plutôt nerveuse. Je ne me gênai pas en revanche pour l'enterrer sous mes regards noirs. Je ne souhaitais habituellement la mort de personne, mais sa trahison me fit regretter d'avoir volé et désobéi pour elle. S'il y avait une ingrate dans ce tribunal, ce n'était certainement pas moi.

Basile était assis au milieu des jurés. Bien entendu. Chaque fois que je portai mon regard sur lui, je rencontrai ses prunelles bleues, comme s'il n'attendait que cela. Que je le regarde. Il m'adressait son éternel sourire hypocrite jusqu'à ce que je passe à quelqu'un d'autre.

Mon avocat ne l'était que par la robe qu'on lui avait prêté. Il lui manquait tout, à commencer par des convictions. Soit il ne croyait pas en moi, soit on lui avait très clairement fait comprendre qu'il valait mieux pour lui qu'il ne me défende pas.

Le gouverneur, dans un "élan de générosité", m'invita à venir à la barre pour exposer ma version des faits. Il n'y avait pas d'hésitation à avoir. Son regard insistant m'intimait de me dénoncer. Je voyais y flotter la menace de la mort de mes amis. Alors je m'avançais. Deux gardes armés m'entouraient. Mon regard flotta sur l'assistance pendant une seconde. Basile avait volontairement ébruité l'affaire, remarquai-je. La salle était pleine. Tous me dévisageaient comme un animal de foire qui pourrait les étriper. Tous sauf Violette, bien sûr.

"J'avoue avoir mis en place un coup d'État. Je voulais renverser le gouverneur. Et le tuer."

Mon mensonge était plat, aseptisé. Mais cela suffit au public. Mon dernier mot suscita une vague de cris indignés. L'un d'entre eux siffla. Stéphane, le Second du gouverneur, exigea le silence d'une voix tonitruante.

Basile se leva. La foule se calma. Il n'était pas dans un tribunal, il était sur scène, et son public était très réceptif.

"Mes chers amis, je vous en prie, calmez-vous ! lança-t-il. L'accusée a avoué et je ne lui tiens pas rigueur de cet acte, d'autant plus qu'il a échoué. Cependant, les faits sont là. Les règles de cette colonie sont claires, et la sanction encourue par cette jeune fille est la peine de mort. Je demande aux jurés de délibérer."

Les-dits jurés ne mirent pas dix secondes à émettre leur verdict. Je n'avais de toute façons jamais eu ma chance dans ce procès, Basile me l'avait dit.

"Coupable", énoncèrent-ils.

Ainsi, la sanction était tombée. Stéphane ordonna ma mise à mort, prévue pour le vendredi et congédia tout le monde. On me ramena à ma cellule. Du tribunal, je ne gardais que le dernier aperçu que j'en eus. Celui où le gouverneur me jaugeait avec son sourire satisfait.

Un garde m'escorta jusqu'à ma geôle et me renvoya dedans sans ménagement. Je chancelai et ne pus me rattraper qu'avec mon bras blessé. Le garde s'éloignait déjà. Je lâchai une injure et allai me vautrer sur ma paillasse. La nuit précédente n'avait pas été de tout repos. Et passée ma tornade de désespoir, je ne ressentais plus qu'un mélange fade d'émotions à peine descriptible. A peine perceptible tant elles étaient amorphes. Je me savais condamnée, à quoi bon lutter ? Et même si j'avais pu me battre encore, je n'aurais pas su contre quoi tourner ma rage. Rage que je n'avais plus, pas plus que mes pensées n'avaient de cohérence...

EPIDEMIA - IWo Geschichten leben. Entdecke jetzt