Chapitre XII : Trouver une solution

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Je ne sus pas combien de temps j'avais dormi. Le réveil-matin à aiguilles posé à côté du lit ne fonctionnait plus. Peut-être deux heures, alors.

Je ne m'étais d'ailleurs pas réveillée de manière naturelle. J'entendis des pas dans le couloir. Puis des murmures. Je ne bougeai pas, toujours pelotonnée sur le matelas froid, à l'écoute de chaque son. Néanmoins, je ne parvenais pas à déterminer ce qui se disait dans le couloir. J'identifiai peu à peu les voix d'Axel, de Fanny, d'Amandine et d'Étienne. Je supposais qu'ils hésitaient à entrer dans la chambre, à me parler.

Moi, de toute façon, je ne voulais pas parler. Alors, quand un poing frappa contre la porte en bois, je ne prononçai pas un mot. Je gardai le silence le plus absolu, ce qui ne sembla pas plaire à mes amis.

"Héloïse, sans déconner, on peut entrer ? fit la voix d'Étienne. Je sais que tu dors pas, pas la peine de nous faire croire ça.

-Hé, je suis vraiment désolé de t'avoir mise dans un état pareil ! s'excusa Axel. Je pensais pas que tu le prendrais aussi mal.

-Héloïse ! clama Fanny en cognant encore contre la porte. Je sais que tu feras rien, on te connaît !

-Vous me connaissiez, avant, répondis-je enfin à voix basse.

-Et alors, pour moi t'es toujours la même ! T'étais juste un peu à cran !

-Vous ne savez pas ce que vous risquez...

-On ne risque RIEN ! Arrête de délirer !"

Je me redressai et m'adossai au mur contre le lit. Je cherchai du regard mon sac, mon flingue ou mon pied-de-biche. J'étais pourtant persuadée de les avoir déposé près de la porte en entrant. J'émis un grognement d'insatisfaction en songeant qu'Amandine avait dû me les prendre en sortant, quelques heures auparavant.

"On va t'aider, tenta cette dernière. Il suffit que tu gardes au maximum ton calme...

-Vous avez déjà essayé de m'aider, et ça n'a servi à rien."

J'entendis un "Putain !" et quelqu'un redescendit. Mon entêtement en avait au moins découragé un.

Peu après, les trois autres retournèrent également en bas. Je savais qu'ils ne voulaient que mon bien, qu'ils souhaitaient trouver une solution... s'il y en avait eu une.

Ils jouaient les braves, mais au fond, ils ne me faisaient sans doute plus confiance. Ils avaient sûrement peur. Tout comme moi.

Je n'avais pas peur de mourir. J'avais peur de ce que j'allais devenir (de ce que j'étais devenue?). J'avais peur de moi. J'avais peur de leur faire du mal. Je me rappelais de ce personnage lycanthrope, dans Harry Potter, angoissé par la simple idée d'exister. J'eus un sourire amer en constatant notre ressemblance.

Était-ce ma faute ? Il aurait été égoïste de dire que non.

La faible lueur que je distinguai par la fenêtre aux volets fermés s'atténua encore. Je devinai ainsi que la nuit était tombée. Mais mes espoirs de voir mes camarades partir sans moi s'envolèrent quand je les entendis monter et investir les deux chambres voisines.

J'attendis encore un moment. Quand je fus certaine qu'ils dormaient, je me levai.

Tout doucement, j'ouvris la porte et me faufilai à l'extérieur de la chambre. L'escalier grinçait un peu, j'effectuai chaque pas avec une précision chirurgicale jusqu'à arriver au rez-de-chaussé. Mon sac était posé au coin du mur. Je le ramassai, ainsi que mon pied-de-biche. Mon pistolet n'était pas avec. Je renonçai à le chercher, souhaitant partir au plus vite. Dans tous les cas, il ne m'aurait sans doute pas servi plus que cela, il aurait été bien plus utile aux autres qu'à moi.

EPIDEMIA - IWhere stories live. Discover now