Chapitre II : Tentative à travers le désordre

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L'air frais. Durant les vingt dernières minutes, j'avais tellement dû oublier de respirer que le simple fait de sentir le doux vent de cette après-midi-là suffit à me déconcentrer. Je me disais stupidement que se faire éventrer sous un si beau soleil, ça ne pouvait pas être si mal que ça. Le stress, sans doute.

Quand je posai le pied sur le béton qui s'étalait en bas des marches dallées, je tournais la tête vers Amandine, à tout juste un mètre de moi. Elle tenait son manche à balai contre elle, ses jointures devenues blanches à force de le serrer. Juste derrière, Étienne hocha la tête en croisant mon regard, les lèvres pincées.

Nous avancions à une lenteur désespérante. J'avais envie de rejoindre un point de rassemblement en courant aussi vite que possible, mais je savais au fond de moi que cette allure plus que modérée était le seul moyen de nous garder tous calmes.

Nous avions tous juste passé le pont de bois que la sonnerie du lycée retentit dans toute la cour. Outre qu'elle était ridicule, elle avait la particularité d'être vraiment bruyante. De quoi rameuter une troupe de zombies un peu trop sensibles.

"Oh non, gémit Thomas d'une voix que je ne lui connaissais pas. Ils vont nous repérer, c'est fichu... !

-Silence ! ordonna le prof. On continue, il n'y a pas de raison qu'ils s'approchent."

Il se trompait. A peine quelques secondes plus tard, un premier zombie se traîna dans la rue en face, le nez en l'air.

"Oh mon Dieu, murmurai-je. Là, ça craint..."

Cette créature représentait sans litige un obstacle dans notre fuite. Néanmoins, je vis Rosley tirer son arme de sa ceinture et continuer sa route à pas mesurés. Mais il avait perdu la tête ? Ce truc n'était sans doute pas seul, autant rebrousser chemin. S'il tournait la tête, il allait sûrement appeler ses congénères et ils seraient au moins dix à vouloir nous bouffer.

"Baissez-vous, chuchota l'historien, il faut qu'on reste en mouvement."

Comment pouvait-il dire ça ? D'où savait-il se genre de chose ? Qu'est-ce qui nous prouvait qu'il ne cherchait pas à nous attirer dans un piège ?

Cependant, trop effrayés pour oser espérer rester seuls au milieu de rien, nous le suivîmes, courbés en deux, retenant encore notre souffle de peur d'être entendu.

Amandine tira ma manche et je me retournai pour voir Thomas, sur les lèvres duquel je lisais à peu près : "On va tous mourir, on va tous mourir...". Je ne pouvais pas vraiment lui donner tord, si on continuait d'avancer, le zombie allait nous repérer.

Le sol était jonché de brindilles et de feuilles ; il y avait eu beaucoup de vent, la nuit précédente. Nous surveillions aussi bien le monstre que nos pieds. Avec ma maladresse légendaire, autant dire que le stress était à son comble.

Et pourtant, le responsable ne fut pas moi. Je ne sus à vrai dire pas vraiment qui déclencha la catastrophe.

Il y eut un craquement, derrière moi. Oh non. Nous eûmes presque tous un coup d'œil affolé pour le zombie. Il avait tourné sa tête à la mâchoire pendante vers nous et nous aperçut quasiment instantanément. Trop tard. La créature claqua des dents et poussa un cri qui nous pétrifia.

Je retrouvai ma mobilité quand six autres de ses potes lui répondirent et surgirent au coin de la salle polyvalente.

Étienne se rua vers Rosley.

"Vite, s'écria-t-il, tirez leur dessus ou on est foutu !

-C'est inutile, répliqua le prof avec un calme exaspérant. Ils sont attirés par le bruit. Un son aussi fort qu'un coup de feu en ferait venir d'autres.

EPIDEMIA - IWhere stories live. Discover now