Chapitre XIII : Alice

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"Héloïse, tu viens ?

-J'arrive."

J'attrapai et endossai mon sac et ramassai mon pied-de-biche. C'était étrange d'admettre que je ne me sentais bien que lorsque que je l'avais en main. Mon pistolet glissé dans ma ceinture, je franchis à mon tour la porte d'entrée.

Nous avions décrété d'un avis commun que cette vieille maison nous avait tenu lieu de refuge pendant assez longtemps, et qu'il n'aurait plus été une question de sang de zombie pour devenir violent si nous restions encore plus entre ces misérables murs au papier défraîchi.

Alors nous allions vers la pharmacie à côté du rond point, notre stock de médicaments et de bandages ayant fortement diminué avec tout ce qui s'était passé. Nous avions appris à nos dépends qu'il était capital d'avoir au moins de quoi désinfecter une plaie et faire passer une douleur. Nous évitions de refaire stupidement les mêmes erreurs.

Nous arrivâmes pour la troisième fois au rond-point. Rien n'avait bougé, pas plus que les deux fois précédent. Cela en devenait quelque peu inquiétant.

La pharmacie se trouvait quelques pas plus loin. Étonnement, les vitres étaient encore intactes. Mais bien entendu, les portes coulissantes ne fonctionnaient plus... Étienne tenta de les ouvrir par la force, mais la surface lisse du verre n'offrait aucune prise à ses doigts.

"Bon, ben..." fis-je en m'approchant.

Je levai mon pied-de-biche avec une petite grimace, mon bras gauche n'ayant pas tout à fait cicatrisé. La tige de métal fracassa la vitre avec un grand bruit de verre cassé. J'observai quelques secondes le trou que j'avais réalisé dans la vitre et me tournais vers mes amis en souriant.

"Je ne devrais peut-être pas dire une chose pareille... Mais j'ai toujours rêvé de faire un truc comme ça !"

Axel ricana et me passa devant pour entrer dans la boutique.

Les boîtes de médicaments étaient bien alignées sur des étagères. Nous récupérâmes des rouleaux de bandages, plusieurs bouteilles de désinfectants, des antibiotiques et encore plus d'antalgiques. L'expérience nous avait enseigné que nous n'avions jamais trop de ces choses là. Après avoir récolté une dose de médicaments que nous jugions suffisantes, nous ressortîmes de la pharmacie.

"Et maintenant ? demanda Fanny. On fait quoi ?

-On a besoin de bouffe, rappela Ludovic. On ira pas loin avec nos trois ou quatre conserves.

-C'est vrai."

Notre méthode n'était pas des plus efficaces, mais c'était la seule qu'on avait pour le moment : forcer des portes, fouiller des maisons et piller des placards. Encore et encore.

Et c'est ce que nous fîmes. La première maison ne nous offrit qu'une boîte de raviolis et un paquet de biscottes presque périmées. Nous trouvâmes des bouteilles d'alcool dans la troisième maison. Axel fut tenté de les prendre mais notre précédent et seul essai avec des cocktails Molotov nous dissuada de réitérer cette expérience. A vrai dire, à la simple vision des bouteilles, je sentis mon bras me picoter. Nous ressortîmes de cette maison les mains vides.

Nous en étions à la huitième demeure. Nous avions trois conserves en plus, un peu de Doliprane et du désinfectant.

Il régnait dans cette maison une atmosphère différente de celle des autres maisons. Plus... chaleureuse, tout du moins, que la précédente. Lorsque la porte d'entrée pivota sur ses gonds, nous avançâmes jusqu'au salon, très propre, peint dans des tons taupes et décorés de dizaines de photos.

J'entendis soudain un tout petit bruit. Des pas rapides frappèrent le bois de l'escalier qui donnait sur la cuisine.

"Maman ? Papa ?" appela une voix juvénile.

EPIDEMIA - IWhere stories live. Discover now