CHAPITRE XIV : Retour au Pays des Merveilles

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"Vous êtes conscients des risques que vous faites courir à cette petite fille."

Le ton glacial de notre prof d'Histoire nous fit comprendre que ce n'était pas une question. Mais il avait raison. C'était plus que dangereux, surtout pour une enfant. Alors, quand Alice redescendit avec sur son dos un petit sac à dos vert pomme, Amandine se pencha vers elle et plaça ses deux mains sur ses épaules, en signe d'insistance.

"T'as rien oublié ?" s'enquit-elle d'un air amical.

Alice lui fit signe que non.

"Bon, maintenant écoute-moi, continua-t-elle d'une voix soudain très sérieuse. Tu sais que dehors, il y a plein de monstres, pas vrai ?"

La fillette hocha la tête.

"Tu comprends que c'est dangereux, alors ?"

Elle acquiesça encore. Amandine sortit de sa poche le petit couteau à lame repliable qu'elle avait trouvé chez Debran. Elle le glissa dans la main de la petite blonde.

"Je veux que tu gardes ceci. Mais c'est uniquement en cas d'urgence, compris ? Ne cherche pas le danger, sers-t-en seulement quand tu ne peux pas faire autrement. Tu restes avec nous. Mais si jamais on te dit de courir et de te cacher, te le fais sans protester. D'accord ?"

Je vis Alice se mordre la lèvre et secouer la tête pour exprimer son accord. Amandine lui adressa un mince sourire et se releva.

Rosley ouvrit la porte et sortit le premier, nous tous sur ses talons. Je vérifiai brièvement le chargeur de mon pistolet et le remis dans ma ceinture. Je n'avais plus que huit balles, à utiliser avec modération.

Nous ne parvînmes même pas à la rue suivante. Un bruit que j'identifiai comme un roulement de bouteille sur le béton mit tous nos sens en alerte. Nous tenions absolument à éviter un combat, surtout avec Alice à nos côtés.

Je me ruai vers un muret de briques et m'accroupis derrière. Ludovic et Fanny m'avaient rejoint. De ce que je pouvais en juger, les autres s'étaient réfugié ailleurs, à peine plus loin.

"Non mais on est mal, marmonna le plus grand.

-J'espère que personne n'est repéré...

-Qu'est-ce qu'on peut faire ?

Je risquai un coup d'œil par dessus le mur. Je plaquai soudain ma main devant ma bouche pour étouffer un cri. Toute la rue s'était retrouvée, en un instant, infestée de monstres. Mais le pire c'était qu'à tout juste deux pas de nous, un zombie était immobile sur la route. Il esquissa un mouvement pour se tourner vers nous. Mon sang ne fit qu'un tour et je me recroquevillai derrière le mur.

"Alors ?" demanda Fanny.

Je lui fis signe de se taire en plaçant un doigt contre mes lèvres. Elle s'exécuta aussitôt. Dos contre le mur, je ramenai mon pied-de-biche contre moi et tendis l'oreille. Je n'entendais plus un bruit, je supposai que le rôdeur ne nous avait simplement pas vu. Je passai une main sur ma figure et me penchai pour regarder sur le côté du mur. Le zombie n'était effectivement à quelques mètres du mur. Ses compères continuaient d'envahir cependant la rue.

Je remarquai brusquement une paire de baskets Nike à la propreté douteuse, juste devant notre refuge. Et, d'après mes souvenirs, il n'y avait jamais eu de baskets Nike au pied de ce mur.

L'instant d'après, Fanny poussa un cri étranglé. C'était bien ce que je craignais. Je me redressai prestement et évaluai aussi rapidement que possible la situation. Je ne savais pas si le zombie m'avait réellement repéré avant que je me cache à nouveau, mais le fait qu'il tenait actuellement mon amie par le poignet et la tirait vers lui me semblait être un raison suffisante pour réagir, et vite.

EPIDEMIA - IWhere stories live. Discover now