❁𝟕𝟕

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Et au cours de ces cinq mois, la roue de la chance avait bel et bien tournée pour certaine personne. Tel fut le cas de Maître Chapelin. Il travaillait à présent parmi les avocats du Palais en tant qu'Avocat délégué des affaires internationales du Palais. Alex et Nick avaient créé ce poste rien que pour lui et ses yeux d'erostrate avait brillé de mille couleurs. Il avait savouré ce titre. Il arrivait tout les matins de fort bonne heure, en levant la tête et aspirant fort par les narines, il en aimait la puissance et les traitements. Un officiel, il était un officiel, nom d'un chien, et il travaillait dans un palais, un palais immense, tout neuf, archimoderne mon cher, tout le confort ! Et pas d'impôts à payer, murmurait-il en se dirigeant vers les degrés d'entrée. Ennobli de sociale importance, il répondait au salut des gardes, des liftiers et de ses subordonnés par un hochement protecteur et s'engageait dans le long couloir, humant la chère odeur d'encaustique et saluant avec féminité tous supérieurs rencontrés. Entré dans l'ascenseur, il se contemplait dans la glace. Eugène Chaplin, fonctionnaire international, confiait-il à son image, et il souriait. Oui, géniale, cette sérendipité qui lui est tombé à la bouche comme le fromage qu'avait voulu dérobé le renard au corbeau....

Quant à Monsieur Alex Fabre, il tournait tel un vautour autour de la jolie Elizabeth. Grâce à lui, Elena  Gonzales eut droit à d'auguste funéraille. Et lors de ses obsèques, il avait été bien plus qu'une épaule amicale pour le cœur labile et esseulé de la jeune fille. Polis, courtois, aimable, sans jamais aucun geste déplacé, il respectait la distance de leur "amitié " et suivait les règles d'un jeune homme olympien. Il prenait de ses nouvelles journellement, l'écoutait, la réconfortait et se permettait de la rendre visite le plus souvent que possible. Aussi atteinte qu'était Élisabeth, elle se laissait emporter par son chagrin sans retenu et les épaules d'Alex répondaient toujours présent. Il lui avait écrit son numéro privé et l'avait dit affectionnément :

- Si vous ressentez encore le besoin de  vous vider l'esprit, je suis là, n'hésitez pas à m'appeler.

Elle l'avait pris sans penser le faire, mais un jour, le silence était trop pesant et l'abscence de sa sœur trop présente ! Elle avait craqué et avait appelé sur sa ligne privée, il avait répondu. Elle se présentait à son bureau et il la recevait. Il l'invitait parfois à déjeuner et avait même mit ses nervis à la pousuite des meurtriers de sa sœur. L'entourage d'Elizabeth n'était pas un obstacle. Son père était parti depuis qu'Elena et elle étaient petites et avec une mère qui essayait de joindre les deux bouts en travaillant aux États-Unis, du point de vue économique, c'était souvent le chaos. Elle passait d'une ville à une autre, à la recherche d'un boulot stable. Lorsqu'elle était tombée enceinte d'Elizabeth, leur père l'avait convaincu de laisser tomber les études, qu'il s'occuperait de tout. Ce qu'elle avait fait. Petit bout d'histoire, aux environs de 1952, la place de la femme dans la société avait toujours été minimisé, ce n'est que maintenant en 1978 qu'elles essaient tant bien que mal de se forger une importance majeur au sein de la hiérarchie. Les femmes comme Yole et Yolande Fabre, Paulette Oriol Poujole ou Yvonne Hakim Rimpel luttent avec bravoure contre la liberticide. Leur père s'étant vulgairement barré, ce n'était donc pas tâche facile pour les Gonzales. D'ailleurs pour l'enterrement d'Éléna, elle avait dû faire des emprunts à la banque et en dépit de la perte de sa fille qui rongeait chaque recoin de son âme, elle avait dû laisser Elizabeth et repartir pour Miami, plus précisément à Orlando, où elle travaillait comme maquilleuse de festivité pour enfant à Disney World afin de subvenir à leur besoin à toutes les deux et pouvoir payer les études de médecine que voulait entreprendre Elizabeth. Elle était fière que sa fille avait su se débrouiller sans son aide pour retrouver le corps d'Éléna et heureuse qu'elle ait pu lier contact avec un si grand homme tel qu'Alex Fabre. Elle devait remerciement à Dieu et à maître Eugène Chaplin; sinon, sa pauvre Éléna serait encore à la morgue incapable d'obtenir des obsèques digne d'elle. Quant au petit ami de sa sœur, Florient, il était devenu méfiant et trouvait étrange qu'un homme si inaccessible tel qu'Alex Fabre puisse avoir un cœur si altruiste à son égard.

.𝐎𝐮𝐭𝐬𝐢𝐝𝐞𝐫.Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz