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Christopher était au bord de l'extase. Il avait intégré un groupe band de musique mettant en valeurs le reggae, le disco, le soul, le jazz, et l'élégant funk. Un groupe recrutant que des musiciens et des fanatiques d'une classe précise de la jeunesse urbaine, c'est à dire fils de bourgeois, petits bourgeois de par leurs couleurs de peau les mulâtres, petit-fils et arrière-petit-fils de bourgeois, jeunes venant de Pétion-ville, Turgeau, Pacot, disons les grands quartiers de Port-au-Prince et ceux de par leur mode de paraître disons leur fréquentation, école, langage d'ou le français et leur tenue vestimentaire. Elle était forgée de quelques griffes, mulâtres, et les petits beaux noirs fidèles disciples de la musique haïtienne, Fharid Morse, Fabien Bozak, Calixte Widmaer et Coralie Rouzier. Le mois de mai était chargé d'une programmation de folie; Car en plus des monstrueuses foires gastronomiques et culturelles mettant en valeur les mets les plus savoureux et délectables de l'île, les produits artisanaux, les tableaux, les peintures et sculptures de nos meilleurs artistes, il y avait également les kermesses littéraires tels que le salon des auteurs, initiative de Guillaume chéraquit où était invité cette année les grandes plumes haïtiennes tels que Georges Castera avec son œuvre Biswit Leta, Raymond Chassagne avec Mots de passe, René Depestre avec Alleluia pour une femme-jardin, Antony Phelps avec Moins l'infini, Paul Larraque avec Soldat Mawon ; malheureusement notre grand ami et écrivain français André Breton ne sera pas des notre, son amitié avec Ruben à malheureusement connu quelques ruptures et a dû quitter le pays sur le champs en  compagnie de Pierre Mabille conseiller culturel de l'ambassade de France en Haïti, sous ordre du président les accusant de prôner un appel pur et simple à l'insurrection nationale. Ruben prétend que les discours de Breton conduisait le peuple haïtien à la destruction de ses structures que la jeunesse voyait à présent à cause de lui une dictature, en gros, cela l'arrangeait bien que 80% du peuple haïtien issue de la masse paysanne soit analphabète. Quant au Sieur Hamilton Garoute ex-officier de l'armée d'Haïti tragiquement disparu lors d'une fusillade par les hommes de Ruben, pour haute trahison, ce sera sa mémoire qui sera saluée en ce jour de ducasse...

Sinon, c'était la fête. Les jeunes gens du secteurs aisés étaient liesses et le sourire était sur tous les visages. La musique des différents orchestres était entraînante, difficile à dire lequel des groupes musicaux sera le meilleur. Entre les Frères Dejean de PetionVille, le "Toro" de Coupé Cloué, "volé courant" de PP Express, "kasket sou tète" de Scorpio, "respecter Toto Demosthenes" de Bossa Combo, Shoogar Combo, Tropicana et Tabou Combo, d'ailleurs ces derniers auront à parcourir les kiosques de Port-au-Prince depuis le stage sponsorisé par les frères Acra et Berman pour mettre l'ambiance. Bien évidemment, Les difficiles Robert Martino, Henri Celestin, et les Gypsy  seront au rendez-vous. Le mois de mai sera également pour les adeptes du vaudou, le mois des esprits associés à la terre, aux plantes et à la nature en général. Des cultes seront dédiés à diverses divinités et loa du panthéon vaudou et en province, là ou sifflent les arbres et coulent abondamment les rivières, sous l'abat-jour des tonnelles ou les flammes ulcéreuses des lampes de gaz crèvent l'épaisseur de la nuit, l'écho des chants et danses sauvages des femmes en délire se mêlera aux hurlements macabres des chiens errants ou des lakou avoisinants et aux rugissements des voix d'hommes qui seront enivrés par les malices de leur tafia, de leur Kleren et tabac ainsi que par la furie hystérique de la danse. Les tambours en crises, les vaksin sensuelles feront virevolter les jupes et robes karabela  des plus belles sous des cascades de rythmes violents qui bouleverseront les profondeurs de la nuit..

Toute cette chaleur, cette ambiance locale riche en culture rendait Christopher fou. L'état de sa chambre ne fut pas épargné. Partitions, guitares, keyboard, magnétophone, saxophone, accordéon, composition inachevé, bracelets, verres fumés, disques de 45 et 33 tours, attirail vestimentaire, colliers, traînaient de partout. Ce matin, assis derrière son extravagant pupitre, il travaillait à fond sur un texte du grand poète haïtien Massillon Coicou, car avec son groupe nommé Les bo neg, ils comptaient transformer son poème datant de 1903 au style Yéyé d'aujourd'hui. Il appela Anaïa depuis le téléphone appartenant à la compagnie TELECO qui se trouvait sur sa table de nuit. Celle-ci au lieu de répondre, se rendit aussitôt dans la chambre de son frère et y pénétra les iris grandes ouvertes du désordre qui y régnait...

.𝐎𝐮𝐭𝐬𝐢𝐝𝐞𝐫.Место, где живут истории. Откройте их для себя